THIBEAU Jean-Baptiste

Par Pierre Lévêque, Jean Belin

Né le 16 mars 1908 à Dijon (Côte d’Or), mort le 27 juin 1944 au camp de Mauthausen (Autriche) ; ouvrier métallurgiste ; militant communiste ; secrétaire de l’UR-CGT de Bourgogne-Franche-Comté ; syndicaliste CGTU et CGT de Côte-d’Or ; résistant au sein du Front national (FN).

Fils de Jean-Baptiste Thibeau, un garçon boucher mort un mois avant sa naissance, et de Jeanne Héloïse Venet, Jean-Baptiste Thibeau fréquenta l’école primaire et obtint le CEP. Il suivit ensuite les cours de l’école pratique rue Colomban à Dijon pour apprendre le métier d’ajusteur. Il fut embauché à l’usine métallurgique Cheveau à Dijon après l’obtention de son diplôme et s’engagea au syndicat unitaire des métaux. Il vint travailler à l’usine Terrot à Dijon en 1932. Il se maria à Dijon le 7 décembre 1929 avec Lucienne Lebleux. J.B. Thibeau fut secrétaire général du syndicat unitaire des métaux de Dijon en 1934. Il devint en 1936 secrétaire général du syndicat réunifié des Métaux de Dijon (CGT-CGTU). En décembre 1937, il prit des responsabilités fédérales et devint, secrétaire régional du 7e groupe et permanent de la Fédération des Métaux. L’Union régionale fut composée du Territoire de Belfort, du Jura, de la Haute-Saône, du Doubs et de la Côte-d’Or. Il abandonna alors son poste de secrétaire général du syndicat de Dijon (voir Gabriel Lejard), mais resta membre du secrétariat du syndicat des métaux et en contact très étroit avec le mouvement syndical dijonnais. Après le congrès de réunification du 29 décembre 1935, il était devenu secrétaire général adjoint pour les ex-unitaires de la commission administrative de l’Union départementale CGT des syndicats de la Côte-d’Or.
Il adhéra au Parti communiste en 1935 et fut membre de la direction fédérale. Il rédigea régulièrement plusieurs articles pour Le Travailleur de l’Yonne – Côte-d’Or. En juin juillet 1936, il participa très activement au mouvement gréviste dans la métallurgie dijonnaise aux côtés de Gabriel Lejard. L’usine Terrot occupée pendant 21 jours par les 1200 ouvriers en grève, fut le lieu de rendez-vous quotidien de tous les dirigeants syndicaux de la métallurgie dijonnaise. Pendant toute la durée du conflit, les dijonnais vinrent tous les soirs devant la porte de l’usine, où l’on dansa sur un air d’accordéon. Des combats de boxe, de lutte, la présence d’artistes, de comiques troupiers et autres spectacles furent organisés dans la cour de l’usine.
Jean Thibeau fut responsable de la délégation ouvrière lors des commissions mixtes de négociation sur les conventions collectives de travail pour les industries métallurgiques de Côte-d’Or de 1936 à 1938. Pour son action dans la grève du 30 novembre 1938, il fut inculpé et condamné à une amende par le tribunal correctionnel de Dijon. Il fut exclu de la CA de l’UD par la majorité de la tendance confédérée avec quatre autres militants de la tendance unitaire, pour la plupart communistes le 29 septembre 1939. Ces derniers furent mis en demeure de désavouer le pacte Germano-Soviétique sous peine d’exclusion. Ils refusèrent. Son syndicat fut dissous sur ordre du préfet, la trésorerie saisie. À la veille de Noël 1939, la police perquisitionna à son domicile pour y rechercher du matériel syndical.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean-Baptiste Thibeau prit une part très active au travail clandestin. Sur le plan politique, il participa à la reconstitution du Parti communiste à l’automne 1940 et en fut le responsable en octobre. Sur le plan syndical dès le début de 1941 : les cartes syndicales purent être à nouveau distribuées en mai 1941 ; il participa à la récupération de matériel de guerre. Il fut parmi les fondateurs du Front national (FN) en Côte-d’Or. En juin 1941, prévenu de l’arrestation de 25 militants communistes, dont son ami et camarade Gabriel Lejard, il échappa à la Gestapo qui n’hésita pas à menacer son épouse de représailles sur ses enfants si elle ne dénonça pas son mari. Il gagna la Saône-et-Loire et dirigea plusieurs opérations contre l’occupant jusqu’au 29 août 1941, date de son arrestation à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) par la Gestapo. Il fut condamné à huit ans de prison. Emprisonné à Dijon, puis longuement interné au camp de Compiègne, il fut déporté au KL de Mauthausen (matricule 60626) avec 1218 hommes dans le convoi du 22 mars 1944, où il ne reviendra pas. Jean Baptiste Thibeau reçut le titre « d’interné politique ». Il laissa une épouse et cinq enfants. Son frère, Raymond Thibeau, militant du Cercle Laïque avant la guerre, fut membre du Front national et son beau-frère, Jean Bouscand, qui fut militant syndicaliste et communiste, mourra également en déportation. Domicilié au 94 rue de la Préfecture à Dijon en 1936.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132416, notice THIBEAU Jean-Baptiste par Pierre Lévêque, Jean Belin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 9 janvier 2020.

Par Pierre Lévêque, Jean Belin

SOURCES : RGASPI, 495 270 4234, Dijon, 14 juin 1937, classé A. — Le Travailleur de Bourgogne. — L’Avenir de la Côte-d’Or, 9 juin 1945. — Stéphane Courtois, La politique du PCF et ses aspects syndicaux, 1939-1944, Thèse, 3e cycle, Nanterre, 1978. — Rens. ministère des Anciens combattants et victimes de guerre. — Les Communistes dans la Résistance en Côte-d’Or, additif à l’édition de 1996. — Résistance en Côte-d’Or, Gilles Hennequin, tomes 1 et 4, éditions de 1987 et de 1997. — Arch. IHS CGT 21, témoignage de Gabriel Lejard. — Arch. Dép.. 21, série 10M 80 à 91, Le Métallo Dijonnais, organe du syndicat des métaux de Dijon, éditions de 1937 à 1939, état civil, recensement de la population.

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