THIBERT Marguerite née JAVOUHEY Marguerite

Par Michel Dreyfus

Née le 31 janvier 1886 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), morte le 14 novembre 1982 à Paris (XIIIe arr.) ; militante socialiste, fonctionnaire au Bureau international du travail.

Fille d’un grossiste en quincaillerie, Marguerite Javouhey prépara le brevet supérieur dans une pension dirigée par des dominicains. Avec sa sœur, elle prépara en cachette le baccalauréat et fut influencée à cette époque par un vieil oncle, « un homme extraordinaire qui avait fait les révolutions de 1830 et 1848 ». Elle rencontra chez lui Georges Thibert, élève architecte qu’elle épousa en 1912. Quand il fut nommé architecte de l’Assemblée nationale, elle s’installa avec lui à Paris mais il mourut en 1915.

Marguerite Thibert entreprit alors des études de philosophie et après avoir passé sa licence, commença à enseigner au collège Sévigné en 1917. Elle décida ensuite de préparer une thèse de doctorat : Le Féminisme dans le socialisme français de 1830 à 1850, sous la direction de Célestin Bouglé. Elle devint ainsi la quatrième femme docteur ès-lettres en France. De 1923 à sa mort, elle appartint à l’Association française des femmes diplômées.

Dès cette époque, elle était en relations avec les milieux féministes et notamment l’avocate Marcelle Kraemer-Bach ainsi que Cécile Brunschvicg, présidente de l’Union française pour le suffrage des femmes. À partir de 1922, Marguerite Thibert fut membre de cette organisation et collabora à sa revue, la Paix par le droit.

Grande admiratrice de Jean Jaurès, elle avait adhéré en 1912 aux Étudiants socialistes puis à la SFIO. En 1925, elle participa à la campagne pour les élections municipales, associée à cette occasion à Marcelle Kraemer-Bach. Elle milita également au Comité du travail féminin et à la section française de la LIFPL avec Gabrielle Duchêne ; elle fut présidente d’honneur de ces deux organisations.

En 1926, sur la proposition de Célestin Bouglé, Marguerite Thibert entra au Bureau international du travail, au service des migrations. Elle travailla dans ce service pendant trois ans mais devait rester au BIT jusqu’en 1965. En 1929, à la demande d’Albert Thomas, elle devint chef de la division du travail des femmes et des jeunes au BIT et ceci jusqu’en 1957. Dans les années trente, elle utilisa ce poste pour lutter contre la limitation du travail des femmes en période de chômage. En tant qu’expert, elle fut envoyée en mission dans de très nombreux pays. Lors de son premier voyage aux États-Unis en 1935, elle prit contact avec la Fédération des syndicats de l’Habillement et elle rencontra Eleanor Roosevelt. De 1936 à 1939, elle fit un très grand nombre de voyages en Europe, et participa à plusieurs congrès où l’on traitait du droit des femmes. Ainsi en 1939 elle rencontra à Copenhague la sénateur tchèque Madame Plaminkova, active féministe qui fut assassinée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pendant cette période, elle demeura à Genève jusqu’en 1941 puis suivit le BIT au Canada et aux États-Unis où elle soutint la France libre dès son arrivée.

Après la guerre, Marguerite Thibert travailla à l’OIT comme experte internationale et reprit ses missions aux Indes, en Amérique centrale, au Moyen-Orient, en Chine, au Mexique où elle fut faite citoyenne d’honneur de la ville de Mexico. Elle rentra en France en 1957 mais continua à collaborer avec cette organisation et accomplit encore plusieurs missions.

Marguerite Thibert adhéra à l’Union de la gauche socialiste puis à la Convention des institutions républicaines et enfin au Parti socialiste en 1972. Elle se lia d’amitié avec François Mitterrand, Colette Audry, Yvette Roudy, Madeleine Guilbert et Jeannette Laot.

Les principales féministes dans le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?mot192

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132418, notice THIBERT Marguerite née JAVOUHEY Marguerite par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 février 2020.

Par Michel Dreyfus

ŒUVRE : Le Rôle social de l’art d’après les Saint-Simoniens, Lib. des sciences économiques et sociales, 1926. — Le Féminisme dans le socialisme français de 1830 à 1850, Giard et Brière, 1926. — Féminisme et socialisme d’après Flora Tristan, M. Rivière, 1921 et 1926. — L’Émigration (Immigration et migrations), Sirey, 1930. — Marguerite Thibert est également l’auteur d’un grès grand nombre de rapports anonymes publiés par le BIT et l’OIT.

SOURCES : Citoyennes à part entière, suppl. au n° 28, février 1984 : « Marguerite Thibert » [Icon.]. — Entretien avec Yvonne Sée (1982). — Le Monde, 17 novembre 1982. — Françoise Thébaud , Une traversée du siècle. Marguerite Thiobert. Femme engagée et fonctionnaire internationale, Belin, 2017, 704 p.

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