TALMOUDI Mohamed Seghir

Par Jean-Marie Guillon

Né le 2 juillet 1894 à Guelma (Algérie) ; cafetier-restaurateur ; secrétaire de la section des Bouches-du-Rhône du Congrès musulman.

Fils d’Aïssaoui ben Adje (ben Hadj ?) et d’Ourreida ben Fusachi (ou Derchichi ?), marié, Mohamed Seghir Talmoudi était arrivé Marseille en 1930. Cordonnier à Bône (Algérie), il s’était engagé à Sousse (Tunisie) en 1916 et avait intégré le 4e régiment de tirailleurs qui resta d’abord en Tunisie, puis fut envoyé au Maroc, avant de rejoindre le front français. Il fut blessé le 6 juin 1918 dans l’Oise et fut cité à l’ordre de la division. Démobilisé le 12 septembre 1919, il s’installa à Toulouse (Haute-Garonne) avant de venir à Marseille (Bouches-du-Rhône) ouvrir un café-restaurant fréquenté par une clientèle nord-africaine, rue Bernard du Bois, quartier Belzunce. En 1941, il tenait le Bar des Glaces et un hôtel meublé rue Longue des Capucins. Militant communiste « notoire », réputé très influent dans les milieux « indigènes », il fut l’artisan de la création de la section de Marseille du Congrès musulman. Cette section revendiquait 5 000 adhérents en 1937. Il la présida de 1936 à juin 1939. En octobre 1939, Mohamed Talmoudi était fiché parmi les militants communistes des Bouches-du-Rhône dont la correspondance fut saisie par ordre préfectoral. Considérant qu’il n’avait pas répudié ses idées, le préfet régional prit un arrêté d’internement administratif à son encontre le 11 janvier 1941. La notice de renseignements précisait cependant qu’il disait avoir à sa charge les six enfants de son frère. Celui-ci, ancien lieutenant du 3e régiment de tirailleurs, était un mutilé, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Mohamed Talmoudi fut envoyé au camp de Saint-Paul-d’Eyjaux (Haute-Vienne). La police spéciale donna un avis défavorable à sa libération le 7 mai 1941, mais le responsable du service des Affaires indigènes de la préfecture intervint en sa faveur le 20 septembre 1941 : il lui avait été signalé à son arrivée à Marseille en mars 1941 par un ancien militant du Congrès, présenté comme communiste mais devenu « un collaborateur apprécié de l’Administration », comme partageant le même état d’esprit. Il estimait que Talmoudi était « un homme épris de revendications et désireux de les faire aboutir en s’appuyant sur les groupes français qui s’offraient à le faire », d’où sa proximité avec les communistes. Il était persuadé de pouvoir le retourner et en faire « un protagoniste de l’idée française parmi ses coreligionnaires de Marseille » ; il demandait sa libération conditionnelle pour trois ou six mois et son retour à Marseille. Mohamed Talmoudi signa l’engagement de loyalisme requis le 7 novembre 1941 et son internement fut rapporté le lendemain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131940, notice TALMOUDI Mohamed Seghir par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 février 2021.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCE : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/10933 (ancienne cote, 5 W 216 (dossier d’internement). — Rouge Midi, organe régional du Parti communiste, 25 mai, 30 juillet 1937 (BNF Gallica). — Notes de Louis Botella.

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