THOMAS Jean [EDF]

Par Paul Boulland, Michel Dreyfus

Né le 29 avril 1925 à Paris (XIVe arr.) ; ingénieur EDF ; syndicaliste CGT, trésorier général puis un des secrétaires généraux adjoint de la Fédération CGT de l’Énergie (1963-1982), secrétaire général puis président du GNC (1964-1980), vice-président du comité de coordination des CMCAS (1964-1967), administrateur de la CCAS (1964-1984) ; administrateur d’EDF (1975-1982) ; militant communiste ; résistant.

Jean Thomas
Jean Thomas
Mémoires vives, IHS CGT Ile-de-France, juillet-septembre 2012, n° 21.

Le père de Jean Thomas, Ange Thomas, originaire de Bretagne, était menuisier de formation. Mobilisé lors de la Première guerre mondiale, il fut grièvement blessé à Verdun puis fut affecté spécial en usine, en région parisienne. Il devint cheminot en 1922 et travailla aux ateliers d’Ermont (Val-d’Oise), tout comme le père de Pierre Delplanque*. Militant de la CGTU puis de la CGT affirmant ses opinions anticléricales, il était proche du Parti communiste mais n’y adhéra qu’après 1945. La mère de Jean Thomas, Marie-Christine Roncalez, catholique pratiquante, était sans profession. La famille vint s’établir à Éragny-sur-Oise (Val-d’Oise). Jean Thomas était le deuxième des trois fils du couple, le benjamin étant mort en 1934, victime de la diphtérie. Reçu au Certificat d’études primaires en 1937, Jean Thomas poursuivit sa scolarité au cours complémentaire de Pontoise (Val-d’Oise) jusqu’à l’obtention du Brevet élémentaire. Alors qu’il envisageait de devenir instituteur, la suppression des écoles normales par le régime de Vichy l’amena à entrer au lycée de Pontoise où il obtint le baccalauréat mathématiques en 1943. Encouragé par son professeur de mathématiques, il entra en classe préparatoire au lycée Saint-Louis à Paris. Fin 1943, Jean Thomas entra dans la Résistance, appartint aux Étudiants communistes et au Front national étudiant dont il fut un des responsables pour le lycée Saint-Louis puis au sous-secteur lycéen de la Rive gauche, aux côtés de Jean Poperen*. À Saint-Louis, il aida notamment à la saisie de tickets de rationnements par un groupe de FTP et participa ensuite à l’organisation de la manifestation des étudiants du 3 mai 1944, dans le Quartier latin. En août 1944, il participa aux combats pour la libération d’Éragny-sur-Oise et à la prise de la mairie.

Après la Libération, Jean Thomas intégra l’École spéciale des Travaux publics du bâtiment et de l’industrie d’où il sortit, promotion 1947, ingénieur mécanicien-électricien. Il y créa une cellule du Parti communiste. Intéressé par les enjeux techniques liés aux installations hydrauliques depuis un premier stage sur le chantier de construction du barrage de Néoules (Var) au cours de sa formation, il chercha à intégrer EDF. Ne parvenant pas à e faire embaucher après un nouveau stage à la centrale d’Escouloubre (Aude), il entra dans l’entreprise LTT (Lignes téléphoniques et télégraphiques) à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Il fut licencié après seulement dix jours en raison de ses engagements politiques. Suite à cet épisode, il fut embauché à EDF grâce à l’intervention de Marcel Bergeron* et Marcel Paul*.

Entré à EDF le 1er décembre 1947, d’abord comme temporaire puis comme titulaire à partir de 1949, Jean Thomas fut ingénieur à la Région d’équipement hydraulique de Paris-Nord, (1947-1951) puis dans différents services à la Direction de l’équipement du réseau des transports (DERT) de 1951 à 1963. De février 1963 à février 1986, il fut chargé de mission à la Direction de l’Équipement et au Service du transport. Au fil de sa carrière professionnelle, Jean Thomas se fit fort de « démontrer qu’un ingénieur communiste, militant syndical et qui ne sortait pas d’une grande école (…) pouvait quand même occuper un poste de chef de service » (entretien d’avril 2010).

De 1947 à 1951, Jean Thomas milita principalement sur le plan politique, à la section de Pontoise du Parti communiste, et participa à toutes les campagnes électorales dans le Vexin avec les députés, sénateurs ou conseillers généraux Robert Ballanger*, Antoine Demusois* et Eugène Alliot*. De 1949 à 1951, il appartint au comité de la fédération de Seine-et-Oise du Parti communiste. Enfin à partir de 1951 il milita à sa cellule d’entreprise et il collabora plus tard à différentes commissions du comité central du Parti communiste.

