THOMÈRE Elvina

Par Dominique Loiseau

Née en 1910 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure) ; secrétaire aux chantiers navals ; militante syndicaliste CFTC puis CFDT ; militante JOCF, puis AOC.

Elvina Thomère était issue d’une famille ouvrière d’origine rurale. Son père, électricien aux chantiers navals, mourut en 1929. Sa mère, qui assurait des ménages, fut alors embauchée au service entretien de l’Aviation (Aérospatiale). Son frère cadet, Auguste Thomère, ajusteur, fut, comme Elvina, militant CFTC puis CFDT. Après l’école primaire supérieure, Elvina Thomère suivit une formation de sténodactylographie et de comptabilité qui lui permit de travailler chez Nasiet, une petite entreprise de matériaux de construction, de 1926 à 1929. Elle entra ensuite aux chantiers de Penhoët (Saint-Nazaire) en 1929, en tant que secrétaire, et y demeura jusqu’à sa retraite, en 1973. La solidarité qui se manifesta à la mort de son père joua un grand rôle dans son engagement.

Ses parents étaient peu pratiquants mais Elvina Thomère, sous l’influence de ses grands-mères, eut une pratique religieuse régulière. En novembre 1931, des camarades lui firent connaître la JOCF nazairienne, animée par Marcelle Blau et Marie Linger, vendeuses à la coopérative « L’Union ». Devenue un an plus tard responsable d’une équipe JOCF, elle se rendit à Rome en septembre 1934, avec Marcelle Blau pour la JOCF nazairienne et 1 100 jocistes françaises.

En novembre 1934, la JOCF nazairienne se transformant en fédération, Elvina Thomère devint responsable fédérale et, bien qu’ayant dépassé la limite d’âge fixée à vingt-cinq ans, le resta jusqu’en 1943, afin d’organiser les différentes sections. Célibataire, elle milita en même temps à la Ligue ouvrière chrétienne fondée à Saint-Nazaire en 1935.

Sollicitée par Henri Linger* pour être candidate CFTC aux élections de déléguée du personnel des services techniques féminins des Chantiers de Penhoët, elle fut élue en 1935. Cette année là, pour la première fois, la CFTC eut quatre élu(e)s employé(e)s et dessinateurs aux Chantiers de la Loire et Penhoët. En 1936, Elvina Thomère appartint au comité de grève et à la délégation qui, ayant négocié à Paris pour le personnel auxiliaire, obtint ainsi un statut et des barèmes de salaire, notamment pour le personnel féminin particulièrement désavantagé.

La CFTC nazairienne comptait alors 1 000 à 1 200 syndiqué(e)s. Régulièrement réélue déléguée du personnel et déléguée au conseil syndical des mensuels Métallurgie, Elvina Thomère vit son activité syndicale interrompue par la guerre ; réfugiée à une trentaine de kilomètres de Saint-Nazaire, ville détruite à 85 % en 1943, elle fit partie du comité d’entraide des réfugiés et sinistrés nazairiens, de 1943 à 1946. Secrétaire du Père Foucher, aumônier des œuvres ouvrières de Saint-Nazaire, elle organisa, entre autres activités, des réunions de femmes sur le mouvement ouvrier et le syndicalisme. Après guerre, une fois l’Action catholique ouvrière (ACO) créée, Elvina Thomère participa à son Conseil national de 1951 à 1955, puis s’occupa du secteur nazairien.

De retour aux Chantiers en 1947, elle fut réélue déléguée du personnel (des hommes et des femmes, car les collèges masculins et féminins n’existaient plus) et représentante au conseil syndical. A la fin des années 1950, elle laissa sa place de déléguée à de plus jeunes qu’elle, mais en 1964 la toute nouvelle CFDT tint à la faire figurer sur ses listes de candidats (en non éligible) pour bien marquer la continuité de son action. A partir de sa retraite en 1973, Elvina Thomère milita au sein du syndicat des retraités CFDT et fut membre de son conseil syndical.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132591, notice THOMÈRE Elvina par Dominique Loiseau, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Dominique Loiseau

SOURCES : Arch. ACO de Saint-Nazaire. — Témoignage de la militante.

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