TANESSE Georges [TANESSE André, Georges, Paul]. Pseudonyme : DAUVERGNE Georges

Par Jean Maitron

Né le 17 juillet 1882 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort le 28 août 1973 à Tarbes (Hautes-Pyrénées) ; professeur de philosophie ; militant socialiste, syndicaliste, coopérateur.

fils de Camille Tanesse, économe au lycée de Clermont-Ferrand, et de Marie Rigaud, Georges Tanesse fit de brillantes études secondaires au lycée Louis-le-Grand à Paris et fut deux fois lauréat du concours général : premier prix de version grecque et deuxième prix de version latine. Après des études supérieures de philosophie à la Sorbonne, il fut nommé professeur au collège d’Ajaccio puis au lycée de Bastia. Mobilisé de 1914 à 1918, il fut nommé, après l’armistice, au lycée de Tarbes où il enseigna la philosophie de 1918 à 1942, date de sa mise à la retraite. Marié le 29 octobre 1907 à Cardaillac avec Mathilde Jacrées, Georges Tanesse eut deux filles, dont l’aînée mourut en 1925.

C’est en 1913 que Georges Tanesse adhéra au Parti socialiste SFIO, section de Bastia. A partir de 1918, il appartint à la section de Tarbes et c’est dans cette ville que se déroula sa carrière politique. Il se rattachait alors à la tendance Longuet dite des « reconstructeurs ». En 1918, la section de Tarbes comptait une vingtaine de membres dont la plupart, étrangers au département, étaient mobilisés à l’Arsenal comme affectés spéciaux ; elle publiait Le Travailleur socialiste, hebdomadaire que dirigeaient deux de ses membres, Georges Tanesse (qui signait Georges Dauvergne) et Bernard Cazaubon*. Aux élections municipales de Tarbes qui suivirent l’armistice, elle présenta une liste incomplète de dix candidats conduite par Georges Tanesse qui obtint un modeste succès d’estime.

Après le congrès de Tours de décembre 1920, tous les membres de la section, sauf trois, dont Georges Tanesse, demeurés fidèles à la « vieille maison », adhérèrent au Parti communiste. Sur trois autres sections socialistes des Hautes-Pyrénées, celles de Vic-Bigorre et de Bagnères-de-Bigorre (à l’exception d’un seul membre pour cette dernière) rallièrent le Parti communiste, celle d’Arreau, à l’unanimité, demeura au Parti socialiste.

Georges Tanesse s’attela alors à la reconstitution de la Fédération SFIO. Il y parvint assez rapidement et, aux élections législatives qui suivirent, la jeune fédération apporta son appui à la liste radicale-socialiste conduite par Boué, maire de Tarbes, qui triompha. Le Parti socialiste se trouvait dès lors en bonne situation pour entrer au conseil municipal : trois sièges lui revinrent dont un occupé par Georges Tanesse, puis huit en 1929 sur trente-trois, les autres étant occupés par des radicaux-socialistes et indépendants de gauche. La section socialiste de Tarbes était alors en majorité composée d’instituteurs, de petits fonctionnaires et d’artisans.

Dès 1925, les élus municipaux socialistes jouèrent un rôle non négligeable dans l’administration de la commune. Georges Tanesse, délégué à l’instruction publique, redonna vie à la caisse des écoles, fonda, avec le concours du personnel enseignant et de l’École normale d’instituteurs, des patronages laïques qui accueillaient les dimanches et jours fériés et durant les vacances les écoliers dans le « Parc des Pyrénées » acheté récemment par la ville. Une colonie de vacances fut fondée à Cadéac dans la vallée d’Aure ; ceux des écoliers tarbais, dont le médecin des écoles estimait qu’ils devaient bénéficier d’un séjour à la mer, furent accueillis à Vieux-Boucau par la colonie de vacances de la Gironde.

Devenu secrétaire fédéral, Georges Tanesse fut délégué au congrès national du parti qui se tint à Toulouse en 1936. Cette même année, il fut désigné comme candidat aux élections législatives dans la circonscription de Tarbes-ville et ouest du département. Il obtint la majorité à Tarbes-ville mais Mailhe, radical, le distança dans l’ensemble de la circonscription. Georges Tanesse recueillit 14,15 % des voix des électeurs inscrits. Toutefois ce fut le député sortant modéré, Desbons, qui l’emporta mais de justesse, au premier tour. Cette campagne « Front populaire » avait été particulièrement fructueuse : les voix socialistes avaient crû dans de grandes proportions, de nombreuses sections avaient été fondées. Mais, au cours des années qui suivirent, un conflit résultant d’animosités personnelles, se produisit dans la section de Tarbes et s’étendit à la fédération, compromettant gravement les résultats obtenus. Le différend fut porté devant la commission nationale des conflits qui prononça la dissolution des sections dissidentes qui s’étaient constituées. Georges Tanesse, candidat en 1937 au conseil général de Tarbes-Nord, eut pour concurrent un membre de la section dissidente dissoute. Ils obtinrent à eux deux la majorité mais leur désunion favorisa l’élection du radical Mailhe. Le congrès fédéral du 31 janvier 1938 confia le secrétariat fédéral à Bernard Cazaubon, militant de la Gauche révolutionnaire que Georges Tanesse désapprouvait.

Professeur de lycée, Georges Tanesse appartint au premier syndicat constitué dans l’enseignement secondaire, affilié à la CGT, le syndicat dit « Zoretti » du nom de son fondateur (voir Ludovic Zoretti*) puis au SNES dont il demeura membre jusqu’à sa mort. Gréviste en février 1934 et en novembre 1938, il fut alors sanctionné.

Georges Tanesse consacra enfin une grande part de son activité au mouvement coopératif. Il regroupa les sociétés existantes à Tarbes qui, jusqu’alors, végétaient, provoqua leur fusion avec l’Union coopérative du Sud-Ouest sise à Bordeaux, dont il devint un des administrateurs et fut chargé de la dizaine de succursales des Hautes-Pyrénées. Il fonda enfin, avec le concours de l’Office de la coopération à l’école et de la ville de Tarbes, des bourses de voyages d’études coopératives. En 1930, il fit partie de la délégation de la FNCC qui participa au congrès de l’Alliance coopérative internationale qui se tint à Vienne (Autriche).

Georges Tanesse se montra également très attaché aux organisations pacifistes et spécialement à la SDN. Vice-président du groupement universitaire pour la SDN (GUSDN) il en fut, en 1936, le délégué au congrès de fondation du Rassemblement universel pour la paix à Bruxelles. Il fonda à Tarbes pour les élèves des classes terminales du second degré et pour celles de l’École normale d’institutrices, des bourses de séjour à l’école d’été de la SDN sise à Genève.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article131961, notice TANESSE Georges [TANESSE André, Georges, Paul]. Pseudonyme : DAUVERGNE Georges par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 août 2022.

Par Jean Maitron

ŒUVRE : Traduction de John Stuart Mill, L’Utilitarisme, [introduction sur la vie et l’œuvre du philosophe], Toulouse, CNRS, 1964 (réédition, Garnier-Flammarion, 1966).

SOURCES : Arch. Nat. F7/13084. — Rens. transmis par G. Tanesse. — Le Travailleur socialiste. — La Bigorre socialiste. — État civil.

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