THOMAS François, Marie

Par Roger Pierre

Né le 7 juin 1886 à Damgan (Morbihan), mort le 13 août 1970 à Viroflay (Yvelines) ; professeur , ancien combattant mutilé, militant socialiste puis communiste et à nouveau socialiste, chef de cabinet du ministre Louis Antériou.

François Thomas était le fils de Pierre, Paul Thomas, cantonnier, et de Jeanne Robinet, ménagère. Il effectua des études supérieures en histoire-géographie et, après son service militaire, il commença à enseigner dans la Dordogne, où il se maria à Périgueux, le 19 août 1911, avec Marthe Richard, fille d’un officier de l’armée. En 1914, il était professeur au collège de La Réole (Gironde), puis il fut nommé professeur délégué au lycée de la Roche-sur-Yon (Vendée).

Rappelé sous les drapeaux en août 1914, il participa aux combats comme lieutenant au 18e régiment d’infanterie. Grièvement blessé en 1916, il perdit un œil et eut la mâchoire à demi-fracassée. Réformé au grade de capitaine, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur dès 1916.

Il reprit son métier de professeur au lycée de Nantes en 1917-1918, puis fut nommé au lycée de Tournon (Ardèche) à la rentrée d’octobre 1918. Il fut reçu à l’agrégation d’histoire et géographie en 1919 aux places réservées aux mutilés de guerre, et fut maintenu comme professeur agrégé au lycée de Tournon, où il enseigna jusqu’en 1925, se livrant à des recherches historiques dans le Vivarais.

François Thomas adhéra à l’ARAC dont il fut délégué en 1920 à la propagande, faisant de nombreuses conférences dans la Drôme et l’Ardèche. Membre du Parti socialiste, il fit campagne pour l’adhésion à la IIIe Internationale. Cependant, au lendemain du congrès de Tours, il déclara qu’il ne croyait « à aucun évangile, fût-il marxiste », et craignait de voir, après la scission, s’exaspérer les tendances, à droite et à gauche. S’adressant publiquement à son camarade Jules Nadi, député de la Drôme, dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Sud-Est, il appela à cesser les controverses pour maintenir l’unité puis quitta le PC en 1922. À la fin de 1923, il constitua à Tournon un « groupe Jean-Jaurès » et jeta les bases d’une Fédération socialiste dans l’Ardèche, où la SFIO ne comptait plus que vingt adhérents le 20 décembre 1923. Orateur de talent, François Thomas participa en 1924 à la campagne des élections législatives et apporta son soutien aux candidats de la liste du Cartel des gauches, notamment au républicain-socialiste Louis Antériou, dont il contribua à assurer la réélection.

Antériou étant devenu ministre des Pensions dans les cabinets Painlevé en 1925-1926, il prit François Thomas comme sous-chef de cabinet, promu en 1925 officier de la Légion d’honneur puis commandeur en 1927. Après la chute du ministère, François Thomas ne revint pas à Tournon ; il fut nommé professeur à Aix-en-Provence puis à Paris. Lorsque Antériou accepta, au lendemain des élections de 1928, d’entrer dans le ministère Poincaré, il redevint son chef de cabinet. Il fut nommé secrétaire général adjoint de l’office des Pupilles de la Nation en juillet 1929. Mais les rapports d’Antériou avec la Fédération socialiste de l’Ardèche se détériorèrent brusquement, à un tel point qu’à deux reprises, les congrès fédéraux de l’Ardèche réclamèrent à la commission nationale des conflits, un contrôle puis un blâme à l’encontre de François Thomas.

En 1938, il était inspecteur général de l’office national des Anciens combattants et en mars 1940, il connut une nouvelle promotion au grade de Grand officier de la Légion d’honneur. En avril 1947 il fut distingué officier l’Instruction publique pour services rendus à l’enseignement.

Son fils, Jean-François, volontaire à la 2e division blindée du général Leclerc, fut tué au cours des combats de Lorraine, en 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132542, notice THOMAS François, Marie par Roger Pierre, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 octobre 2022.

Par Roger Pierre

ŒUVRE : « Annonay, étude de géographie urbaine », Revue de géographie alpine, 1923. — Fresques vivaroises, 1925.— Le Vivarais et les Ardéchois à Paris, Aubenas, éd. Habauzit, 1930 (en coll.). — Le Vivarais, Grenoble et Paris, Arthaud, 1947 (en coll. avec Marthe Thomas).

SOURCES : Arch. Nat. base Léonore, dossier personnel légion d’honneur. — Arch. Dép. Ardèche, 15 M 30. — JO, 7 décembre 1929 ; 17 avril 1947. — Presse : Le Réveil annonéen, 1919 ; Le Réveil ardéchois, 1919-1920 ; Le Journal de Valence, La Drôme socialiste, 1919-1920 ; Le Sud-Est, 1920-1921 ; l’Humanité, éd. du Midi, 3 décembre 1923 ; L’Ardèche socialiste, 1929-1930 ; L’Œuvre, 1928. — Roger Pierre,Les origines du syndicalisme et du socialisme dans la Drôme, Éd. Sociales, 1974. — État civil. — Notes d’Alain Dalançon.

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