THOUVENIN Camille, Léon dit HACHE T

Par Étienne Kagan, Claude Pennetier

Né le 24 septembre 1900 à Chaligny (Meurthe-et-Moselle), mort le 9 août 1982 à Bainville-sur-Madon (Meurthe-et-Moselle) ; dirigeant communiste ; secrétaire du syndicat unitaire des mineurs de Chaligny (Meurthe-et-Moselle) ; résistant.

Camille Thouvenin
Camille Thouvenin

Fils de Victor Thouvenin, mineur, militant du syndicat des mineurs de fer et d’une couturière, frère de Lucien Thouvenin et René Thouvenin* (en tout six enfants), Camille Thouvenin écrivait en 1937 que ses trois frères et ses deux sœurs étaient communistes. Il fut marchand de journaux puis entra en mars 1916 à la mine de Maron-Val-de-Fer. Il affirma vingt ans plus tard : « J’ai toujours très bien gagné ma vie, d’ailleurs le métier de mineur est assez bien payé, pas assez pourtant pour les efforts musculaires fournis. » Il adhéra au syndicat des mineurs de Chaligny (Meurthe-et-Moselle) en 1917 puis, en 1919, aux Jeunesses socialistes. En 1919 et 1920, il suivit les cours de l’Université ouvrière, organisée dans le cadre du « Cercle du Travail », par Lucien Humbert, secrétaire de l’Union départementale CGT. A l’armée, il fut maître-pointeur, suivit les cours de sous-officiers et participa à l’occasion d’une rappel, à l’occupation de la Ruhr. Après son service militaire, il continua à militer au syndicat unitaire des mineurs de Chaligny ainsi qu’aux Jeunesses communistes.

Adhérant du Parti communiste en septembre 1924, après un meeting d’André Marty* et d’un député du Reichtag à Nancy. Il écrivit en 1937 : « C’était le Docteur Strack [Gaston Strack] de Malzéville qui était secrétaire de la Fédération des Meurthe-et-Moselle. Ont passé ensuite comme responsables Perrin [Joseph Perrin] ? Villemin [en fait Emile Vuillemin] que j’ai combattu pour son sectarisme, Laurent Darnal [en fait Pierre-Laurent Darnar], Guy Géram [en fait Guy Jerram], Singer [Paul Singer] et Minard [Jean-Marie Minard] et Uni René. [...] J’ai été membre de la même cellule de 1924 à 1930 et de 1932 à ce jour. Si pendant 20 mois j’ai quitté le parti, c’est à la suite de désaccord politique avec la Direction régionale qui subissant la position sectaire du groupe Barbé-Célor, menait la vie dure aux militants de base qui étaient qualifiés de toutes sortes de noms d’oiseaux. » Il fit la connaissance de Maurice Thorez, pendant l’été 1929, lorsque celui-ci fut emprisonné à Nancy et que sa cellule de mineurs avait décidé de le parrainer. « Je n’ai été mêlé à la politique régionale que depuis 1933. ». Dans son autobiographie de 1937 il ajoutait : « De mon activité dans le parti au point de vu régional, j’ai cité les noms des responsables que j’ai connus. La région de l’Est n’a pas été favorisé(e) dans le choix des dirigeants dont plusieurs ne sont guère recommandables, le meilleur d’entre tous ceux que j’ai connu et qui est le mieux qualifié pour répondre de mes actes, c’est sans conteste le camarade René Uni, travailleur acharné, dont les conseils sont judicieux et d’une haute clairvoyance politique. »

Membre de la commission exécutive de la 3e Union régionale CGTU en 1926-1927 (voir René Perrouault*), Camille Thouvenin exerça aussi son activité au niveau local, au sein du syndicat unitaire des mineurs ainsi qu’au comité intersyndical unitaire de Neuves-Maisons, créé en 1930 pour assurer la liaison entre mineurs et métallurgistes, et dont il fut le secrétaire. Secrétaire de la cellule communiste locale, il fut conseiller municipal de Chaligny de 1929 à 1935 et il s’occupa plus particulièrement des écoles. Membre du Secours rouge international, il adhéra également au mouvement Amsterdam-Pleyel.

