THÉPÉNIER Charles

Par Éliane Laurent, Michaël Boudard

Né le 22 février 1877 à Corancy (Nièvre), mort le 15 avril 1957 à Château-Chinon (Nièvre) ; instituteur, puis commis de l’Assistance publique de la Seine et économe des hôpitaux de Paris ; militant socialiste puis communiste de la Nièvre et de la région parisienne (Charenton-le-Pont) ; maire de Corancy.

Le grand-père de Charles Thépénier, Philippe, était cultivateur à Corancy et correspondant de La Propagande démocratique et sociale sous la IIe République : il était en relations suivies avec Jules Miot, pharmacien à Moulins-Engilbert, élu représentant du peuple en 1849. Poursuivi et jugé en février 1852, Philippe Thépénier échappa aux recherches des gendarmes jusqu’en avril ; il fut arrêté alors qu’il labourait un de ses champs. Déporté en Algérie, il mourut à Douëra le 8 septembre 1852, à l’âge de quarante-six ans, laissant une veuve et deux enfants de dix et quinze ans. Le père de Charles, Jean Thépénier, né et décédé à Corancy [18 juin 1841-22 mai 1919], fut lui aussi paysan dans cette commune et militant socialiste.

À l’âge de 17 ans, Charles Thépénier entra à l’École Normale de Varzy (Nièvre) qu’il quitta le 30 septembre 1897 pour prendre son premier poste d’instituteur à Onlay (Nièvre) avant de partir effectuer son service militaire (1898-1899). Affecté ensuite à Fours (1899-1900), il fut ensuite instituteur à Decize (Nièvre) jusqu’en mars 1905, date à laquelle il part « en congés ». Parti s’installer à Paris, il exerça son métier durant une courte période à Choisy (décembre 1906-juillet 1907) avant de quitter le ministère de l’Instruction publique.

Charles Thépénier intégra alors l’Assistance publique de la Seine comme commis avant de terminer sa carrière professionnelle en étant économe des hôpitaux de Paris en 1925. Il se maria en avril 1909 à Charenton-le-Pont (Seine, aujourd’hui Val-de-Marne) où il résida jusqu’en dans la décennie 1920. Il milita dans le groupe socialiste des originaires de la Nièvre à Paris tout en restant très actif dans son département natal (et notamment au sein du groupe socialiste de Corancy dont il fut secrétaire).

Ainsi, dès les élections législatives de 1910, Charles Thépénier s’engagea contre le candidat Charles Heuzey. Il fut également un correspondant-rédacteur très actif pour le journal Le Socialiste Nivernais et représenta la Fédération socialiste de la Nièvre au congrès national de Paris en novembre 1911. Et, pour les élections au Conseil général (canton de Château-Chinon) d’août 1913, il fut candidat de la SFIO : le conseiller sortant radical-socialiste Georges Duprey fut réélu avec 62,7 % des voix contre 18 % au concurrent de droite et 17,9 % pour Charles Thépénier.

Durant toute la Grande Guerre, le soldat Thépénier fut mobilisé et il obtint la croix de Guerre. En 1919, il s’opposa vivement à Pierre Moine (voir ce nom) lorsque celui-ci proposa de supprimer Le Socialiste Nivernais et de faire du journal La Tribune dont il était propriétaire, l’organe du Parti socialiste nivernais.

En décembre 1919, lors des élections au Conseil général (pour le canton de Château-Chinon), Charles Thépénier fit face à l’industriel Jean-Marie Thévenin, républicain-socialiste, qui le battit par 1 381 voix contre 761.
Après la scission de décembre 1920, Charles Thépénier rejoignit le Parti communiste (SFIC), démissionna de la Franc-maçonnerie (loge L’Humanité de Nevers) et, en 1922, était membre de la commission administrative départementale de la SFIC. En 1932, la cellule de Corancy dont il était secrétaire aurait compté quarante membres.

