VAILLANDET Pierre, André

Par François Roux

Né le 13 mars 1888 à Versailles (Seine-et-Oise), mort le 25 novembre 1971 à Toulouse (Haute-Garonne) ; professeur ; secrétaire de la Fédération SFIO du Vaucluse (1926-1929) ; adjoint au maire d’Avignon (1932-1940), député du Vaucluse (1936-1940).

Pierre Vaillandet
Pierre Vaillandet

Fils d’Alfred Vaillandet, professeur, militant socialiste puis communiste, Pierre Vaillandet commença ses études au lycée d’Avignon (Vaucluse), les poursuivit à Bordeaux (Gironde) puis à Paris. Titulaire du baccalauréat (1906), il obtint des certificats de la licence ès-lettres et séjourna pendant trois ans en Allemagne comme assistant. Il fut surveillant d’internat de Bordeaux de 1910 à décembre 1911. Ayant obtenu en 1913 le certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand, non mobilisé, nommé instituteur délégué à l’école primaire supérieure de Dourdan (Seine-et-Oise) la même année, il enseigna à l’EPS de Rambouillet (Seine-et-Oise) en 1916 où il avait un service complémentaire à l’EPS de filles. Il soutint en 1916 un diplôme d’études supérieures à la Sorbonne et prépara plus tard l’agrégation d’allemand mais dut interrompre ses études pour raisons de santé. Reçu en 1919 au professorat de lettres des écoles normales et des EPS, relevant toujours de l’enseignement primaire, il fut nommé à l’EPS de Nancy en 1919. Il demanda un poste de professeur dans une école normale d’instituteurs, nommé en octobre 1921 à l’ENI d’Avignon (Vaucluse) et y enseigna jusqu’en 1940, l’histoire, les lettres, l’allemand et surtout l’anglais. Considéré comme un maître d’une haute conscience professionnelle, il s’était spécialisé sur la Révolution française. Il fut membre du Comité directeur de la Société des études robespierristes jusqu’en 1940.

Veuf, remarié en mai 1917 à Versailles avec une institutrice intérimaire, père de deux enfants, il habitait à Rambouillet (Seine-et-Oise/Yvelines) à partir de 1916.

Membre du Parti socialiste SFIO depuis 1917, Pierre Vaillandet était plus doctrinaire que tribun. Il adhéra en 1921 au Parti communiste mais revint rapidement au Parti socialiste. A l’intérieur de la Fédération socialiste du Vaucluse, sa personnalité fut parfois critiquée et il fut même en rupture de parti de 1929 à 1932. « Ambitieux déçu », notait en 1929 le secrétaire de la section d’Avignon, après sa démission, ajoutant « qu’il fut d’abord socialiste, puis obligé de quitter le Parti communiste, avant de redevenir socialiste ». Il reste qu’il fut longtemps, par la suite, farouchement anticommuniste. Il publia, sous le titre « Bolchevisme et socialisme » (Le Réveil vauclusien, 2 avril 1927), un article où il déclarait : « ... D’un côté, un parti passionnément attaché à la liberté, y compris celle de discuter et de critiquer (...), de l’autre (...) une infime minorité (...) reposant entièrement sur la dictature (...). La IIIe Internationale est une chose russe... » Quelques jours plus tôt, il avait repoussé avec mépris le Front unique proposé par les communistes. « Le Front unique a pour but de masquer le vide de plus en plus lamentable des groupements bolchevistes (...). L’agitation commune ne peut-elle pas profiter au prolétariat ? Erreur ! (...) L’agitation incohérente, verbale et stérile du bolchevisme, les mouvements désordonnés, déclenchés sur des mots d’ordre imposés, loin d’entretenir l’esprit de lutte, rebutent très rapidement les travailleurs » (Le Réveil vauclusien, 26 mars 1927).

De 1924 à 1929, Pierre Vaillandet fut secrétaire de la section socialiste d’Avignon. Élu conseiller municipal avec la liste de Louis Gros*, le 10 mai 1925, il avait rassemblé 5 560 voix (plus que Gros) et devint premier adjoint mais il démissionna le 20 juillet, avec les autres élus socialistes.Il fut sans doute réélu puisqu’il se présentait toujours comme édile en février 1927 en remplissant sa fiche professionnelle. En novembre 1926, il fut élu secrétaire de la Fédération socialiste du Vaucluse, succédant à Paul Gorvel. Rédacteur en chef de l’organe hebdomadaire du parti, Le Réveil vauclusien, il y publia régulièrement des articles de fond. A la section socialiste d’Avignon, il continua à se dresser contre tout Front commun avec les communistes, « qui ne pourrait que désagréger la SFIO ». En juin, au congrès fédéral d’Avignon, il attaqua le projet Paul-Boncour, mais, sur le problème de la réforme électorale, il se montra hostile à la représentation proportionnelle.

Délégué du SNI du Vaucluse en 1927 au congrès national des fonctionnaires qui vota l’affiliation à la CGT, Pierre Vaillandet fut élu à la commission de réforme des fonctionnaires de l’Enseignement public primaire et participa, le 22 mai, au meeting du Cartel confédéral des fonctionnaires du Vaucluse. Le 3 juillet 1927, il fut élu secrétaire fédéral de la Ligue des droits de l’Homme et participa à ce titre aux manifestations des 9 juillet et 21 août en faveur de Sacco et Vanzetti et prit même la parole pour demander la libération des condamnés. Mais le 25 août, il s’abstint, considérant qu’un meeting posthume « ne servait qu’à la propagande communiste pour le Front unique ».

Cependant une grave crise allait secouer la section socialiste d’Avignon, à l’occasion des élections législatives de 1928. A la suite de l’exclusion de Gaston Tourvieille, une trentaine de membres du parti démissionnèrent « pour protester contre la dictature de quelques individus depuis deux ans » et apposèrent une affiche intitulée « Lettre à Vaillandet ». Cependant la fédération se solidarisa avec ce dernier. Le congrès fédéral du 6 novembre 1927 le désigna comme candidat dans la circonscription de Carpentras. Jean-Baptiste Nicolaud, dirigeant du Parti socialiste de Carpentras, démissionna et, quelques jours plus tard, présida un nouveau congrès fédéral où l’on vota une motion refusant de jeter l’exclusive contre le Parti communiste au second tour. Délégué au congrès national du 26 décembre, Nicolaud fut finalement désigné comme candidat.

En mars 1929, le congrès fédéral de la Ligue des droits de l’Homme ne reconduisit pas Pierre Vaillandet comme secrétaire fédéral. Il démissionna de la présidence de la section d’Avignon et se démit alors de ses fonctions de conseiller municipal, alors qu’il venait d’être élu, de sa charge de secrétaire de la Fédération socialiste du Vaucluse et de son poste de rédacteur en chef du Réveil vauclusien.

Commença alors pour lui une période au cours de laquelle son activité politique fut fort réduite en Vaucluse. Pierre Vaillandet en profita pour se consacrer à ses recherches historiques sur la Révolution française, donnant plusieurs articles aux Annales historiques de la Révolution française et aux Mémoires de l’Académie de Vaucluse.

A partir de 1932, il revint au premier plan de la vie politique vauclusienne. Réélu en novembre 1932 conseiller municipal, puis premier adjoint du maire socialiste d’Avignon, Louis Gros, délégué à l’instruction publique, il participa au congrès fédéral (avril 1933) et défendit une motion intermédiaire entre celle de Léon Blum et celle de Marcel Déat en vue du congrès national extraordinaire (Avignon du 16-17 avril). En 1934, Pierre Vaillandet se tint à l’écart des débats internes au parti mais participa cependant au meeting d’unité d’action du 28 octobre 1934.

En 1935, outre la présidence qu’il assura de deux congrès fédéraux, en juin et en septembre, il préconisa la création d’une Fédération des élus socialistes du Vaucluse dont il devint secrétaire général (il venait d’être réélu conseiller municipal et adjoint au maire). Gros ayant été élu sénateur en octobre 1935, Vaillandet fut désigné comme candidat socialiste de la circonscription d’Avignon pour les législatives de 1936. Ce qui n’alla pas sans quelques remous, le secrétaire de la Fédération du Vaucluse, Joseph Cluchier, un moment prévu pour Avignon, étant finalement désigné pour Orange. Or, si le succès socialiste était probable dans le fief de Gros, celui de Daladier était certain à Orange.

En mars 1936, Pierre Vaillandet participa à une manifestation populaire, pour la commémoration de la Commune de Paris. Au cours de la campagne électorale, il fut parfois attaqué par des contradicteurs communistes qui critiquaient notamment la gestion de la municipalité socialiste d’Avignon. Au premier tour, il recueillit 8 636 suffrages sur 28 711 inscrits, devançant largement le communiste Fernand Arnal (3 988 voix) qui se désista en sa faveur. Il fut élu au second tour, avec 14 046 voix, faisant donc largement le plein des voix de gauche.

Au cours des années 1936-1937, Pierre Vaillandet prit la parole, soit dans des réunions publiques organisées avec des personnalités du parti : à Apt, en juillet 1936, avec Léo Lagrange ; à Lagnes, en juin 1937, avec Jules Moch, soit dans des réunions de militants ou dans les congrès fédéraux : ainsi, le 11 septembre 1937, à une réunion de l’Amicale socialiste des cheminots d’Avignon. Chaque fois, il attaquait le Sénat, « auquel il faudrait rogner les ongles ». En juillet 1937, il fut délégué du Vaucluse au congrès national de Marseille.

Courant 1938, Pierre Vaillandet prit une attitude souvent médiane : en mai, au congrès fédéral d’Avignon, sa motion intermédiaire entre celle de Paul Faure et celle de la « Bataille socialiste » obtint 129 voix et il fut délégué au congrès national de Royan. Le 14 juillet, à Avignon, la rupture avec les communistes était flagrante et le défilé, interdit par la municipalité, se termina par des bagarres, tandis que des manifestants communistes les entouraient, lui et Gros, devant la mairie. Après les accords de Munich, selon un rapport de l’inspecteur d’académie, il aurait demandé au groupe socialiste que les instituteurs socialistes suivent l’ordre de grève du 30 novembre. Le 23 janvier 1939, il participa à Sorgues à une réunion de protestation contre la suspension du maire socialiste Aimé Pètre, qui avait incité les ouvriers de la poudrerie à faire grève. Il déclara : « La suspension de Pètre est une vengeance (...). La réaction se sert de Daladier. Il cède la route au fascisme. » Et, prenant la parole après lui, Gros condamna Munich. Au congrès fédéral du 21 mai 1939, Vaillandet réclama le renforcement de l’unité du parti. Et, le 10 juin, à L’Isle-sur-la-Sorgue, il fit l’historique du Front populaire, qualifia Daladier de « préfasciste », s’éleva contre la répression de la grève du 30 novembre et conclut « Le rassemblement populaire est mort, tué par ceux qui en ont profité... »
N’étant plus parlementaire, Vaillandet, après avoir repris ses recherches historiques, dans sa demande de réintégration dans l’enseignement secondaire expliquait son choix d’un poste à Paris par les études de son fils. Il obtint un poste aux EPS Arago et Colbert en octobre 1941, puis à partir de janvier 1942 sur un demi-poste de professeur d’Allemand à l’école devenue collège Colbert dans le Xeme arrondissement de Paris. Il demanda sa retraite pour septembre 1944.

En 1943, il adhéra à l’Union de l’enseignement organisée par les militants du Rassemblement national populaire et dirigée par Ludovic Zoretti. Il était présenté comme propagandiste du RNP. Il quitta la France pour l’Allemagne le 14 août 1944. Admis à la retraite en octobre 1944, il fut condamné à la dégradation nationale et déchu de ses droits de pension de retraite en juillet 1945, sanction annulée par le décret du 28 mars 1949 qui rétablit le versement de sa pension. Il habitait alors à Fonsorbes (Haute-Garonne). Par la suite, il se consacra à ses recherches sur la Révolution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133382, notice VAILLANDET Pierre, André par François Roux, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 6 novembre 2019.

Par François Roux

Pierre Vaillandet
Pierre Vaillandet

ŒUVRE : Journaux cités. — Collaboration aux A.H.R.F. (articles sur la Révolution dans le Comtat et à Avignon), 1926, 1928, 1929, 1932, 1933. — Collaboration aux Annales d’Avignon et du Comtat, 1931-1934. — « Mémoires de l’Institut historique de Provence », 1931. — « Mémoires de l’Académie de Vaucluse », (1931, 1932, 1933, 1936). — L’Affaire de Bédouin, Vaison, Éd. Macabet, 1931. — Le Massacre de la Glacière, Vaison, Éd. Macabet, 1932.

SOURCES : Arch. Nat., AJ/16/6169, F7/13744, F/17/16900, 25089. — Arch. Dép. Vaucluse, I M 723, 817, 826, 840, 842, 3 M 285, 290, 337, 10 M 31, 36. — Le Réveil vauclusien, 1927-1929. — A. Autrand, Statistiques des élections parlementaires et des partis politiques en Vaucluse de 1848 à 1928. — A. Autrand, Un Siècle de politique en Vaucluse, Avignon, 1958. — M. Sadoun, Les Socialistes sous l’Occupation, Presses FNSP, 1982.— Notes de Jacques Girault.

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