En 1935, Camille Thouvenin était secrétaire du rayon, puis en 1936 de la section communiste de Neuves-Maisons. Il était en outre à la même date secrétaire du comité local de Front populaire. Candidat du PCF aux élections législatives de 1928 dans la 1re circonscription de Briey, il recueillit 251 voix sur 10 105 inscrits. En 1936, candidat dans la 3e circonscription de Nancy, il obtint 2 794 voix sur 30 317 inscrits. Candidats aux élections cantonales de 1934 et de 1937 à Nancy-Nord, il ne lui manqua la seconde fois que douze voix pour être élu. Membre du comité régional du PCF durant de nombreuses années, il fut aussi, à l’époque du Front populaire, membre du bureau régional. Il fut délégué au congrès de Villeurbanne en janvier 1936 et à la conférence nationale des 12-14 juillet 1936 à Paris.

L’autobiographie qu’il rédigea le 4 novembre 1937 pour la commission des cadres apporte des informations sur la présence durable d’un courant trotskyste : « Pendant plusieurs années le groupe trotskiste de Neuves-Maisons qui existe toujours a essayé de m’entraîner à eux. Pour cela, Paget, Florense, ont fait venir Moulinier de Paris, que j’ai refusé de recevoir chez moi. Les trotskistes ont un bon noyau chez les mineurs de Neuves-Maisons, mais n’ont pas grande influence sur la masse. Je suppose que le Cde Lebrun socialiste, secrétaire des Métaux de Neuves-Maisons est influencé par les trotskistes et son bras droit Florense en est un pur. Un autre socialiste Paul Viey, ancien membre de notre parti, secrétaire de la section syndicale des mineurs de Roches et Messin est aussi un troskiste notoire. Ce que je pense des troskistes, c’est que c’est une bande de terroristes, de provocateurs, qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour nuire au développement de notre parti, et qui même une campagne de diffamation contre nos militants de la base, pour essayer de les discréditer auprès des travailleurs ».

Arrêté le 15 avril 1940 pour reconstitution du Parti communiste, Camille Thouvenin s’évada en juin suivant de Fontenoy-le-Château (Vosges) où il avait été interné. Avec Jean Eggen* et Mario Tinello, d’Auboué, il forma alors le « triangle de direction » du PC au niveau régional, organisant les groupes de l’Organisation spéciale qui devait former par la suite les FTP. Recherché par la police depuis le 5 janvier 1941, il fut arrêté à Auboué le 22 juillet de la même année après un débrayage des mineurs de fer de la mine du Nord-Est à Piennes. Interné à Compiègne, il s’en évada le 22 juin 1942 avec dix-huit responsables clandestins du PC (voir Georges Cogniot* et André Tollet*). Résistant en Normandie, à Grenoble, puis dans l’Ariège, il participa en 1944 à l’organisation de l’insurrection dans ce département et fut vice-président du comité départemental de Libération.

De retour en Meurthe-et-Moselle en 1945, Camille Thouvenin fut le premier médaillé de la Résistance du département. Élu secrétaire permanent de l’UD-CGT en février 1946 puis, en juillet suivant, secrétaire général de l’UD après le départ d’Alfred Klein*, il resta à ce poste jusqu’en 1949. Conseiller municipal de Chaligny de 1945 à 1947, il écrivit dans Le Réveil ouvrier et La Lorraine ouvrière et paysanne de nombreux articles, parfois signés « T. Hache ».

Sa femme, Marie Gaudel, était originaire de Chaligny. Elle avait travaillé à l’usine de Neuves-Maisons puis à la tricoterie de Chaligny. Ils avaient trois enfants vers 1919, 1923 et 1925.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132620, notice THOUVENIN Camille, Léon dit HACHE T par Étienne Kagan, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 octobre 2019.

Par Étienne Kagan, Claude Pennetier

Camille Thouvenin
Camille Thouvenin

SOURCES : RGASPI, 495 270 2157 : Champigny, le 4 novembre 1937. — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 1 M 651-652, 3 M 93 et 95, 3 M 112, 10 M 86. — Le Réveil ouvrier, 1925-1939 et 1945-1949. — La Lorraine ouvrière et paysanne, 1925-1932. — L’Est ouvrier et paysan, 1933-1935. — La Voix de l’Est, 1935-1939 et 1944. — André Tollet, Le souterrain, Editions sociales, 1986. — Témoignage de C. Thouvenin. — Jean-Claude Magrinelli, L’affrontemant, Kaïrpos/Histoire, sd, Nancy.

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