THIÉBAULT Henri, Joseph. Il signait souvent THIÉBAUT Joseph

Par Yves Le Maner

Né le 18 février 1896 au Cateau (Nord), mort le 13 octobre 1967 à Douai (Nord) ; ouvrier mineur ; secrétaire adjoint puis trésorier du syndicat CGTU des mineurs du Nord, du Pas-de-Calais et d’Anzin ; secrétaire de la Fédération unitaire du Sous-sol (1929-1935) ; secrétaire du rayon communiste de Douai et de la Région communiste du Pas-de-Calais (1936-1939) ; membre du comité central du PCF ; maire de Liévin (1935-1939) ; administrateur des Houillères nationales du bassin du Nord et du Pas-de-Calais après la nationalisation.

Numéro spécial élections cantonales de l’Enchaîné d’octobre 1937

Fils d’un électricien belge (Pierre, travaillant dans les mines, de de Marie Armigny, Henri Thiébault, ouvrier mineur depuis l’âge de treize ans, travailla comme galibot, puis comme hercheur et enfin comme ouvrier piqueur. Il commença à militer au lendemain de la Première Guerre mondiale après son service militant de trois mois en 1919, au sein du syndicat des transports dans la section des tracteurs (il travaillait comme conducteur de tracteur de labour en raison de la fermeture des mines), mais, sanctionné pour son action revendicative, il adhéra à la section syndicale des mineurs de Frais-Marais (Nord) dont il devint l’un des dirigeants. Membre du Parti socialiste depuis mais 1920, il créa, en 1921, dans cette localité une section communiste dont il assura le secrétariat. Mais il se consacra surtout à l’action syndicale et, dès 1923, il figurait parmi les dirigeants du syndicat CGTU des mineurs du Nord. Nommé secrétaire adjoint en 1924, il remplaça temporairement Victor Moniot* au poste de secrétaire général à la fin de cette même année. Licencié en raison de son intense activité syndicale et politique il ne put trouver d’embauche du fait des pressions patronales. Il accéda alors en 1926 aux fonctions de secrétaire appointé de l’Union locale unitaire de Douai et devint le correspondant de L’Enchaîné pour le Douaisis.
Marié avec Anna Tatencloux, il était père d’un enfant. Il habita à Sallaumines, villa "Mon rève", puis rue Emile Zola.

Élu trésorier du syndicat à l’issue du congrès qui se tint dans cette dernière ville en 1927, Henri Thiébault fut appelé à Paris en avril 1929 pour former avec Henri Darguesse* et Cyprien Quinet une direction collégiale à la tête de la Fédération unitaire du Sous-sol en remplacement du lorrain Marcel Kirsch*, « démissionné ». Il fut élu secrétaire de la Fédération unitaire des travailleurs du Sous-sol le 23 février 1929 et réélu par le congrès fédéral de Lens des 7-10 octobre 1929. Au Ve congrès national de la CGTU des 15-21 septembre 1929, il fut nommé membre du secrétariat élargi et désigné pour représenter la Confédération unitaire au conseil d’administration de l’Humanité. Il était devenu membre du comité central et du Bureau politique du PC lors du congrès national de Saint-Denis (31 mars-7 avril 1929). Il résida pendant deux ans à Saint-Brice-sous-Forêt (Seine-et-Oise) jusqu’au transfert du siège de la Fédération à Lens (Pas-de-Calais) en janvier 1931. La police le disait membre du comité central du Parti communiste depuis le congrès de Saint-Denis (avril 1929) et même membre du Bureau politique. Aucune autre source ne confirme cette information contestable.

