THOMOUX Paul

Par Nadia Ténine-Michel, Michel Thébault

Né le 30 juillet 1900 à Saint-Nazaire (Loire-Inférieure), exécuté sommairement le 27 juin 1944 à Celle-Levescaut (Vienne) ; infirmier ; militant syndicaliste CGTU ; militant communiste ; conseiller municipal de Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis ) ; résistant et maquisard FTPF.

Paul Thomoux était le fils de Joseph, Marie Thomoux âgé de 47 ans à sa naissance, ajusteur et d’Anne, Marie Ricordel âgée de 42 ans, domiciliés tous les deux rue René-Guillouzo à Saint-Nazaire. Lors de la conscription en 1920 il demeurait toujours rue René-Guillouzo et exerçait la profession de tourneur. Incorporé en mars 1920 au 110ème Régiment d’artillerie lourde, il fut rapidement réformé pour des troubles cardiaques. Paul Thomoux se maria à Saint-Nazaire le 3 mai 1921 à Saint-Nazaire avec Camille, Louise, Lucie Lebel. Le couple eut trois enfants. Domicilié ensuite à Neuilly-sur-Marne (Seine-et-Oise) 20 boulevard du Maréchal-Foch, Paul Thomoux devint infirmier à l’hôpital psychiatrique de Ville-Évrard.
Militant communiste, il fut en 1933 secrétaire du syndicat CGTU du personnel secondaire médical assimilé, ouvrier et employé des asiles, colonies, hospices de la Seine qui comptait 1 800 adhérents. Il l’était toujours en 1935.

Aux élections municipales de mai 1935, il fut élu troisième adjoint de Neuilly-sur-Marne sur la liste communiste menée par son collègue retraité Théophile Gaubert. Suite au décret du 26 septembre 1939 portant dissolution des organisations communistes, une loi du 21 janvier 1940 proclama la déchéance des élus communistes, ce qui fut le cas de Paul Thomoux. Militant clandestin du Parti communiste il fut l’objet en décembre 1940 d’une perquisition de la police à son domicile. La découverte de tracts contre l’occupant et la collaboration entraînèrent son arrestation. D’abord emprisonné à Paris il fut ensuite interné à Aincourt (Seine-et-Oise) en décembre de la même année.

Il fut révoqué de ses fonctions hospitalières en janvier 1941, mais l’ancien directeur des services d’assistance de la Seine s’adressa en sa faveur au préfet de Seine-et-Oise, notant qu’« il s’est toujours montré modéré et courtois alors que les relations n’étaient pas toujours faciles avec ce syndicat très remuant. Il a été un des plus actifs, mais aussi un élément de pondération. »

Il fut transféré au camp d’internement de Rouillé (Vienne) en septembre 1941. Sa formation d’infirmier fit qu’il devint l’aide du docteur André Cheminée, médecin du camp et médecin généraliste à Rouillé, engagé très tôt dans la Résistance locale. Sur l’intervention du docteur Cheminée qui trouvait là un moyen d’éviter à quelques internés la déportation vers Compiègne, Paul Thomoux fut hospitalisé avec quatre autres camarades en mai 1944 à l’-Hôtel-Dieu de Poitiers. Paul Thomoux put ainsi s’évader de l’Hôtel-Dieu en compagnie de ses camarades grâce à la complicité de membres du personnel et vraisemblablement d’une religieuse, sœur Jeanne Chérer, réfugiée mosellane, résistante qui joua un rôle essentiel dans l’aide aux internés des camps de Rouillé et de la route de Limoges à Poitiers. Pris en charge par la résistance, ils furent cachés dans le secteur de Poitiers. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1944, des maquis FTPF de la région obtinrent l’ouverture après l’avoir encerclé, du camp d’internement de Rouillé (Vienne) faisant s’évader 47 internés politiques. Une partie des détenus libérés (dont un groupe de Républicains espagnols) formèrent sous la direction de Marcel Papineau un maquis dont l’effectif augmenta très rapidement avec l’arrivée de nouveaux résistants : des réfractaires du STO, des étudiants et les évadés de l’Hôtel Dieu de Poitiers, dont Paul Thomoux qui rejoignit le maquis FTPF et ses camarades du camp.

Après avoir dû quitter un premier cantonnement dans le bois des Cartes près de Rouillé, le maquis s’établit le 14 juin 1944 en forêt de Saint Sauvant. Le 27 juin 1944, une colonne de répression motorisée de plus de 1500 hommes de la SS et de la Wehrmacht, renforcée par des miliciens français, encercla le maquis de Saint-Sauvant. Au cours d’un dur combat, cinq maquisards furent tués, les autres au nombre de 25 durent se rendre. Capturés et maltraités, ils furent exécutés sommairement en fin d’après-midi au lieu-dit Vaugeton, commune de Celle-Lévescault (Vienne). Paul Thomoux fut vraisemblablement tué au combat ou exécuté sommairement hors de Vaugeton, au cours d’un combat en forêt de Saint-Sauvant. Son corps ainsi que ceux des maquisards tués au combat ou fusillés sommairement le soir même, fut regroupé par les forces allemandes au lieu-dit Vaugeton, commune de Celle-Lévescault (Vienne) avant d’être inhumé au cimetière de Celle-Lévescault, où son corps fut identifié le 30 juin 1945 à 15 heures et l’acte de décès dressé.

Paul Thomoux obtint la mention Mort pour la France, fut homologué FFI avec le grade d’adjudant et reçut le statut déporté et interné de la résistance (DIR). Il reçut à titre posthume la Croix de guerre et la Médaille de la résistance.
Son nom figure sur le monument aux morts de Neuilly-sur-Marne, place Henri-Barbusse et sur la stèle commémorative de Vaugeton. Une rue de Neuilly-sur-Marne porte les noms de Paul et Camille Thomoux. En effet un nom de rue lui fut attribué dès 1947. En 1965, le conseil municipal décida d’y ajouter le prénom de sa femme Camille qui partagea son engagement et s’impliqua également dans la vie communale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132594, notice THOMOUX Paul par Nadia Ténine-Michel, Michel Thébault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 2 avril 2022.

Par Nadia Ténine-Michel, Michel Thébault

SOURCES : Arch. Préfecture de Police. 300. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30/63, 1 W 72, 155, 221. — Arch. Ministère des Anciens combattants. — Arch. Dép. Paris, dissolution des syndicats, 1070 W, dossier 3654 — Arch. Dép. Loire-Atlantique (état civil, registre matricule) — Monique Houssin Résistantes et Résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une Histoire Éditions de l’Atelier, 2004, page 148 — Roger Picard Hommes et combats du Poitou Ed. Martelle 1994 — Véronique Rochais-Cheminée le camp de Rouillé dans la mémoire trouble des camps poitevins 1940 - 1948 Revue d’Histoire du Centre-Ouest Tome XII, 1er semestre 2013 — site internet VRID (Vienne Résistance Internement Déportation) — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb. — État civil, mairie de Celle-Lévescault, registre des décès 1945 acte n° 6.

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