TADDEI François

Par A. Olivesi

Né le 30 janvier 1859 à Rogliano (Corse) ; mort le 14 avril 1939 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Tapissier en meubles ; conseiller socialiste d’arrondissement, puis conseiller général du 11e canton de Marseille de 1901 à 1937.

François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu
François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu

Fils d’un préposé des douanes du Cap Corse muté à Marseille en 1863, François Taddei fit ses études primaires jusqu’au brevet supérieur puis s’engagea pour devenir militaire de carrière et passa sept ans sous les drapeaux. Il fut sous-officier au 40e régiment d’infanterie puis moniteur général breveté à l’école de gymnastique de Joinville. Il suivit les cours préparatoires pour entrer à l’école de Saint-Maixent et fut classé parmi les premiers à Joinville. Mais devenu hostile à l’armée permanente et au métier militaire, il préféra quitter l’armée. Après avoir été quelque temps représentant de commerce, il devint tapissier en meubles, métier qu’il exerça jusqu’à son élection au conseil général.

Il milita très jeune au sein des cercles socialistes marseillais dans le quartier populaire d’Endoume, et soutint Félix Pyat et Antide Boyer dans leurs campagnes électorales, notamment en 1885, 1893 et 1898. Il s’attacha ensuite à Siméon Flaissières* qu’il admirait particulièrement. En 1900, lors des élections municipales, Taddei fut le secrétaire général du comité sectionnaire. À partir de 1895, il fut administrateur de la Caisse des écoles et, par ailleurs, président du syndicat des tapissiers en meubles, membre de l’Union phocéenne et de l’Union philanthropique.

Le 28 juillet 1901, avec l’appui de Flaissières, il fut élu, après la réforme cantonale, conseiller d’arrondissement du 11e canton, Flaissières étant réélu, en même temps que lui, conseiller général. Tout de suite, il reçut l’appui des pêcheurs, marins, ouvriers et artisans des Catalans, d’Endoume et de Vauban qui lui renouvelèrent leur confiance en 1904, année où il fut réélu sans concurrent avec 2 824 suffrages. Orateur « un peu froid, mais sympathique » selon d’Oussouville, rendant beaucoup de services, actif et préoccupé de réalisations concrètes, Taddei ne cessa plus désormais, pendant plus de trente-cinq ans, d’être le représentant de son canton. Il gravit un échelon lorsque Flaissières fut élu sénateur et lui laissa son siège de conseiller général en juillet 1907. Il fut désormais réélu sans cesse au premier tour de scrutin en 1907, en 1913, en 1919 (3 524 voix), sans concurrent, en 1925 (3 698 voix), en 1931 (4 512 voix, pour 11 595 inscrits à cette date). Devenu « papa Taddei » par son activité, sa bonhomie souriante, il s’attacha surtout aux œuvres scolaires et post-scolaires. Déjà, avant 1914, il était président de la société des amis de l’instruction publique et de la jeunesse scolaire. Il avait présidé par ailleurs le conseil d’arrondissement et la commission départementale en 1911-1912, avait été rapporteur général du budget, puis vice-président du conseil général, en 1911-1912.

Sur le plan législatif, François Taddei resta fidèle à Boyer en 1902 et, en 1909, il soutint le syndicaliste révolutionnaire Agostini, son compatriote, lors de l’élection partielle consécutive à l’élection de Boyer au Sénat, dans la 6e circonscription qui englobait son canton, contre Fernand Bouisson, pas encore S.F.I.O. Lui même hésita un temps entre le Parti socialiste SFIO et le socialisme indépendant de Flaissières, ce qui posa quelques problèmes pour les candidatures dans la 6e circonscription. Le parisien Vincent Carlier* avait été élu en 1906 mais contesté au renouvellement de 1910. Deux ans auparavant, Taddei, devenu socialiste SFIO, avait accusé Carlier de « calomnies » mais finalement celui-ci put se représenter et fut battu par le candidat nationaliste, Bouge.

En 1914, Taddei fut choisi, à l’unanimité, pour défendre la cause du Parti socialiste contre ce dernier. Il défendit le programme socialiste général et les intérêts locaux, mais fut battu au premier tour n’obtenant que 5 889 voix contre 7 550 à son adversaire sur 19 670 électeurs inscrits. Les 1 213 électeurs d’origine corse de la circonscription ne furent pas assez nombreux pour lui permettre d’inquiéter son concurrent.

Après la guerre, Taddei adhéra un moment au Parti communiste. Il en démissionna le 21 juillet 1921 par une lettre publique déclarant ne pouvoir accepter le maintien du communiste Tarnat* contre le socialiste Imbert, dans une cantonale partielle. Il réintégra la SFIO le 16 octobre suivant lors du congrès fédéral. Il fut également candidat en 1929 au Sénat, sur la liste socialiste, donc contre Flaissières, que la SFIO fit battre lors de ce scrutin. Taddei avait obtenu 108 voix au premier tour.

En octobre 1937, âgé et malade, François Taddei ne se représenta pas au conseil général et ce fut Henri Tasso qui le remplaça dans le 11e canton. À sa mort, Taddei était chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie et officier du Mérite maritime.

Une rue de Marseille porte aujourd’hui son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131876, notice TADDEI François par A. Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 décembre 2014.

Par A. Olivesi

François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu
François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu
François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu
François Taddeï, photographie fournie par Jean-Claude Baudouin, son neveu

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/40, 50, 52 et 53 ; III M 49, IV M 12, V M 2/282. — Le Petit Provençal, 29 juillet 1907, 18 et 22 avril 1914, 9 et 15 décembre 1919, 20 juillet 1925, 19 octobre 1931 (photo), 16 avril 1939 (nécrologie et photo). — Le Sémaphore, 17 avril 1914. — Le Radical, 20 avril 1914, etc. — Castre, Historique du conseil général, op. cit. — G. d’Oussouville, Le Conseil général des Bouches-du-Rhône, op. cit. — J. Vaucoret, Les Corses et les élections législatives à Marseille, op. cit. — D’Oussouville, Histoire du conseil général et des conseils d’arr. des Bouches-du-Rhône, 1902.

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