Henri Thiébault devait assumer, en parallèle avec son mandat de secrétaire national, les fonctions de cosecrétaire de l’Union locale CGTU de Lens avec Henri Darguesse et Émile Guisgand* jusqu’à la réunification de 1935. En mars de cette même année, Thiébault fut mandaté par la Fédération unitaire du Sous-sol et le comité international des mineurs pour se rendre en Allemagne afin d’apporter un témoignage de solidarité aux 120 mineurs allemands poursuivis pour haute trahison par le régime hitlérien. Arrêté par la Gestapo, inculpé de propagande révolutionnaire, il fut libéré après dix jours de détention. Dès son retour en France, il était élu en tête de liste aux élections municipales de mai 1935 à Liévin (Pas-de-Calais) et choisi comme maire. A la suite de cette élection, il devait occuper pendant plusieurs mois les fonctions de secrétaire national des municipalités communistes.

Mais, ce succès de mai 1935 fut le seul que rencontra Henri Thiébault sur le plan électoral dans une carrière bien remplie de dirigeant régional du PC. Trésorier du rayon de Douai dès sa création en 1924 aux côtés de Joseph Cogez*, il en devint le secrétaire en 1926 ; il assista pendant cette période à plusieurs congrès fédéraux du PC dont celui tenu à Amiens en décembre 1924. Après son installation dans le Pas-de-Calais en 1931, il prit part à toutes les consultations électorales sans parvenir à ébranler les positions tenues par les socialistes dans la région minière du Pas-de-Calais. Battu par Alfred Maës* aux élections législatives de 1932 (4 119 voix sur 17 682 inscrits) et 1936 (5 907 voix sur 17 795 inscrits) dans la 3e circonscription de Béthune, il échoua également aux cantonales de 1934 et 1937 dans le canton de Lens-Ouest.

Privé de toute fonction au bureau de la Fédération réunifiée du Sous-sol, il ne siégea que quelques mois au bureau du syndicat unique des mineurs du Pas-de-Calais dominé par les ex-confédérés et au sein duquel Quinet demeura le seul représentant des unitaires.

Entré à la direction de la région communiste du Pas-de-Calais dès sa constitution en 1936, Henri Thiébault signa avec les autres responsables régionaux (Auguste Lecœur*, Cyprien Quinet, René Camphin*) un tract saluant le Pacte germano-soviétique en septembre 1939. Démis de son mandat municipal, il fut arrêté par la police française et détenu à Saint-Sulpice-la-Pointe, et dans plusieurs camps dont celui de Chaffaut (près de Digne, Basses-Alpes). Il fut astreint à résidence à Beausoleil (Alpes-Maritimes)

Battu par la liste socialiste de Florimond Lemaire lors des municipales de mai 1945 à Liévin, Henri Thiébault se consacra alors à ses fonctions d’administrateur des Houillères nationales du Nord et du Pas-de-Calais auxquelles il avait accédé après la nationalisation des Compagnies minières. Sa grande connaissance du monde minier fut à l’origine de sa nomination au poste d’attaché de cabinet du secrétaire d’État, Auguste Lecœur, chargé de la production charbonnière. Il ne conserva ce poste que pendant quelques mois, jusqu’à l’éviction des communistes du gouvernement. Après 1948, Henri Thiébault cessa toute activité syndicale et politique. Il travailla pendant quelques années comme employé dans une imprimerie de Lens puis quitta la région pour s’établir dans le Nord où il exerça le métier de représentant de commerce.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132424, notice THIÉBAULT Henri, Joseph. Il signait souvent THIÉBAUT Joseph par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 12 novembre 2022.

Par Yves Le Maner

Numéro spécial élections cantonales de l’Enchaîné d’octobre 1937

SOURCES : RGASPI, 495 270 8687 : questionnaire de juillet 1930, autobiographie du 16 décembre 1931 ; RGASPI, Moscou, 517 1 846 ; RGASPI, 495 270 4345, dossier du Komintern au nom de Thiébault Joseph, Henri. — Arch. Dép. Nord, M 154/191, M 154/194EF, 1874 W 137-4369. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 179, 182, 5142, 5304. — Jean-Marie Lemaire, Biographies de militants ouvriers du Pas-de-Calais, 1919-1939, Mémoire de Maîtrise, Lille, 1972. — Rens. mairie de Liévin. — SHD, Vincennes, dossier Benjamin Stodel. — Notes de René Lemarquis et Claude Pennetier.

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