TORSSUS Laurent, dit Torcieux

Par Y. Lequin et G. Raffaëlli

Né à Villars (Loire), le 26 janvier 1886 ; mort en 1965 ; ouvrier métallurgiste ; militant syndicaliste de la Loire ; secrétaire de la Bourse du travail de Saint-Étienne (Loire) de 1918 à 1921.

Torcieux travailla d’abord dans la boulonnerie du Chambon-Feugerolles et participa, à la base, aux grèves ardentes de 1906 et de 1910. Renvoyé de son usine, il partit s’installer à Paris tout en gardant le contact avec les milieux syndicalistes de la Loire. Revenu à Saint-Étienne en 1912, il remplaça Liothier au secrétariat du syndicat de la métallurgie, qu’il représenta par ailleurs à l’union départementale. En décembre 1914, il devint secrétaire de l’union des métaux. Bien que syndicaliste-révolutionnaire convaincu, il représentait avec Malot une position modérée et fut en butte aux attaques des militants libertaires groupés autour de Liothier et Rascle, plus portés à l’action antimilitariste qu’à la lutte revendicative ; ceux-ci tentèrent en vain de l’éliminer ; en juillet 1914, il occupait toujours ses fonctions.

Pendant la guerre, il fut embauché à la Manufacture d’armes, mais resta fidèle à ses convictions : dès janvier 1915, il organisa des réunions clandestines de l’Union des Métaux et fit parvenir aux journaux des communiqués sous le pseudonyme de Lamant ; hostile dès la première heure à l’Union sacrée, il était, en 1916, en relations avec Merrheim et reconstitua le syndicat avec une douzaine de militants. Délégué à l’UD en 1917, considéré par les autorités comme pacifiste, il contribua par sa participation à toutes les réunions des organismes dirigeants de l’UD, ainsi qu’à l’organisation du mouvement revendicatif de 1917. En mai 1918, bien que malade, il se déclara gréviste : il fut arrêté et envoyé à Moulins, puis à Épinal et enfin mobilisé dans une usine de la Somme où il resta un mois, puis à Lyon où il travailla dans les chemins de fer. Revenu à la fin de 1918, Torcieux reprit avec Dieu le secrétariat du syndicat des Métauxet fut élu secrétaire de la Bourse du Travail de Saint-Étienne en janvier 1919 malgré une première prise de position contraire à son syndicat, hostile à la réélection des permanents, le 15 janvier 1920, par 25 voix sur 30. Très hostile au maire Soulier, il n’accepta la subvention municipale que si elle ne lui était pas nécessaire pour assurer son traitement. Il réprouva le « chahut » lors du meeting de Jouhaux à Saint-Étienne en février 1920, mais refit cause commune avec les minoritaires pour critiquer le bureau confédéral de la CGT. Responsable du comité de grève en mai 1920, il organisa la solidarité, notamment les « soupes communistes ». Il participa aux luttes de soutien à la Révolution soviétique.

Malade, il cessa ses activités de permanent de la Bourse du Travail en décembre 1920 et démissionna en janvier 1921, consacrant son activité au syndicat des Métaux et au Comité syndicaliste révolutionnaire auquel il avait adhéré en novembre 1920. Ayant voté contre le rapport moral au congrès national confédéral CGT d’Orléans (septembre-octobre 1920) mais pour l’adhésion avec réserves à la IIIe Internationale « dont il (voulait) connaître auparavant les principes et les directives », il contribua après le congrès de Lille (juillet 1921), au ralliement des Métaux à la CGTU. Mis à l’index par le patronat stéphanois, il demeura quelque temps sans travail avant de devenir concierge du Conservatoire de musique. En 1925, devenu employé de la municipalité de Saint-Étienne, « il passa à l’autonomie » (voir Urbain Thévenon*) et adhéra au « groupement départemental de défense syndicaliste de la Loire ».

Du 23 octobre 1934, date de la création du syndicat unique des employés municipaux de Saint-Étienne, à 1937, il en fut le secrétaire général et milita à partir de 1934, au sein de la CGT, pour la réunification syndicale. En tant que secrétaire général, il était assisté de Bonnet*, ex-CGTU, secrétaire adjoint, et de Munier*, trésorier. En 1934, au cours du congrès de l’UD confédérée, il vota contre le rapport moral de Rosier car « trop hostile à toute tentative de liaison avec les syndicats unitaires ».

Il fut jusqu’en 1937 secrétaire du syndicat des employés municipaux et se retira en 1951 avec une maigre retraite.

Pour Thévenon, « il représentait le militant type du syndicalisme révolutionnaire, fidèle aux principes de l’indépendance du syndicalisme, de l’action directe et de l’internationalisme prolétarien ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132848, notice TORSSUS Laurent, dit Torcieux par Y. Lequin et G. Raffaëlli, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Y. Lequin et G. Raffaëlli

SOURCES : Arch. Nat. F7/13026, 13274, 13371. — Arch. Dép. Loire, 9 M 8, 19 M 3, 38, 39, 58, 92 M 251, 93 M 8, 9, 10, 11, 55. — Le Cri du peuple, 3 novembre 1934. — La Tribune républicaine, 12 février 1925. — L’Écho syndicaliste, décembre 1934. — La Révolution prolétarienne, décembre 1965. — Papiers Thévenon. — G. et M. Raffaëlli, Le Mouvement ouvrier contre la guerre dans la Loire (1914-1920), M.M., Nanterre, 1969.

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