TENAILLE Théophile, Gilbert, Louis

Par Daniel Grason

Né le 27 novembre 1906 à Guéret (Creuse), mort le 28 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; machiniste ; militant syndicaliste et communiste ; conseiller municipal communiste de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; déporté.

Fils de Marie Tenaille, ouvrière d’usine, Théophile Tenaille, machiniste à la Société de transports en commun de la région parisienne (STCRP), demeura 3 rue Victor-Hugo à Bois-Colombes, puis 13 rue Henri-Vuillemin à Gennevilliers, il épousa Hélène d’Herdt le 16 août 1930 à Paris (XIVe arr.), le couple était sans enfant. Il fut élu conseiller municipal communiste de Gennevilliers lors des élections partielles du 14 octobre 1934. Il conserva son siège à l’issue du scrutin du 5 mai 1935. Voir Jean Grandel. Il participait à la tenue des permanences du député communiste Émile Dutilleul à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Militant syndicaliste CGT au dépôt d’autobus d’Asnières, il était le délégué de la ligne 39.
Déchu de son mandat le 9 février 1940, Théophile Tenaille fut arrêté le samedi 5 octobre 1940 vers 6 heures du matin à son domicile par des inspecteurs de la Police judiciaire. Des tracts édités par le Parti communiste clandestin aurait été découverts. Considéré comme « un agent actif de la propagande communiste », il fut interné le jour même au sanatorium transformé en camp d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) avec d’autres militants communistes du département de la Seine. Le jour même le Préfet de police informait de Président du conseil d’administration de la TCRP de l’internement de Théophile Tenaille en application du décret du 18 novembre 1939.
À la une du numéro 80 du 3 octobre 1940 l’Humanité clandestine titrait : « La presse vendue couvre la répression anticommuniste d’un silence complice. Militants communistes, adressez-vous aux travailleurs socialistes, aux honnêtes gens. Constituez partout des comités pour la libération des prisonniers politiques. Organisez les secours aux familles des victimes de la répression capitaliste. Français pour nous défendre, Unissons-nous ! ». Le Parti communiste appelait à l’union « au sein des comités populaires ». Le 13 octobre des militants de la STCRP collaient des papillons dans des abris bus aux Lilas et à Romainville : « Personnel des TCRP souscris pour les victimes de la répression capitaliste », « TCRP – Le capitalisme c’est la guerre – Vive l’Union Soviétique – Vive l’Internationale Communiste », « TCRP – Le Gouvernement de Vichy n’est pas le nôtre – Vive un Gouvernement Ouvrier et Paysan ».
Le 24 octobre les militants de la Région Paris-Ouest du Parti communiste distribuaient un tract alertant sur les arrestations : « Dans notre région, Samedi 5 octobre, plusieurs travailleurs furent arrêtés et envoyés où ? Les familles n’en savent rien. Plusieurs laissent des enfants en bas âge ». De fait l’organisation clandestine sous-estimait l’ampleur des arrestations, des internements. Le rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 4 novembre 1940 indiquait que dans le département de la Seine de juillet 1940 à la fin octobre 1940 les policiers arrêtèrent 475 militants en flagrant délit, 275 furent internés.
Transféré le 6 septembre 1941 à Rouillé (Vienne), puis livré aux allemands à Compiègne le 22 mai 1942, Théophile Tenaille était le 6 juillet 1942 dans le convoi à destination d’Auschwitz (Pologne). Ce transport de 1155 hommes était un convoi d’otages qui furent désignés grâce aux renseignements fournis par les autorités françaises. Théophile Tenaille faisait partie des 30% de militants arrêtés avant le 22 juin 1941. Arrivé le 8 juillet 1942 à Auschwitz-Birkenau, Théophile Tenaille mourut le 2 septembre 1942, près de 90% des déportés (1032) y moururent.
Hélène Tenaille, sa veuve, habita 21 ter rue Georges-Thoretton, elle s’adressa en 1947 au Préfet de la Seine pour obtenir une pension au titre de veuve de Victime civile de la guerre, elle quitta Gennevilliers au cours de l’année pour Cachan (Seine, Val-de-Marne).
Théophile Tenaille a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Une petite cité de la ville porta le nom de Théophile Tenaille, il figure également sur la plaque commémorative apposée en mairie de Gennevilliers en hommage aux élus fusillés ou mort en déportation ainsi qu’au cimetière communal.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132148, notice TENAILLE Théophile, Gilbert, Louis par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 septembre 2015, dernière modification le 30 octobre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; vers. 10451/76/1 et 10441/64/2. – Arch. PPo. 101. – Arch. Secrétariat des AC. – Arch. PPo. 1W 1026, 221W 2, BA 1932, BA 2113, BA 2114, BA 2374, BA 2377, BA 2397, carton 5, carton 10 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux sur l’activité communiste. – Bureau Résistance GR 16 P 564751. – Patrick Liber, « Rue de la Résistance », 2000. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, Éd. Autrement, 2005. –État civil.

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