TITEUX Camille, Pierre

Par Gilles Morin

Né le 5 mars 1910 à Gespunsart (Ardennes), mort le 3 juillet 1978 à Revin (Ardennes) ; ajusteur, syndicaliste , maire de Revin, conseiller général et président du conseil général, député socialiste des Ardennes (1951-1958).

Fils d’un cloutier, Camille Titeux fréquenta l’école primaire de Gespunsart dont il sortit avec son Certificat d’études primaire, puis entra à onze ans dans la vie active. A dix-huit ans, il s’engagea comme volontaire sur le torpilleur Le Boulonnais, jusqu’en avril 1933. A sa libération de la Marine, il fut embauché chez Arthur-Martin à Revin comme ouvrier d’entretien puis passa ajusteur-outilleur. Il adhéra aux Jeunesses socialistes et au Parti socialiste SFIO en 1934 et fut secrétaire du syndicat des Métaux de Revin de 1935 à 1938.

En septembre 1939, Camille Titeux fut mobilisé dans la Marine, le 26 avril 1940 sur le contre-torpilleur Gerfaut. Démobilisé le 20 juillet 1940, il se réfugia à Lourdes jusqu’à la fin février 1941. Rentré dans les Ardennes il participa immédiatement à la Résistance au sein du réseau Libération-Nord et fut réfractaire au STO La carrière politique de Camille Titeux commença véritablement à la Libération.

Elle fut tout d’abord départementale. Membre du comité local de Libération, il fut désigné, le 2 septembre 1944, par le préfet comme membre de la délégation communale, puis fut élu comme président de la délégation ; il fut chargé des fonctions de maire provisoire. En mai 1945, Camille Titeux fut élu maire de la ville — il le resta jusqu’en 1971 — et conseiller général (pour le canton de Fumay jusqu’en 1973, pour le canton de Rumigny à partir de cette date). Il fut président du conseil général de 1967 au 3 octobre 1973. Après son élection comme maire provisoire, il resta quelques temps chez Arthur-Martin où il mit sur pied un comité d’entreprise qui permit aux ouvriers d’avoir un salaire nettement supérieur à ceux pratiqués dans la région. Les horaires étant incompatibles avec son mandat municipal, il trouva un emploi de contractuel à l’Office du travail et de la main-d’œuvre (bureau de Revin), à partir de 1945 jusqu’à son élection de député.

Sa carrière nationale fut beaucoup plus courte. Présenté par la Fédération socialiste des Ardennes, malgré son opposition à l’apparentement avec le MR., Camille Titeux fut élu député en 1951. Au sein du groupe socialiste où les anciens ouvriers étaient rares il fut choisi comme responsable de la commission du travail et présida la commission du travail et de la Sécurité sociale de l’Assemblée nationale. C’est à ce titre qu’il fit adopter, le 23 février 1954, l’extension de la Sécurité sociale aux étudiants et, en 1956 la suppression des abattements de zones de salaires.

Durant ces années, Camille Titeux participa activement à la vie intérieure de son parti. Après avoir signé une motion pour le congrès national de 1952, il se présenta à l’élection au Comité directeur et arriva en 43e position (il y avait alors 31 élus). Il fut à plusieurs reprises un opposant actif à la politique de Guy Mollet*. Lors de la crise de la CED il vota la question préalable qui entraîna le rejet du projet et vota contre les accords de Londres et Paris au début de 1955, ce qui lui valut d’être exclu avec seize autres députés. Il se refusa à faire amende honorable, de signer un engagement à respecter la discipline, en disant être toujours discipliné sur toutes les autres questions, mais. Il joignit à sa réponse à Guy Mollet une lettre de démission à transmettre au président de l’Assemblée nationale, le 12 février 1955. Défendu énergiquement par sa fédération, il fut réintégré par le 47e congrès national (juillet 1955) et réélu député le 2 janvier 1956.

Dès avril 1956, Camille Titeux se montra hostile à la politique algérienne de la direction socialiste. Pourtant, rédacteur au Réveil ardennais, il devait écrire à la veille du congrès de Toulouse de juillet 1957 qu’il s’était abstenu de s’exprimer sur ce sujet dans son journal durant près d’un an. A partir de janvier 1957, il fut l’un des cinq membres du bureau du Comité socialiste d’étude et d’action pour la paix en Algérie, instrument de la minorité qui se prononçait pour le droit à l’indépendance, dans le texte préparatoire au congrès de Toulouse.

Élu par ses pairs vice-président du groupe socialiste en octobre 1956, Camille Titeux devait abandonner ce mandat après avoir refusé de renouveler les pouvoirs spéciaux à Robert Lacoste*, le 17 juillet 1957. Le 1er juin 1958, il vota contre le retour au pouvoir du général de Gaulle. Mais en septembre 1958, il ne suivit pas ses amis minoritaires qui firent scission pour former le PSA et demeura à la SFIO. Battu aux élections de novembre 1958 alors qu’il était immobilisé par une fracture du col du fémur, il devint assistant fédéral de la SFIO Puis il retourna chez Arthur-Martin, comme attaché commercial au département des cuisines collectives à Loos-les-Lille (Nord).

Camille Titeux s’était marié avec Jeanne Pierret dont il divorça en 1958, puis se remaria avec Jeannine Thiry. Quatre enfants naquirent dans le premier ménage, trois dans le second.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132750, notice TITEUX Camille, Pierre par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Gilles Morin

SOURCES : Dossiers biographiques de l’Assemblée nationale et de l’OURS — Bulletins intérieurs du Parti socialiste SFIO. — Lettre à Guy Mollet 12 février 1955. — Lettre de Roland Titeux, 25 mars 1985. — Arch. Assemblée nationale. — Les Ardennes syndicales, 1939. — L’Exploité, 1945 et 1946. — Souvenirs de M. Galatry. — Notes d’A. Lebon et d’H. Manceau.

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