En mai 1922, pour les premières élections cantonales où les communistes furent en lice avec leurs propres couleurs, Charles Thépénier se présenta avec Gustave Devière au Conseil d’arrondissement (canton de Château-Chinon) : ils firent face à Louis Bondoux et Jacques Monin, candidats sortants (Union républicaine) et aux radicaux-socialistes A. Deschamps et Lazare Girard. Arrivés en cinquième et sixième, les deux candidats communistes se maintiennent au second tour : ils gagnèrent des voix alors que les deux candidats radicaux-socialistes en perdirent. Charles Thépénier arriva en troisième position mais les deux conseillers sortants furent réélus.

Lors du renouvellement pour le Conseil général en juillet 1925, Charles Thépénier fit face à deux anciens concurrents : le sortant Jean-Marie Thévenin et Louis Bondoux. Il fit paraître un journal, Le Morvan ouvrier et paysan, pour faire connaître sa candidature. À l’issue du premier tour, il était en tête avec 839 voix contre 762 à Bondoux et 724 à Thévenin. Si ce dernier se désista et si son parti invita ses électeurs à voter pour Charles Thépénier, une candidature dissidente, celle du maire d’Arleuf, Lazare Girard, apparut pour le second tour : finalement, Louis Bondoux l’emporta d’extrême justesse avec 1 077 voix contre 1 055 au candidat communiste et 454 à Girard. Le Parti communiste devra attendre 12 années avant de pouvoir faire entrer un premier communiste au sein du Conseil général, en la personne de Louis Richard (voir ce nom).
Lors des élections municipales du 12 mai 1929, Charles Thépénier est élu pour la première fois conseiller municipal de Corancy : une semaine plus tard, il en est élu maire.

En octobre 1931, il se présenta pour la quatrième fois au Conseil général (pour le canton de Château-Chinon) mais il ne réussit pas à renouveler son score de 1925 : à l’issue du premier tour, il arriva en troisième position avec 350 voix, derrière le docteur Léon Bondoux, SFIO (1 079), le docteur Pouget, radical (639) et devant le sortant, Louis Bondoux (335). Toujours présent au scrutin de ballottage, Charles Thépénier ne recueillit plus que 249 voix face à M. Pouget (1 048) et le Léon Bondoux (1 240), élu.

En mai 1932, il se présenta pour la première fois aux élections législatives dans l’arrondissement de Château-Chinon. À l’issue du premier tour, Charles Thépénier arriva en troisième position avec 916 voix (7,1 %) loin derrière le candidat des droites, Félix Aulois (5 833 soit 45,5 %), et le député sortant SFIO, Henri Gamard (5 473 soit 42,7 %). Au second tour, Charles Thépénier ne recueillit plus que 234 voix et Félix Aulois battit Henri Gamard (51,4 % contre 46,3 %).

Réélu conseiller municipal de Corancy en mai 1935, il est déchu de son mandat par le Conseil de Préfecture interdépartemental de Dijon en mars 1940. Il retrouva cette fonction de maire après la guerre.
Il décéda en 1957 à Château-Chinon où il résidait ; ses obsèques furent civiles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132343, notice THÉPÉNIER Charles par Éliane Laurent, Michaël Boudard, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 3 octobre 2021.

Par Éliane Laurent, Michaël Boudard

SOURCES : Arch. Nat. F7/13122, 13129 et 13627 (Le Morvan ouvrier et paysan, 4 p., s.d.). — Arch. Dép. Val-de-Marne (état civil de Charenton-le-Pont) — Arch. Dép. Nièvre, État civil et recensements de Corancy ; M 519 (élections municipales de Corancy) ; série R (classe 1897) ; 1 T 809 (dossier d’instituteur). — Le Socialiste nivernais, 19 et 26 juillet 1913 [Icon.]. — Le Travailleur. — L’Émancipateur. — Paris-Centre, La Tribune, L’Observateur du Centre.

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