Jean Thomas commença à militer plus activement sur le plan syndical au sein de la section CGT de la DERT en 1951. Il contribua au développement de la section, passée d’une quinzaine de membres à une centaine à son départ. En 1956 après l’éclatement du syndicat unique de la région parisienne, il eut la responsabilité de la mise en place d’un syndicat pour les agents de l’équipement de la région parisienne qui devint, deux ans plus tard, le syndicat national du personnel de l’équipement dont il fut élu secrétaire général lors de son congrès constitutif à Sainte-Tulle (mars 1958). Il le resta jusqu’en 1968. De 1954 à 1968, il siégea à la Commission secondaire du personnel de l’équipement ainsi que dans diverses commissions spécialisées.

Élu en 1957 au bureau national du Groupement national des cadres (GNC) lors de son VIe congrès, Jean Thomas fut reconduit aux deux congrès suivants puis élu secrétaire général, de 1964 jusqu’en 1977. Il présida le GNC jusqu’en 1980. Il mena à bien l’orientation fixée au congrès du Havre (avril 1966) de transformer le syndicat national qu’était le GNC en syndicats regroupant le personnel maîtrise et cadres au sein de chaque unité. C’est à son initiative que, parallèlement, furent mises en place dans un certain nombre de syndicats GNC des branches maîtrises et cadre.
Élu au bureau de la Fédération CGT de l’Énergie en 1959, trésorier adjoint en 1963, Jean Thomas fut élu un des deux secrétaires adjoints au congrès suivant (Le Havre, avril 1966) et reconduit jusqu’au congrès de Toulouse en novembre1982. En tant que secrétaire général adjoint, outre sa responsabilité au GNC, il coordonna l’activité des représentants CGT dans les différents organismes statutaires et plus particulièrement à la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) où il siégea de 1964 à 1984. En 1979, avec Pierre Delplanque, il soutint la candidature de François Duteil* au poste de secrétaire général de la fédération, contre la candidature d’Henri Maupoil*, soutenue par Roger Pauwels*.

Jean Thomas se fit apprécier au sein de la fédération CGT et au-delà pour la rigueur de ses analyses dans d’importants dossiers. En 1960, aux côtes de René Le Guen*, il participa à la rédaction du « Catalogue de fonctions » pour la maîtrise et les cadres. À la CNSP il suivit tout particulièrement les dossiers relatifs à la classification des agents et aux garanties à accorder au personnel lors des modifications de structure ; en 1981-1982, il dirigea la délégation de la FNE-CGT dans les négociations avec les Directions générales qui aboutirent au nouveau système de rémunérations.

Lors de l’éclatement de la Caisse mutuelle complémentaire d’action sociale (CMCAS) unique de la région parisienne en 1960, il avait eu la responsabilité de la mise en place de la CMCAS CRTT-Équipement dont il assura la présidence durant trois ans. En 1963-64, il fut désigné administrateur suppléant de la CMCAS et, de 1964 à 1967, il fut vice-président du Comité de coordination des CMCAS.

De 1973 à 1993, Jean Thomas siégea au Conseil supérieur de l’électricité et du gaz et il fut administrateur d’EDF de 1976 à 1982. Membre de la commission exécutive de la CGT de 1976 à 1982, Jean Thomas fut nommé cette même année au Haut conseil du secteur public, organisme découlant de la loi de nationalisation du 11 février 1982 et chargé de suivre l’évolution du secteur public, sa gestion et ses activités. Il y siégea jusqu’en 1992.

Jean Thomas prit sa retraite le 1er février 1986.

Jean Thomas se maria le 21 juillet 1951 à Bordeaux (Gironde) avec Rose-Marie Laüt, enseignante. Le couple eut un enfant, Claude, né le 5 novembre 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132551, notice THOMAS Jean [EDF] par Paul Boulland, Michel Dreyfus, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er octobre 2013.

Par Paul Boulland, Michel Dreyfus

Jean Thomas
Jean Thomas
Mémoires vives, IHS CGT Ile-de-France, juillet-septembre 2012, n° 21.

ŒUVRE : « Contrat de travail et libertés syndicales. Novembre 1937 : grève de 15 jours à l’usine de gaz de Pontoise », Mémoires vives, IHS CGT de l’Ile-de-France, juillet-septembre 2012, n° 21.

SOURCES : Arch. Comité de coordination des CMCAS. — Force Information, n° 314 (octobre 1982), 334 (juillet-août 1984). René Gaudy, Les porteurs d’énergie, Paris, Temps Actuels, 1982. — Biographie établie par l’intéressé en octobre 1989 et complétée par des renseignements en 1996 et 2010. — Entretien avec Jean Thomas (avril 2010).

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