TELLIER Léon, Aristide, Zéphyre. Pseudonymes dans la Résistance : MÉCRANT, LOUVET Paul

Par Yves Le Maner

Né le 3 avril 1903 à Amiens (Somme) ; employé ; trésorier (1929-1939) puis secrétaire (1944-1948) de la Fédération socialiste de la Somme ; résistant, responsable de Libération-Nord ; adjoint au maire d’Amiens (1950-1965) ; franc-maçon.

.Fils de Lucie Berthe Boucher, blanchisseuse et de Joseph Tellier, employé d’usine à gaz qui avait gravi tous les échelons au sein de son entreprise, Léon Tellier était le petit-neveu d’Alphonse Tellier*, l’un des fondateurs du POF dans la Somme. Au cours de la Première Guerre mondiale, son père eut un comportement héroïque au combat qui lui valut de nombreuses décorations, mais aussi de revenir grand mutilé. Léon fut adopté par la Nation par acte du 29 octobre 1920. Après de solides études secondaires, Léon Tellier débuta dans la vie active comme employé géomètre à Amiens. Il exerça ensuite plusieurs professions dans la métallurgie, le textile, les chemins de fer (jusqu’en 1944) avant de terminer sa carrière comme chef de service dans une entreprise assurant la pose d’oléoducs.

Alors qu’il était étudiant à l’IDNF à Lille, il fut gagné au socialisme et au pacifisme. Il adhéra aux Étudiants socialistes en 1922 et, l’année suivante, dès son installation à Amiens, il prit sa carte au Parti socialiste. Il fut initié au militantisme par la vieille garde des militants picards restés fidèles à la SFIO lors de la scission, les Buignet, Charles Vérecque* et Alexis Mailly* et devint rapidement membre de la commission administrative de la section socialiste d’Amiens, avant d’en être nommé trésorier en 1925. Cette même année, il accéda à la commission administrative fédérale de la Somme dont il fut élu trésorier en 1929, fonction qu’il conserva jusqu’en 1939. Il fit partie de la commission des conflits en 1930 et 1931 et fut membre suppléant de la CAP en 1931 (motion P. Faure). Il assista à tous les congrès nationaux du Parti socialiste organisés pendant cette période : Marseille, Clichy, Nantes, Royan, etc. Membre de l’aile gauche du parti, il appartint dans l’avant-guerre à la tendance « La Bataille socialiste » que dirigeait Jean Zyromski. Il appartenait également à la Ligue des droits de l’Homme (dont il était le trésorier fédéral pour la Somme), à la Libre pensée et il fit partie de la Franc-maçonnerie (loge « Picardie ») à partir de 1930. Il fut en outre aux côtés d’Alexis Mailly et Paul Lejeune*, l’un des principaux rédacteurs du Cri du peuple, organe fédéral de la SFIO dans la Somme.

Pendant l’Occupation, Léon Tellier fut appelé à jouer un rôle capital dans l’organisation de la résistance socialiste dans la Somme. Ce fut à travers la maçonnerie que Léon Tellier et Léon Gontier* tissèrent les premiers liens qui permirent, à partir de 1941, de mettre en place une résistance réellement structurée. Les premières réunions clandestines eurent lieu à Amiens en septembre 1940, mais ce ne fut qu’en janvier 1941 que des contacts avec Alexis Mailly, réfugié en Auvergne, permirent de constituer le Comité d’action socialiste de la Somme. Inscrit sur les listes du SD allemand pour avoir hébergé avant-guerre des opposants allemands et autrichiens et des israélites en fuite, alors qu’il était trésorier du Secours international aux réfugiés politiques dans la Somme, Tellier fut arrêté le 4 mars 1941, interné à la citadelle puis à la maison d’arrêt d’Amiens. Mis au secret pendant huit semaines, brutalisé, il fut condamné, en mai 1941, à six mois de prison pour « menées anti-allemandes » par le tribunal de guerre de la Wehrmacht d’Amiens.

Libéré après trois mois de détention, mais placé en liberté surveillée, Léon Tellier reprit néanmoins le combat clandestin. Responsable militaire du mouvement de résistance Libération-Nord pour la Somme, il devint secrétaire de la Fédération socialiste clandestine après l’arrestation de Léon Gontier en janvier 1944. Utilisant alors plusieurs pseudonymes (Casimir Périer, Mécrant, Paul Louvet) il assurait également les liaisons entre les différents mouvements de Résistance dans le département (OCM, ORA, FTPF, etc.). En novembre 1943, il était entré, dès sa constitution, à l’état-major départemental de l’Armée secrète, en tant que représentant de Libé-Nord. En 1944, il fut nommé adjoint de Loisy-Jarnier (FTPF) à l’état-major des FFI de la Somme et trésorier du comité départemental de Libération nationale (CDLN) clandestin dont le secrétaire était Maurice Vast, futur maire communiste d’Amiens.

Le 30 août 1944, à la libération d’Amiens, Léon Tellier fut officiellement désigné comme secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme et prit la direction du Cri du peuple.. La fédération comptait alors 130 sections et 4 000 adhérents. Il demeura à ce poste jusqu’en mars 1952 et fut alors remplacé par Max Lejeune. Léon Tellier entra au comité directeur du parti en décembre 1947 mais ne fut pas réélu dans cette instance en juillet 1948.

Il siégea à la commission exécutive fédérale jusqu’en 1971, exceptée entre avril 1959 et avril 1960. Léon Tellier avait été administrateur du Populaire. Il continua d’appartenir à la CE fédérale de la Somme jusqu’au congrès d’Épinay (1971), à l’issue duquel il se retira de la vie politique active ; il avait pris part à tous les congrès nationaux de la SFIO de l’après-guerre (Suresnes, Clichy, etc.).

Elu conseiller municipal d’Amiens en octobre 1947, sa femme Odette née Cordier (mariage le 5 juin 1923, divorce en 1948), avait été élue en avril 1945 sur la liste républicaine antifasciste et laïque, Léon Tellier fut réélu en juillet 1950 et devint premier adjoint au maire SFIO, Maurice Vast. Réélu en avril 1953 et mars 1959, il retrouva à chaque fois son poste de premier adjoint. Le 6 octobre 1950 à Amiens, il s’était remarié avec Georgette Brassart.

Lors des élections municipales de mars 1965, Léon Tellier se présenta sur la liste d’union de la gauche dirigée par Camille Goret, opposée à celle de Maurice Vast, et fut battu.

Léon Tellier fut un des 21 membres du conseil exécutif de la FGDS lors de sa constitution dans le département en septembre 1966.Léon Tellier échoua par contre à toutes ses candidatures au conseil général. Il mena une retraite très active à Amiens : président général de l’Association crématiste de Picardie, vice-président de la Fédération française de crémation, il était également directeur de l’organe de cette organisation : La Flamme.

Il vivait toujours en 1995 et apporta son soutien à la liste socialiste qui affrontait dans des primaires la liste communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132140, notice TELLIER Léon, Aristide, Zéphyre. Pseudonymes dans la Résistance : MÉCRANT, LOUVET Paul par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 mars 2017.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Somme, Z 317, Le Cri du peuple, 19 février 1938, 1944-1969. — Arch. de l’OURS — L’OURS, cahier et revue, n° 204, mars avril 1992 — Le Courrier picard, 1945-1998 . — Entretiens avec Léon Tellier (1979), lettre personnelle du 11 janvier 1993. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable