TEISSONNIÈRE Pierre, Lucien

Par Antoine Olivesi

Né le 13 novembre 1880 à Montpellier (Hérault), fils d’un commis négociant et d’une modiste, Pierre Teissonnière était issu d’une famille aux opinions avancées puisque l’un de ses arrière-grands-pères fut déporté en Nouvelle-Calédonie après le coup d’État de 1851 et que son père le fut en Algérie après la Commune. Son grand-oncle maternel, Jacques Brives*, avait été représentant du peuple en 1848.

Pierre Teissonnière fit ses études de médecine à l’université de Montpellier. De 1905 à 1921, il fut tour à tour médecin auxiliaire de réserve, puis médecin aide-major en 1914 à Oran (Algérie). Il participa à la lutte prophylactique contre la peste bubonique dans la casbah de Fedalha, au Maroc.

La tradition révolutionnaire familiale, l’écœurement éprouvé à l’issue de la Première Guerre mondiale, son expérience de médecin quant aux problèmes du racisme et de la misère indigène et sa grande connaissance de la population et de la civilisation arabes le conduisirent à lire des ouvrages relatifs au colonialisme et à s’intéresser aux événements politiques. Il étudia, en particulier, le marxisme-léninisme, fut marqué par le Manifeste du Parti communiste. Il adhéra au PC en 1922 ou 1923.

Pierre Teissonnière n’exerça jamais des fonctions dirigeantes mais eut pour mission de vulgariser les théories marxistes-léninistes dans les milieux ouvriers soit par des causeries et des conférences, soit par des cours dans les écoles du parti, cours destinés aux étudiants et aux intellectuels.

Après 1919, il fut médecin à Brest puis à Cannes et enfin à Marseille où il installa son cabinet dans des quartiers populaires. Outre la pratique de la médecine générale et de la gynécologie, il était spécialiste des voies urinaires, des rayons ultra-violets, et s’occupait aussi des accidents du travail et des Assurances sociales. En tant que militant communiste, il prodigua ses soins à la clinique des marins et au dispensaire mutualiste des transports ; il lutta également contre les taudis. Ses opinions lui valurent d’être mis à l’index par la quasi-totalité du milieu médical marseillais de l’époque.

Pierre Teissonnière participa aux manifestations de février 1934 et soigna gratuitement les dockers en grève. Aux élections législatives de 1936, il fut candidat du PC dans la 4e circonscription, la plus bourgeoise de Marseille. Il obtint 2 513 voix sur 21 569 inscrits et se désista en faveur du socialiste Raymond Delmas*, mais ce fut un député de droite, Ponsard, qui fut élu. Pendant la guerre d’Espagne, Teissonnière participa aux voyages dans la péninsule ibérique afin de venir en aide aux républicains et de leur fournir des médicaments, des vivres et du lait collectés à Marseille et dans sa région.

Malade depuis plusieurs années déjà, Pierre Teissonnière dut s’aliter pendant trois mois et mourut le 24 décembre 1938. Le lendemain, le jour de Noël, une foule d’amis et de camarades assistèrent à ses obsèques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132128, notice TEISSONNIÈRE Pierre, Lucien par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, II M 3/60, 61 et 62. — Le Petit Provençal, 21 avril 1936 (photo). — Rouge-Midi, 1933-1938 (photo, le 10 avril). — Rens. de la Fédération communiste des Bouches-du-Rhône.

ICONOGRAPHIE : Le Petit Provençal, 21 avril 1936 (photo).

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