TOURNIER Albert, Adrien (orthographié parfois TOURNIÉ)

Fils d’un cultivateur devenu mineur, Albert Tournié fréquenta l’école primaire des frères jusqu’à treize ans. Il travailla aux houillères de la société Commentry-Fourchambault-Decazeville comme mineur, piqueur et cantonnier à la mine. Dès 1912, il rejoignit les Jeunesses socialistes, fut fondateur les JS d’Aubin Cransac et en fut trésorier en 1912-1913. En 1919, il était gérant du Syndicaliste, journal animé par G. Verdier. L’année suivante, il lutta pour l’adhésion à la IIIe Internationale qui fut votée au congrès fédéral du 19 décembre, avec 61 % des voix.

Devenu secrétaire du syndicat CGTU des mineurs de Decazeville en 1922, Albert Tournié dut combattre la forte influence de la CGT. En 1925, son organisation ne groupait que trois cents adhérents contre onze cents à la CGT. Deux ans plus tard, le syndicat affirmait avoir placé 413 cartes, mais un rapport de police de juillet 1932 n’indiquait que 233 adhérents. Le premier succès unitaire fut l’élection de Tournié comme délégué mineur de la circonscription de Miramont, en 1926. Il visita l’URSS en 1928 et étudia pendant trois mois la vie des mineurs soviétiques. En février 1929, son syndicat mena une grève de trois semaines avec pour revendication principale, « les cent sous par jour ». Tournié était également secrétaire de l’Union locale CGTU de Decazeville, affiliée à la 24e Union régionale unitaire.

En juillet 1927, l’UL regroupait les sections syndicales des mineurs de Cransac, Firmi, Decazeville, Combes, la section des Métaux de Decazeville et le syndicat des cheminots de Capdenac (voir Farrussin* et Gabriel Rey*). La 24e UR ayant été décentralisée, Albert Tournié fut élu le 19 février 1933 secrétaire de l’Union départementale de l’Aveyron (voir Marcel Raynal*).

Militant communiste, Albert Tournié passa en justice pour activités antimilitaristes en janvier 1930 ; sa peine ayant été confirmée par la cour d’appel de Montpellier, il fut arrêté le 30 juin et emprisonné pendant trois mois à Rodez. En 1932, Tournié fut candidat communiste dans la circonscription de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) et recueillit 1 848 voix sur 27 637 inscrits au premier tour, 768 au second ; Paul Ramadier* fut élu. Selon un rapport de police du 4 juillet 1932, Tournié assurait le secrétariat du rayon de Decazeville groupant cinq cellules et 115 adhérents (voir Henri Boyer* et Louis Palat*) et le secrétariat de la cellule de Decazeville forte de trente adhérents.

L’influence de la CGTU et d’Albert Tournié s’était renforcée dans les années 1934-1935, et, le 27 octobre 1935, à l’assemblée de fusion des syndicats de mineurs, il fut élu secrétaire général, le confédéré Albert Rieux* devant se contenter du secrétariat adjoint avant de céder ce poste à André Cayrol*. Tournié fut délégué au VIIe congrès CGTU (Issy-les-Moulineaux, septembre 1935) et au congrès CGT de Nantes en 1938. En 1936, il prit une part active à la solidarité avec l’Espagne républicaine.

Arrêté le 17 décembre 1940, en même temps que Marcel Raynal, Louis Palat, Marcel Régis, il fut interné dans les camps de Rivel (Aude), Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), puis déporté en Afrique du Nord aux camps de Djelfa (mai 1941), Bossuet (1943) et Djirieu-Bourescq. Il rentra en France le 20 octobre 1944.

A son retour de déportation, Albert Tournié devint membre du conseil national de la Fédération du Sous-sol et retrouva le secrétariat général du syndicat des mineurs de Decazeville. En 1947, il abandonna ses responsabilités pour raisons de santé, mais resta membre du conseil syndical.