TESTUD Adrien, Jean

Par Jacques Girault, Loïc Le Bars

Né le 18 juillet 1893 à Firminy (Loire), mort le 8 novembre 1978 au Chambon-Feugerolles (Loire) ; instituteur dans la Loire ; militant syndicaliste.

Fils d’un surveillant aux aciéries, originaire de l’Ardèche, Adrien Testud, élève de l’école primaire supérieure de Saint-Étienne, entra à l’Ecole normale d’instituteurs de Montbrison (Loire) en 1909. Instituteur en 1912 à Renaison, il commença son service militaire dans les service auxiliaire du bureau de recrutement de Clermont-Ferrand en novembre 1913 et resta mobilisé jusqu’en novembre 1916. A la fin de la Première Guerre mondiale, en janvier 1919, nommé instituteur militaire à Oberhergheim (Haut-Rhin) où suivit le personnel enseignant des écoles catholiques en rapport avec l’inspecteur primaire. Refusant un poste d’enseignant au lycée de Mulhouse (Haut-Rhin), il revint dans la Loire à La Ricamarie en octobre 1919 puis enseigna à Firminy de 1920 à 1933 à l’école du Mas. Muté en 1933 comme directeur de l’école de garçons de la Malafolie, il obtint la direction de l’école Jean Jaurès au Chambon-Feugerolles au début de la guerre.

Adrien Testud se maria en février 1922 à Firminy avec une institutrice Marie-Louise Picq, fille d’un ébéniste.

Espérantiste actif, il commença à collaborer à la revue internationale d’éducation populaire. Secrétaire adjoint du conseil syndical des instituteurs, il formula un certain nombre de propositions originales en matière d’enseignement : il proposait d’installer dans les écoles un conseil de direction composé de délégués ouvriers et paysans et d’adapter les cours au programme syndicaliste.

Délégué au congrès de Bordeaux en août 1920, A. Testud adhéra au Comité syndicaliste révolutionnaire, le 12 décembre 1920. Ce congrès le désigna pour épauler le bureau provisoire de l’Internationale de l’enseignement constitué par des membres du syndicat de Seine-Inférieure (Paul Briard-Vittecoq). Ce bureau démissionna en mars 1921. Le nouveau bureau fut désigné avec Louis Boutreux et Testud, comme secrétaire pédagogique, pour réorganiser l’Internationale de l’Enseignement dont le congrès de constitution définitive (baptisé aussi "congrès de l’internationale des pédagogues"), se tint à Paris au début du mois d’août, en préalable au congrès de la Fédération unitaire de l’enseignement (17-20 août). Il décida que l’IE resterait autonome pour ne pas obliger certaines de ses sections à choisir entre l’internationale syndicale d’Amsterdam, à laquelle elles appartenaient, et l’Internationale des syndicats rouges. Aussi lors de la Conférence internationale des travailleurs révolutionnaires de l’enseignement, les 8-9 décembre 1923, à Moscou, la France n’était pas représentée. En 1923, le comité central du Parti communiste décida de désigner « un camarade responsable pour créer des noyaux », échanger des renseignements et organiser l’aide mutuelle entre les enseignants dans le monde. Trois instituteurs du Maine-et-Loire furent pressentis avec A. Testud. Avait-il fait partie de ces militants de la Loire qui quittèrent le Parti communiste en janvier 1923 avec Joseph Baldacci ? Testud soutint Marie Guillot quand elle condamna au congrès fédéral d’août 1923 la création des commissions syndicales du Parti communiste

Quand le syndicat de la Loire passa à l’autonomie en février 1925, Testud choisit d’adhérer directement au Syndicat national (CGT). Au congrès d’août 1926 du SNI, il s’opposa à Félicien Lebaillif qui voulait créer une nouvelle Internationale de l’Enseignement. La motion Lebaillif fut cependant adoptée à l’unanimité. Le 30 octobre 1926, il prit la parole au nom de son syndicat à un meeting appelé par le nouveau syndicat unitaire dans le cadre d’une campagne organisée par la FUE pour la défense de l’école laïque contre la répression gouvernementale.

Adrien Testud estimait qu’il fallait associer les parents des élèves et depuis son retour dans la Loire avait mis en pratique cette participation. Aussi en juin 1926 proposa-t-il au congrès constitutif de la Confédération nationale des œuvres laïques à Saint-Étienne la création des conseils de parents d’élèves. Le 6 mars 1927, il fut à l’origine, avec un groupe d’amis, de la création d’une amicale laïque de Firminy qui fut effective le 24 juillet. Il devint le président de cette association, installée à La Plantée, qui participa à des activités péri-scolaires (patronage, cinéma, fêtes, sports, théâtre, danse). Dans l’école qu’il dirigea à partir de 1933, il organisa un conseil de parents d’élèves. Au début des années 1930, vice-président de la Fédération départementale des œuvres laïques, il prononça des conférences sous le titre général « cours de civisme et d’éducation sociale ». En 1934, au congrès national de la Ligue de l’Enseignement, il entra au conseil général de la Ligue.

Membre de l’Association républicaine des anciens combattants, Testud la quitta pour la Ligue des droits de l’Homme en même temps qu’il adoptait des positions hostiles à l’égard du régime soviétique : « Il n’y a pas de différence entre le fascisme italien et la Russie soviétique », estimait-il en 1926.

Sur son dossier administratif dans la série T des archives départementales de la Loire, figurait la mention au crayon “communiste“ et en 1932, dans un rapport des Renseignements généraux, la précision “socialiste communiste“.

Pendant la guerre, Adrien Testud commença une action pour la formation professionnelle et en 1942, l’école qu’il dirigeait devint “cours complémentaire cantonal d’orientation professionnelle et de pré-apprentissage“ en 1942. L’établissement devint en 1946 centre d’apprentissage, puis collège d’enseignement technique en 1954. Dans les années 2000, il se transforma en lycée professionnel préparant aux métiers de la mode au Chambon-Feugerolles portant le nom d’« Adrien Testud ».

Retraité en 1950, Adrien Testud composa un manuscrit autobiographique sous le titre Dans le troupeau, sur le chemin des hommes, qu’il déposa à la Bibliothèque municipale du Chambon-Feugerolles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132252, notice TESTUD Adrien, Jean par Jacques Girault, Loïc Le Bars, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 octobre 2015.

Par Jacques Girault, Loïc Le Bars

SOURCES : Arch. Nat. F7/13743.— Arch. Dép. Loire, série T 143 (Frédéric Beth). — Arch. Mun. Chambon-Feugerolles. —RGASPI, 534 5 104. — Bulletin mensuel du SNI, n° 64, novembre 1926. — Articles dans les bulletins de la Société d’histoire du Chambon-Feugerolles (septembre 2003, juin 2004). — Notes de Jean Vigouroux, ancien président de la société d’histoire de Firminy. — DBMOF, notice non signée.

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