TERRIEN Willers [TERRIEN Pierre, Ladislas, Willers]

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 20 juin 1884 à Sauveterre-la-Lémance (Lot-et-Garonne), mort le 15 septembre 1961 à La Sauvetat-du-Dropt (Lot-et-Garonne) ; instituteur en Gironde ; militant du SNI ; militant coopérateur et mutualiste ; militant pacifiste de la SFIO, maire de la Salvetat-du Dropt.

Willers Terrien était le fils de Pierre Terrien, mécanicien, et de Françoise Martin, sans profession. Ses parents moururent très tôt ; son tuteur, instituteur à La Sauvetat-du-Dropt, obtint pour lui en 1899 une demi-bourse pour être élève interne à l’école primaire supérieure de l’Aiguillon (Lot-et-Garonne). Il devint instituteur en Gironde, en poste à Bazas, quand il fut ajourné du service militaire en 1904 pour une double taie centrale de la cornée. Il fut cependant maintenu dans les services auxiliaires et servit de mars 1915 à mars 1919 à la poudrerie de Toulouse (Haute-Garonne).

Il commença à militer comme coopérateur. Adhérent de la coopérative des familles à Bordeaux, il en fut élu administrateur en 1912. Il contribua à créer en 1914 l’Union des coopératives du Sud-Ouest et en devint administrateur délégué en 1921. Élu au conseil central de la Fédération nationale des coopératives de consommation en 1922, il en organisa le congrès national à Bordeaux l’année suivante. Il prit une part active à la fondation dans la capitale girondine de la pharmacie et de la clinique mutualistes.

Willers Terrien était instituteur à l’école Jules Guesde de Cenon (Gironde) après la guerre. Il épousa une institutrice.

Il siégeait au conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des institutrices et instituteurs (CGT), dont il fut secrétaire général à partir de 1932, succédant à Caussade. Il participa à la commission qui, le 15 novembre 1934, décida la fusion avec le syndicat départemental de la Fédération unitaire de l’enseignement. Élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire, il resta secrétaire de la section départementale du SNI jusqu’en 1939, date à laquelle il prit sa retraite au mois de juin.

Willers Terrien participa très tôt à la lutte contre la montée du fascisme et notamment au meeting de la LAURS à Bordeaux, début avril 1933, « L’Université contre le fascisme », sous la présidence d’Adrien Marquet, avec le concours de Gaston Bergery.

Son épouse et lui soutinrent durant toute la période les républicains espagnols. Il avait accueilli Rodolphe Llopis, directeur de l’enseignement primaire en Espagne, à l’assemblée générale de la section départementale du SNI en juillet 1932. Il signa dans La France de Bordeaux en mai 1933 un compte rendu élogieux sur « Une école moderne à Bilbao », suivi d’un autre article sur « Les œuvres de l’enfance en Biscaye » à la suite d’un voyage d’une semaine en Espagne. Le couple fit partie dès juillet 1934 du bureau de l’Alliance démocratique franco-espagnole à Bordeaux, et fut réélu par acclamation en juin 1936. Et W. Terrien prononça une conférence au cercle Aristide Briand, le 5 juillet 1938, sur « La guerre civile espagnole » (un témoin Georges Bernanos).

Comme la majorité des dirigeants départementaux du SNI, il était un militant pacifiste, approuvant les orientations du syndicat dirigé par André Delmas. Dès juin 1935, il fit participer sa section au Cartel de la Paix bordelais puis à la création à Bordeaux du Rassemblement universel pour la paix, le 16 juillet 1937. Favorable aux accords de Munich, il s’opposait alors avec pugnacité aux jeunes militants oppositionnels communistes selon le témoignage de Roger Martin->120639.

Militant du Parti socialiste SFIO, il fut élu maire de son village de 500 habitants, La Sauvetat-du-Dropt, le 4 septembre 1937. Il se présenta sans succès au conseil d’arrondissement dans le canton de Duras, en octobre suivant. Durant la guerre, un important maquis FTPF fut implanté à Duras, que Roger Martin rejoignit en 1944 et où il participa à la mise en place des comités de libération : selon son témoignage, Willers Terrien se présenta à la présidence du comité de libération de sa commune dont il demeura maire jusqu’à sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132194, notice TERRIEN Willers [TERRIEN Pierre, Ladislas, Willers] par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 26 mars 2021.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Fonds d’archives de J. Gaumont et G. Prache. — JO, lois et décrets, 14 avril 1899, 9 janvier 1940. — Arch. Dép. Lot-et-Garonne, état civil, registre matricule. — Le Coopérateur de France (Éd. Sud-Ouest), 7 octobre 1961. — L’Ecole libératrice (1929-1940). —La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 14 juillet 1932, 21 mai 1933, 25 mai 1933, 26 juillet 1934, 1er juin 1935, 10 juin 1936, 19 juillet 1937, 5 juillet 1938 ; Le Réveil socialiste, 9 octobre 1937. — Témoignage de Roger Martin in Paul Delanoue, Les Enseignants, Édit. Sociales, 1973. — Axel Bruneau, Les instituteurs et la gauche dans la Gironde des années 1930, maîtrise, Université de Bordeaux 3, 2005, 154 p. — Notice non signée dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. — Rens. mairie de La Sauvetat-du-Dropt.

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