TRICOTEAUX Romain [TRICOTEAUX Eugène, Romain]

Par Justinien Raymond

Né le 27 septembre 1876 à Longchamps (Aisne) , mort le 31 août 1933 à Saint-Quentin (Aisne) ; ouvrier coiffeur puis représentant de commerce ; maire et député socialiste de Saint-Quentin.

Ouvrier coiffeur dans sa jeunesse, Romain Tricoteaux milita au syndicat de sa corporation et fut, sur le plan national, le collaborateur d’Alexandre Luquet*. D’ailleurs, il organisa une coopérative de coiffeurs.

Président de la Fédération de l’Aisne de la Ligue des droits de l’Homme, membre du Parti socialiste SFIO, il devint conseiller municipal en 1910 puis conseiller d’arrondissement en 1912. Il se préoccupa de la mise en route d’une des premières sociétés d’habitations à bon marché.

Romain Tricoteaux joua un rôle essentiel dans sa ville envahie pendant la Première Guerre mondiale, organisant l’évacuation et fournissant à des compatriotes recherchés de fausses cartes d’identité. Arrêté en 1917, il fut mis au secret, enfermé à Charleroi, à Givet puis à Aix-la-Chapelle jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. Il retrouva sa ville qui comptait 14 000 maisons détruites. Élu maire en décembre 1919, il mena à bien l’œuvre de reconstruction. Demeuré au sein du Parti socialiste SFIO après la scission de Tours, il fut aussi un reconstructeur de la Fédération de l’Aisne. Il se soucia également du développement des jardins ouvriers et de la lutte contre la tuberculose. Il accéda aux fonctions de président du conseil d’arrondissement.

Aux élections législatives de 1924, la Fédération socialiste de l’Aisne se divisa sur la tactique à suivre et n’eut aucun élu. Tandis qu’une liste socialiste SFIO de huit candidats menée par Olivier Deguise* recueillit 6 099 voix de moyenne, Léon Ringuier*, Henri Guernut* et Romain Tricoteaux, tous trois socialistes, figuraient sur une liste du Cartel des gauches. Ce dernier obtint 35 366 voix. En 1928, avec le retour au scrutin uninominal, il fut élu député de la 1re circonscription de Saint-Quentin. Il était en tête au 1er tour avec 4 767 voix, devant Raoul Braun*, républicain de gauche (4 517), François Pourquié*, communiste (2 591) et Hugues, radical-socialiste (1 466) qui se retira. Au ballottage, Tricoteaux battit ses deux adversaires par 6 938 voix contre 5 334 et 993. A la Chambre, il appartint à la commission des régions libérées.

Romain Tricoteaux qui avait été réélu maire de Saint-Quentin à la tête d’une liste de Cartel des gauches en mai 1925 et mai 1929, se trouva en août 1930 dans une situation délicate face à la grève de 5 000 ouvriers du textile. Les grévistes lui ayant demandé de ne pas se dessaisir, au profit de la préfecture de son pouvoir de police, il les menaça de les abandonner si la liberté du travail n’était pas respectée. Cette attitude fut mal admise et en octobre 1931, ce fut de justesse que Tricoteaux fut réélu conseiller d’arrondissement. Cependant, en 1932, il retrouva au second tour son siège de député. Sur 15 497 inscrits, il rassembla 5 548 voix devant Braun (4 598), Robert Bos, conseiller municipal du Ve arr. de Paris, radical-socialiste (1 633) et Combier, communiste (1 758). Ce dernier se maintint mais perdit plus de la moitié de ses voix. Robert Bos se désista pour Tricoteaux qui l’emporta sur Braun par 7 173 voix contre 5 397.

Malade depuis plusieurs mois, Romain Tricoteaux mourut subitement. L’émotion fut considérable à Saint-Quentin. Ses obsèques rassemblèrent vingt mille personnes et de nombreux discours y furent prononcés par Angelo Chiappe, le préfet, M. Farde, au nom de la Fédération socialiste de l’Aisne, etc. Un film des obsèques fut réalisé puis offert à la municipalité. En 1935, un buste de Romain Tricoteaux fut érigé dans le quartier, près de la gare, qu’il avait entièrement rénové. Il était chevalier de la Légion d’honneur.

Son fils, Maurice Tricoteaux, fut un actif militant socialiste de Saint-Quentin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133129, notice TRICOTEAUX Romain [TRICOTEAUX Eugène, Romain] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 29 novembre 2017.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Aisne. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Com. Saint-Quentin. — Jean Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français, 1889-1940, Paris, PUF, — La Vie socialiste, 7 octobre 1933. — Les Tablettes de Saint-Quentin, 1933. — A. Merckse, La Gestion de la municipalité de Saint-Quentin entre 1919 et 1939, Mémoire de Maîtrise, Lille, 1968.

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