VADEZ Barthélemy

Né le 20 mai 1864 à Saint-Jean-aux-Bois (Ardennes, mort le 7 août 1949 à Suberteau, commune de Saint-Jean du Bois (Ardennes) ; professeur ; militant socialiste et syndicaliste de l’Oise, de l’Ain, de la Nièvre et de la Meurthe-et-Moselle.

L’état civil permet de suivre l’itinéraire professionnel du socialiste Barthélémy Vadez.
Le 11 décembre 1886, il se maria à Deville (Ardennes) avec Mathilde Michel Vadez, née à Vaucouleurs (Meuse) le 31 mars 1863, fille de mouleur. Il était alors instituteur adjoint domicilié de fait à Rimogne et de droit à Deville.
Au moment de la naissance de sa première fille Raymonde en 1887 à Harcy (Ardennes), Barthélemy Vadez enseignait l’école de la Richolle, un écart du village d’Harcy où une véritable cité ouvrière s’était bâtie en pleine forêt.
En 1888, il fut nommé à l’école de Sorendal (Ardennes) comme de Les Hautes-Rives (Le Petit Ardennais n° du 9 mars 1888). En avril 1889 , naquit son fils Georges Lucien Auguste aux Hautes-Rivières. En février 1891 ce fut le cas de Louis Léon Gaston Paul Lucien Vadez aux Hautes-Rivières. Cet enfant fut maire socialiste de Calais du 15 mai 1935 au 2 septembre 1939, mandat interrompu par la mobilisation.
Le 4 février 1893, remariage de Barthélémy Vadez (veuf) à Paris IVe arr. avec Juliette Aimée Marie Desoubry) née à Pars le 1er mai 1860, fille d’un ferblantier et d’une giletière.
En février 1894 naquit son fils Julien Henri à Sorendal. Il fut dessinateur aux chemins de fer de l’est. Sergent au 37e régiment d’infanterie, il fut tué le 1er juillet 1916 à Curlu dans la Somme.
En mai 1896 naquit son fils Henri Georges à Saint-Marceau (Ardennes) où ses parents fut domiciliés. Condamné à de très nombreuses reprises pour vol, port d’armes prohibé, ivresse, violation de domicile et vagabondage. Manœuvre, il fut mobilisé en 1940 mais déclaré insoumis et arrêté par la gendarmerie de Provins avant d’être rayé de l’insoumission. Il mourut à Paris le 29 octobre 1958.
En mai 1896 naquit Thérèse à Saint-Marceau (Ardennes) où ses parents étaient toujours domiciliés.

Barthélémy Vadez. fut instituteur dans la Nièvre entre octobre 1905 et 1908. Il aurait d’abord travaillé comme son père, « sur les chantiers de bois » dans les Ardennes jusqu’en 1880, puis à Lyons-la-Forêt (Eure) et Rosay-sous-Bellencombre (Seine-Inférieure) en 1881 et 1882, comme comptable. Il passa ensuite ses deux brevets et son CAP d’instituteur, puis le professorat d’École normale dans l’ordre des Lettres. Il semble avoir eu une carrière enseignante agitée par suite de quelques démêlés avec ses supérieurs hiérarchiques, à Beauvais (Oise), puis à partir de 1898 à Oyonnax (Ain), où, parallèlement à ses fonctions officielles, il aurait été le directeur fondateur d’une école municipale de dessin ; en 1904, il fut élu au conseil départemental de l’Instruction publique de l’Ain. Militant actif, il participa à des congrès syndicaux d’instituteurs (plus justement congrès amicalistes) à Marseille, à Lille où il prôna l’éducation mixte, prise de position qui lui fut vigoureusement reprochée dans la Nièvre. Il présida aussi la section de la Ligue des droits de l’Homme d’Oyonnax et, en 1905, il adhéra au Parti socialiste. La même année, une lettre de protestation contre un inspecteur, adressée au ministère de l’Instruction publique, lui valut d’être déplacé à Decize (Nièvre) où il arriva en octobre, en qualité de directeur de l’EPS ; marié, il avait alors six enfants. Il créa à Decize le « Sou des écoles laïques », destiné à aider les élèves pauvres.

Dès son arrivée dans la Nièvre, il se signala par une campagne en faveur de deux ouvriers inculpés d’incendie volontaire au cours d’une grève à Saint-Léger-des-Vignes, campagne qui déchaîna contre lui les attaques de la presse modérée et conservatrice. Propagandiste fervent du socialisme, il fit des conférences et publia de nombreux articles dans L’Observateur du Centre, journal socialiste régional. Il tint dans ce journal la « chronique de l’enseignement » et y dénonça les influences abusives du radicalisme dans l’enseignement primaire et les atteintes à la laïcité ; il présentait « l’instituteur de demain qui doit être évolutionniste, solidariste, socialiste, collectiviste, syndicaliste ». Le 3 novembre 1906, à la Maison du Peuple de Nevers, il tint une réunion d’instituteurs publics pour jeter les bases d’un syndicat dans la Nièvre ; il fut membre de la commission élue pour rédiger les statuts et prendre contact avec la Fédération des instituteurs.

En janvier 1906, le 9e congrès départemental du Parti socialiste l’avait désigné comme candidat aux élections législatives pour la circonscription de Clamecy. Malgré une campagne active, en particulier auprès des bûcherons sur les voix desquels il comptait, il n’obtint au premier tour que 1 014 voix sur 16 334 votants ; il se retira au second tour.

Cependant, son activité débordante lui valut de multiples ennuis et, dès janvier 1906, certains demandèrent son déplacement, vainement il est vrai ; mais sa personnalité, son passé étaient l’objet de multiples attaques. Ses adversaires arrivèrent à leurs fins, puisque en janvier 1907, des poursuites disciplinaires furent de nouveau engagées contre lui, bien que, quelques semaines plus tôt, les socialistes nivernais eussent manifesté leur intention de ne plus le mettre au premier rang, afin de lui éviter toute complication avec l’administration. On lui reprocha ses articles, son activité de militant, et aussi de s’absenter sans autorisation ministérielle.

En février 1907, le conseil départemental de l’Instruction publique, retenant contre lui les absences sans autorisation (entre octobre 1906 et janvier 1907), se prononça pour son déplacement d’office. Nommé directeur à l’EPS de Die (Drôme), il ne rejoignit pas son poste et, momentanément, cessa d’exercer. Il continua à collaborer à L’Observateur du Centre (chronique de l’enseignement, article anticolonialiste), participa aux réunions du comité fédéral socialiste, et, en juillet 1907, fut choisi comme candidat socialiste aux élections au conseil d’arr. pour le canton de Decize ; il était dit alors « négociant ». Il fut élu au premier tour avec 1 390 voix ; il fut aussi élu président du Conseil d’arrondissement de Nevers.

En mars 1908, il était réintégré dans l’enseignement et nommé professeur à Nancy. Il conserva quelque temps encore des liens avec la Nièvre et siégeait toujours au conseil d’arr. En Meurthe-et-Moselle, il donna de nombreuses conférences, collabora au Travailleur socialiste et fut candidat aux élections législatives de 1910 et 1919.
En 1914, lors du mariage de son fils Georges, Lucien, Auguste, il était mentionné "Professur à lécole primaire supérieure de Perpignan".

1922 : Vadez touche une pension de retraite à partir de 1922 après « 37 ans et 7 mois de services ». La pension s’élève à 2733 fr sans compter les majorations (Journal officiel du 9 août 1922).

À propos de son poste de président de la Jeunesse cycliste nancéienne : « Le départ de M. Chenel marqua l’avènement éphémère de M. Vadez, professeur à la voix grave, à la barbe impressionnante et noire comme le milieu d’un tunnel. Le « citoyen » Vadez menait de front la politique et le sport qui lui apparaissaient comme deux excellentes méthodes d’éducation pour la démocratie : former un esprit sain dans un corps robuste. Il ne fit que passer. » (L’Est Républicain du 27 août 1926, p.4).

Il décéda le 7 août 1949 au Suberteau, commune de Saint-Jean-des-Bois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133368, notice VADEZ Barthélemy , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 9 février 2022.
Images de la Semoy avant la Grande Guerre, éditions des Terres ardennaises, 1992, page 98.
Transmis par Eric Delafaite.

SOURCES : Arch. Dép. Nièvre, série M, élections de 1906, Journal La Tribune de septembre 1909 (note de Mickaël Boudard). — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., p. 393-397 et p. 419-420. — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, p. 997. — L’Observateur du Centre, journal de la fédération socialiste de la Nièvre, dans le cadre des polémiques autour de la personne de Vadez, n°s des 17 novembre et 1er décembre 1906. — Le Travailleur socialiste, 24-30 avril 1910. — Notes de Loïc Delafaite, mai 2017 et de Michel Vadez, décembre 2017.

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