TESSIER Georges [TESSIER Pierre, Georges, Marin]

Par Gilles Morin Justinien Raymond

Né le 3 mars 1894 à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), mort le 3 janvier 1966 à Bessines-sur-Gartempe ; instituteur ; député socialiste SFIO de l’arrondissement de Bellac (1936-1942) ; conseiller général de Bessines-sur-Gartempe (1937-1940).

Georges Tessier
Georges Tessier

Fils d’un maçon devenu aubergiste, Georges Tessier bénéficia de l’enseignement primaire supérieur qui le prépara au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Limoges. Mobilisé en 1914, comme simple soldat, il revint comme lieutenant de réserve avec croix de guerre, médaille militaire et Légion d’honneur. Son frère fut tué en 1918. Il présida l’Union fédérale des Anciens combattants de Bessines à partir de 1919. D’abord instituteur à Droux, il fut nommé dans sa commune natale en 1928 où il prendra sa retraite comme directeur d’école publique.

Militant du Parti socialiste SFIO, Georges Tessier fut candidat socialiste au conseil général en octobre 1931 dans le canton de Bessines-sur-Gartempe puis aux élections législatives de 1932 dans l’arrondissement de Bellac, réputé difficile, dans un département acquis au socialisme dès avant la guerre de 1914, mais arrondissement où, par deux fois, en 1928 et en 1929, Sabinus Valière, un des chefs de file du socialisme limousin, avait échoué. Tessier fit bonne figure avec 7 867 voix sur 20 352 inscrits, arrivant devant l’ouvrier communiste Jean Laclautre (293 voix), mais il fut battu dès le premier tour par le député sortant Bardon, républicain-socialiste. Tessier fit mieux en 1936 et, à la faveur de l’élan et de la discipline du Front populaire, il enleva le siège. Sur 20 434 inscrits, il recueillit 8 223 voix, talonnant Bardon (8 477 voix) et sûr de l’appoint des 914 voix du communiste Gabriel Citerne. Au deuxième tour, Tessier l’emporta sur Bardon par 9 271 contre 8 905 voix. Il devint membre de la commission des douanes et des conventions commerciales et de celle du suffrage universel. Dans la foulée, il fut élu l’année suivante conseiller général du canton de Bessines-sur-Gartempe où il avait échoué six ans plus tôt.

Pour avoir voté pour Pétain à Vichy le 10 juillet 1940, Georges Tessier ne put reprendre son emploi d’instituteur. Avec une somme mensuelle de 5 000 francs, il vivait dans une pension. Son exclusion du Parti socialiste SFIO en novembre 1944 fut discutée. Les notes de police de l’Occupation montraient que les autorités jugeaient “douteux” son “loyalisme”. Il avait tenté de rejoindre la résistance en 1941 mais, objet de méfiance, ne put être accepté à cette époque. En 1942, une rumeur courut sur le fait qu’il avait constitué un noyau autour de lui pour agir contre le gouvernement, mais une enquête ne révéla aucune activité politique. Il avait intégré le mouvement Combat en mars 1943, s’occupant de sa branche ROP (Recrutement, organisation, propagande). À la Libération, il appartint au comité local de Libération de Bessines. Les responsables locaux de la Résistance lui délivrèrent des certificats favorables, notamment ceux de Combat et le chef départemental du Mouvement de Libération nationale (MLN) qui écrivit cette note en sa faveur : " sa charge : vote pour Vichy. À sa décharge : lutte farouche contre le gouvernement Pétain et l’occupant. Agent de renseignement et de liaison de l’Armée Secrète. Camouflage et transport d’armes. Recruteur pour le maquis. Désigné à l’unanimité : membre du comité local de Libération de Bessines. ”

Georges Tessier tenta de reprendre sa place politique à la Libération mais se heurta aux autorités en place. Le préfet Jean Chaintron proposa de le révoquer de son siège de conseiller général lors de la tentative de reconstitution des conseils généraux en janvier 1945. Se présentant comme candidat isolé, il fut élu au premier tour maire de Bessines en septembre 1945, obtenant 477 voix sur 1 325 inscrits et 926 votants. Le jury d’honneur présidé par René Cassin, chargé de juger l’action des anciens parlementaires ayant voté pour Vichy statua alors en urgence sur son cas. Le 11 mai 1945, il prit la décision de ne pas le relever de l’inéligibilité : « Considérant qu’il n’est pas établi que l’intéressé ait accompli des actes impliquant une participation à cette lutte [contre l’ennemi ou l’usurpateur] ». Consulté, le comité départemental de Libération avait émis un avis défavorable, mais le préfet qui avait succédé à Chaintron, au contraire, un avis favorable. Le Jury – semblant ne pas vouloir se déjuger – confirma à trois reprises cette décision, les 1er octobre 1945, 27 février et 16 octobre 1946. Tessier dût démissionner de ses fonctions municipales. En septembre suivant, le ministre de l’Intérieur Adrien Tixier se fit élire sur son ancien siège de conseiller général.

Georges Tessier se présenta en avril 1946 au deuxième tour de l’élection cantonale partielle de Bessines, après le décès du ministre socialiste Adrien Tixier, avec le soutien de la SFIO en dépit des protestations du secrétariat général mais il ne fut pas élu.

Sa demande de réintégration à la SFIO fut appuyée le 13 novembre 1949 par la Fédération socialiste de la Haute-Vienne : elle lui fut refusée par le conseil national du 25 février 1950 car il n’avait pas été relevé de l’inéligibilité par le jury d’honneur. Il tenta de se représenter aux élections municipales de 1953 à Bessines-sur-Gartempe, mais échoua dès le premier tour.

Veuf, il n’eut pas d’enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132232, notice TESSIER Georges [TESSIER Pierre, Georges, Marin] par Gilles Morin Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 12 décembre 2015.

Par Gilles Morin Justinien Raymond

Georges Tessier
Georges Tessier

SOURCES : Arch. Nat. F7/15486 B, n° 2432, F/1bI/984, fonds du Jury d’honneur ; 19910564, art 11. — Arch. de l’OURS. — Jean Jolly Dictionnaire des Parlementaires français, 1889-1940, Paris, PUF, 1960-1977. — DBMOF, notice par Justinien Raymond. — C.r. du congrès cité. — Le Monde, 6 janvier 1966.

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