THEILER René, Michel [alias PONS, TERRIER, MORET]

Par Daniel Grason

Né le 26 juin 1911 à Constantza (Roumanie) ; médecin ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; membre du mouvement Libération et du Bureau Central de Renseignements et d’Actions (BCRA) ; résistant FTP.

En 1933 et 1934, René Theiler a été membre de la Ligue Internationale des Combattants de la Paix (LICP), une association proche du Parti socialiste. Un étudiant communiste Teodoresco fonda une association en 1934, René Theiler participa à sa direction, un bulletin « La gazette estudiantine » était éditée. En 1935 il adhéra au Parti communiste, juif il ne milita pas au sein de la Main d’œuvre immigrée. Il s’engagea en 1936 dans les Brigades internationales, il fut affecté comme médecin capitaine au 1er bataillon de la XIe Brigade internationale. Il dirigea un hôpital sur le front de Valence, puis il a été chargé de mission par la Centrale sanitaire internationale (CSI) auprès du gouvernement républicain espagnol. Rentré en France sans permission, il fut exclu du Parti communiste pour indiscipline.
En 1941, il vivait à Nice (Alpes-Maritimes), il prit contact avec Emmanuel d’Astier de la Vigerie, devint médecin du mouvement « Libération », appartint à « Radio-Patrie ». Interpellé en 1943 à Arles (Bouches-du-Rhône), les autorités italiennes l’internèrent à Modane (Savoie) d’où il s’évada. Il vécut en Haute-Savoie, il aurait été chargé de reconstituer le secteur opérations du Bureau Central de Renseignements et d’Actions (BCRA) des Forces Françaises Combattantes (FFC) d’obédience gaulliste pour la zone nord.
Il constitua sous le nom d’emprunt de Terrier plusieurs équipes chargées de réceptionner le matériel parachuté. Avec Bernard Terreng, préposé des Douanes et plusieurs hommes ils transportèrent des armes et du matériel parachutés à Fréteval dans l’arrondissement de Vendôme (Loir-et-Cher). Quatre inspecteurs de la BS2 interpellèrent René Theiler le 21 avril 1944 boulevard des Batignolles à Paris (XVIIe arr.).
Une perquisition eut lieu dans un local au 6 rue Agar à Paris (XVIe arr.). Les policiers saisissaient : dix grenades, une mitraillette avec son chargeur, un poste émetteur et un récepteur TSF, une machine à écrire, quatre boîtes de cartouches, du matériel chirurgical, des cartes d’alimentation et de textile. Plusieurs cartes d’identité établies aux noms de Pons, Terrier et autres portants la photographie de Theiler étaient utilisées par lui.
Dans un logement au 3 rue Nicolo, également dans le XVIe arrondissement, les policiers découvraient : des cartes d’identité en blanc, d’autres pièces d’identité et documents administratifs à différents noms, un lot de timbres fiscaux, deux bicyclettes et une vareuse, un pantalon et un képi d’agent des douanes.
Dans un troisième local au 3 Villa George-Sand, les policiers saisissaient : une machine à ronéotyper, deux mitraillettes Sten avec six chargeurs, un Colt calibre 12 mm avec deux chargeurs, différentes pièces d’identité danoises, un cachet de la mairie de Lyon, trois laisser-passer en blanc pour la Haute-Savoie, une carte d’identité belge au nom de Sacqs, une enveloppe contenant 910 francs belges, 100 pesetas espagnoles, un lot de documents annotés, et de très nombreux documents se rapportant à l’activité des FTP.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, sévèrement frappé à plusieurs reprises, il déclara qu’il s’était rendu compte du poids politique du Parti communiste à Alger. Il lui avait semblé opportun de renouer des relations. Une façon de se faire pardonner son départ des Brigades internationales en 1938. Il avait demandé sa réadmission au Parti communiste, mis en contact avec Alice Curateau, dite Marinette, il lui avait remis sa biographie pour la Commission des Cadres du Parti. Il s’était engagé à continuer son action au sein du BCRA et de transmettre des renseignements. Il avait fourni une mitraillette et un Colt pour un groupe FTP. Cette arme fut utilisée par la suite par un FTP lors d’une action contre le secrétaire de la LVF de Seine-et-Marne.
René Theiler témoigna le 4 décembre 1944 devant la commission d’épuration de la police : « Je suis resté durant quatre jours à la Préfecture de Police. J’y ai subi de nombreux interrogatoires, j’ai été frappé à coups de nerf de bœuf, sur la tête, dans le dos, sur les fesses, et aux jambes à un tel point que je suis resté un mois sans pouvoir m’asseoir. » Sur photographies il reconnut les quatre inspecteurs qui le frappèrent, et Pierre Gautherie commissaire de la BS2 qui participa aux séances de tabassage. Il précisa : « Durant ma détention à la Préfecture de Police « J’ai eu les menottes aux mains et les pieds maintenus par une chaîne. C’est dans cette position que j’ai été frappé à chaque fois, et la plupart du temps, par derrière, ce qui m’empêchait souvent de distinguer parfaitement celui ou ceux qui me frappaient. »
René Theiler qui vivait chez un collègue médecin au 14, rue Fabre-d’Églantine à Paris (XIIe arr.) déposa plainte contre quatre inspecteurs et le commissaire Pierre Gautherie. Ce dernier sera condamné à mort le 20 juillet 1945, puis gracié par le général de Gaulle. André Hadet s’était enfui, la presse dont l’Humanité publia son portrait sous le titre « Ce traître doit être fusillé ! Aidez à son arrestation ».
Interpellé le 13 janvier 1945, André Hadet fut qualifié de « tortionnaire fanatique, sympathisant du PPF, tout acquis aux idées nazis ». Lors de son procès, il déclara le 9 mai 1947 : « Je reconnais que j’ai eu des torts, je demande pardon à ceux que j’ai arrêté, mais je le répète je n’ai fait qu’obéir aux ordres de mes chefs ». Les jurés le condamneront à mort, il sera exécuté.
La compagne de René Theiler Alice Curateau*, née le 8 octobre 1918 à Sarlande (Dordogne), fille de cultivateur, comptable-dactylo, ancienne secrétaire de la section des Jeunesses communistes du XVIIIe arrondissement de Paris, fut arrêtée à Orléans. Elle assurait la liaison entre l’interrégion FTP de la région parisienne et les « échelons supérieurs ». Elle mourut le 16 octobre 1989 au Puy-en-Velay (Haute-Loire).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132319, notice THEILER René, Michel [alias PONS, TERRIER, MORET] par Daniel Grason, version mise en ligne le 10 juin 2017, dernière modification le 10 juin 2017.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. GB 124 BS2, KB 47, KB 54, KB 90, KB 96, PCF carton n° 8, BA 1849. – l’Humanité du 10 janvier 1945. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers sous l’occupation, Éd. Perrin, 2001.

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