TALTAUD Ernest

Par Daniel Grason

Né le 15 juin 1902 à Paris (Ve arr.), mort le 23 décembre 1995 à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; régleur sur machines ; conseiller municipal communiste de Gennevilliers ; interné.

Fils d’Henri, maçon et de Marie, née Réveil, ménagère, Ernest Taltaud, naquit au 66 rue Mouffetard, une rue populaire du Ve arrondissement. Il épousa le 19 décembre 1925 Marie Boudier en mairie de Gennevilliers. Le couple habita dans la ville au 26 rue Alexandre dans le quartier du Pont de Saint-Ouen. En 1931 il adhéra au rayon du Parti communiste de Gennevilliers, travaillait comme régleur sur machines chez Timken, fabricant de roulements à billes au 5 quai Aulagnier à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).
Il fut élu conseiller municipal communiste de Gennevilliers lors des élections partielles du 14 octobre 1934. Il conserva son siège à l’issue du scrutin du 5 mai 1935 dans la municipalité dirigée par Jean Grandel. Ernest Taltaud fut déchu de son mandat le 9 février 1940 par arrêté du conseil de la Préfecture de la Seine. Il était affecté spécial dans l’entreprise où il travaillait, à la suite de l’Occupation allemande de juin 1940 il se retrouva au chômage.
Des femmes de Gennevilliers se rendaient en mairie le 20 octobre 1940, au nom d’un « Comité populaire féminin d’entraide aux prisonniers de guerre et à leurs familles », elles demandaient à être reçues par le Président de la délégation spéciale. Celui-ci refusait, les femmes ne voulant pas décliner leur identité.
Le 12 novembre, une nouvelle délégation d’une trentaine de femmes réitérait leur démarche. Deux d’entre elles étaient reçues par le Président de la délégation spéciale. À la suite de cette entrevue, la cantine scolaire et l’assistance médicale gratuite étaient accordées aux familles des prisonniers de guerre. Deux jours plus tard, les domiciles des deux déléguées reçues à la mairie de Gennevilliers étaient perquisitionnés, mais ne donnaient aucun résultat. Les deux femmes étaient laissées en liberté.
Dans un tract distribué à Gennevilliers, ce comité demandait sa reconnaissance, repoussant la proposition de règlement individuel de chaque situation, le comité protestait sur le fait que les femmes avaient été considérées comme des suspectes. Le 29 novembre, les deux inspecteurs de la Brigade politique du commissariat d’Asnières perquisitionnaient au domicile de Bernard Jugault. Ils saisissaient deux textes dans lesquels il relatait son activité et plus particulièrement dans l’organisation d’un Comité de chômeurs à Asnières. Il était soupçonné d’être l’instigateur avec Ernest Taltaud de l’organisation du « Comité populaire féminin d’entraide aux prisonniers de guerre et à leurs familles ».
Le 3 décembre 1940, le commissaire d’Asnières et trois inspecteurs se présentèrent à son domicile au 4 rue Pasteur à Gennevilliers. Les policiers saisissaient une douzaine de tracts signés du « Comité Populaire d’entraide aux insoumis de guerre », il était porteur d’une liste de souscription du part communiste. Ernest Taltaud fut inculpé de « détention de tracts et reconstitution de groupement dissous ». Il comparut devant le tribunal correctionnel de la Seine, fut condamné à six mois de prison. Emprisonné à la Santé, puis à Fresnes, libérable le 28 mai 1941 il était interné administratif jusqu’en mai 1944.
Après la Libération il témoigna devant la commission d’épuration de la police, il ne formula aucun grief contre les inspecteurs qui l’arrêtèrent.
En 1957 et 1958, il demanda au ministère des anciens combattants sa reconnaissance d’interné politique. Ernest Taltaud a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Il mourut le 23 décembre 1995 à Gennevilliers.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131950, notice TALTAUD Ernest par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 février 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; vers. 10451/76/1. — Arch. PPo. 101, BA 1996, CB 81.24, KB 100, 1W 0171. – Bureau Résistance GR 16 P 561461. – Arch. Mun. Gennevilliers. – État civil numérisé V4E 8462.

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