Par Albert Ayache.
Né le 10 octobre 1909 à Oran (Algérie) ; militant syndicaliste et communiste au Maroc.
Fils d’un boulanger, frère d’Alexandre Urios*, Amédée Urios arriva en 1917 à Oudjda (Maroc) avec son père, mutilé de guerre, qui avait été engagé comme surveillant dans un chantier itinérant de travaux publics avant d’entrer aux chemins de fer militaires (CFM). Après des études primaires et une année de collège, Amédée Urios devint magasinier puis employé de bureau. Appelé pour le service militaire à Oran (avril 1930-mars 1931), libéré, il ne retrouva pas son emploi. Avec d’autres sans-travail, qu’il avait regroupés dans un comité de chômeurs, il multiplia les manifestations dans la ville jusqu’à ce que la municipalité ait accepté d’accorder des secours hebdomadaires en attendant un emploi. Devenu en 1932 homme d’équipe au magasin principal d’habillement de l’armée, il adhéra à l’Amicale des travailleurs de l’État d’Oudjda. En janvier 1933, il en fut le secrétaire, et en 1935 assista au congrès des travailleurs de l’État (CGT) à Casablanca où il connut le secrétaire général de l’Union départementale, Albert Hivernaud*. Dans ce congrès tout était français : les délégués, les revendications, les préoccupations politiques (fascisme et Front populaire), jusqu’au moment où fut soulevée la question du droit syndical pour les Européens et les Marocains. Amédée Urios considéra alors qu’il devait faire plus que du syndicalisme.
L’exemple et l’enseignement de son père le poussaient dans cette voie. Son père, qui avait été secrétaire de son syndicat à Oran avant 1914, puis en 1926, avec Marcel Faurant* et Jean Fardel*, un des fondateurs de la section socialiste d’Oudjda, avait raconté à Urios enfant les événements de la Révolution d’octobre 1917 et lui avait expliqué que la guerre du Rif, si directement perçue au Maroc oriental, était une guerre de libération nationale. Revenu à Oran en 1930, Urios devint permanent de la Bourse du Travail, adhéra au Parti communiste d’Algérie, tandis que son frère, Alexandre, devenait secrétaire des Jeunesses communistes.
Alors Amédée Urios, avec d’autres camarades, chercha et obtint des adhésions parmi les Marocains pour qu’ils exprimassent et défendissent leurs revendications. Il s’inscrivit aux Jeunesses socialistes tout en informant M. Faurant qu’il était communiste. En 1936, il participa à l’organisation de l’Union locale des syndicats (CGT) et en janvier 1937 à celle du rayon d’Oudjda du Parti communiste qui cherchait à s’appuyer sur des Marocains.
En cette année 1937, le cours des activités d’Urios se modifia. Il fut embauché en mars aux chemins de fer du Maroc puis nommé en novembre à Taza. Ses rapports avec Jean Thoyer* et les communistes de la localité furent orageux et il rompit avec eux. Mais il fut choisi comme secrétaire de l’Union locale et comme secrétaire du syndicat des cheminots de Taza.
Comme son action et ses opinions n’étaient pas passées inaperçues, Amédée Urios fut perquisitionné à la déclaration de guerre en septembre 1939. Le 20 juin 1940, après la capitulation, il fut arrêté, révoqué, interné à Bou Denib dans le Sud Marocain et y demeura jusqu’au 15 juillet 1942. Libéré, il participa à Casablanca aux deux premiers comités centraux du Parti communiste renaissant, en septembre et décembre 1942.
Par Albert Ayache.
SOURCES : A. Ayache, « Les Communistes du Maroc et les Marocains », Cahier n° 3 du Mouvement social, 1978. — Lettres d’Amédée Urios à A. Ayache et récit autobiographique « Chemin faisant 1909-1939 ».