TOUZET Adolphe, Nicolas

Par Claude Pennetier

Né le 5 septembre 1887 à Sainte-Croix des Bèzena (Espagne) ; vendeur ; militant communiste responsable de la MOI et de la section coloniale ; coopérateur.

Adolphe Touzet était le fils d’un mécanicien des chemins de fer, (mort en 1901), licencié après avoir dirigé une grève des cheminots, et devenu camelot. C’était un libre penseur alors que sa femme était croyante.

Avant guerre, Touzet adhéra en 1906 à la CGT. Sympathisant socialiste, il lisait "des articles guesdistes" et se souvenait d’un brochure de Clovis Hugues. Il adhéra en 1913 à la Franc-maçonnerie ("comme beaucoup de sympathisants socialistes") mais après-guerre, il n’y mit plus les pieds, déclara-t-il en 1933, vu son caractère "antiprolétaire".

Demeurant à Paris (XVIIIe arr.), Adolphe Touzet, après avoir fait son service militaire en 1908-1910, fut mobilisé pour la durée de la Première Guerre mondiale. Prisonnier en Allemagne pendant quatre ans, il travailla d’abord comme cultivateur pendant deux ans. En 1916, il aurait (selon son autobiographie de 1933 et ses propres termes) "organisé l’agitation pour chasser le Kaiser" surtout parmi les paysans, connu alors les moqueries des socialistes français prisonniers et noué des contacts avec des sociaux-démocrates allemands. Condamné au travail forcé dans une usine allemande, il en sortit en 1918, un mois avant la révolution spartakiste.

A son retour, Adophe Touzet travailla dans une usine des Ternes et dans un atelier de fabrication de chaises puis fut vendeur aux magasins « Le Printemps »,d’où il fut licencié pour « propagande révolutionnaire » ; il avait organisé une cellule, créé une feuille communiste et fondé une section syndicale CGTU. Il devint ensuite représentant d’une maison de tissus du Sentier. Membre du Parti communiste, il se consacra pendant deux ans à des activités politiques comme permanent de l la MOI. Il avait en effet adhéré au Parti communiste au lendemain du congrès de Tours. Il milita avec Armand Pillot à la cellule 185 du rayon du XIXe arr. En 1923, il était secrétaire adjoint de la 18e section puis membre du bureau du 18e rayon. En 1925, il participa à une tournée de propagande du SOI.

En juin 1927, Adolphe Touzet fut élu président de la commission de la main-d’œuvre étrangère au comité de la Région parisienne du PC. Dans le Bulletin régional (novembre-décembre 1927), il insista sur l’importance de la Main-d’œuvre immigrée (MOI) dans la région parisienne et mobilisa les militants contre la répression subie par les « camarades étrangers ». Il préconisa la formation de sous-comités de langue au sein des comité de chômeurs.

A partir de mars 1928, Adolphe Touzet fut secrétaire adjoint de la commission coloniale du PC. Membre du VIIIe rayon du PC, il présidait le conseil d’administration de la chorale de la région parisienne et appartenait à la section du XVIIIe arr. de l’ARAC.

Candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1928 dans la 1re circonscription du XVIIIe arr. de Paris (quartier des Grandes-Carrières), Touzet recueillit 3 647 puis 2 674 voix sur 22 309 inscrits. Aux élections municipales de 1929, dans le même quartier, il obtint 2 934 puis 2 042 voix sur 22 923 inscrits.

Dans le PC, il se prononça contre "Souvarine, Fabre, Treint et Suzanne Girault et contre le trotskysme". Il participa à diverses conférences de 1927 à 1929, à l’organisation de la grève Renault de 1927. Dans la CGTU, il organisa les travailleurs de la Nouveauté, en province et à Paris, et se consacra ensuite aux travailleurs de l’Alimentation.

En mars 1929, Adolphe Touzet fut interpellé lors de la conférence de la Région parisienne du PC tenue salle Reflut à Clichy (Seine). Voir Maurice Ancelle.

Aldolphe Touzet fit neuf mois de prison préventive à la Santé et reçut un blâme du parti pour non participation à une grève de la faim des emprisonnés du "complot" et "avoir mangé à l’insu des camarades grévistes". Il travailla par la suite à la coopérative La Famille nouvelle et fut membre de la CA de la Coopérative l’Indépendance.

À la suite de son autobiographie du 28 septembre 1933, la commission des cadres lui reprocha son silence sur les luttes politiques de la Région parisienne en 1928-1929 et sur les "grèves auxquelles il a participé". Elle rappelait son appartenance passée à la franc-maçonnerie, ses désaccords politiques lorsqu’il fut responsable de la MOI, une orientation sectaire et une certaine instabilité politique. Elle déplorait son silence sur les incidents de la Santé lors de la grève de la faim, cependant une note surajoutée indiquait à ce sujet "à ne pas utiliser". Un communiqué du comité central indiquait que Touzet, alors membre de la cellule de Villette de la Famille nouvelle, avait été entendu par une commission d’enquête et avait promis de venir à une seconde séance mais, il ne s’était pas présenté et avait annoncé l’envoi d’une déclaration au bureau politique ce qui n’avait pas été fait. Le CC décida alors l’exclusion mais son texte dactylographié portait "à garder, peut-être appel". La décision parut dans l’Humanité du 17 mars 1935. Les raisons invoquées étaient, outre son comportement à la Santé, d’avoir des relations suspectes avec les Croix de Feu qui auraient attaqué la Famille Nouvelle et d’avoir fait un travail de discrédit et de dénigrement haineux envers des camarades responsables.

On ignore son devenir politique et social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132997, notice TOUZET Adolphe, Nicolas par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 18 septembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 5131, autobiographie du 28 septembre 1933 (A1), communiqué d’exclusion, mars 1935. — Arch. Nat. F7/ 13119. — Le Temps, 7 et 14 mai 1929. — LHumanité, 18 mars et 23 avril 1929.

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