VALETTE Marius, Clément

Par Justinien Raymond, Jean-Michel Gaillard

Né le 8 juin 1874 à Lanuéjols (Gard), mort le 18 décembre 1949 à Nîmes (Gard) ; professeur ; militant socialiste ; maire de Nîmes ; député.

Marius Valette
Marius Valette

Fils de Justin Valette, instituteur, et de Marie Védrinex, sans profession, Marius Valette devint professeur adjoint à l’école pratique de commerce et d’industrie de Nîmes. Il participa au mouvement socialiste dans le département du Gard avant l’unité, dès 1896. Il appartenait à un groupe dissident de la Maison du Peuple de Nîmes, « l’Union socialiste », qui n’adhérait à aucune des deux fédérations rivales. Avec ce groupe il entra en 1905 dans la fédération socialiste SFIO née de la fusion des fédérations autonome et guesdiste. Il allait devenir un de ses principaux militants. Il la représenta aux congrès nationaux de Limoges (1906), Nîmes (février 1910), Lyon (1912) et Amiens (1914). Au cours de ce dernier congrès, il prit la défense des socialistes nîmois accusés, jusque dans le Parti socialiste, de collusion avec la réaction, alors qu’ils sont aux prises, disait-il, avec le sectionnement de la ville et avec les luttes entre catholiques et protestants. En 1912, avec Barthe, député de l’Hérault, M. Valette fonda le quotidien socialiste, Le Populaire du Midi, publié à Nîmes.

C’est également comme socialiste SFIO qu’il remporta plusieurs succès électoraux. En 1905, il fut élu conseiller municipal de Nîmes et adjoint au maire Jules Pieyre. En juillet 1907, il recueillit 988 voix dans le 1er canton de Nîmes pour le conseil d’arr. Il venait d’être élu maire (juin 1909), après la démission de Pieyre, quand il fut révoqué pour avoir arboré le drapeau rouge à l’Hôtel de Ville à l’occasion du 14 Juillet. En 1910 il échoua de peu aux élections législatives dans la 2e circonscription d’Alais. Il recueillit 8 768 voix contre 8 628 à de Ramel, candidat de droite, et 221 au candidat bonapartiste. Il fut battu au scrutin de ballottage avec 9 132 contre 9 391. Mais, en octobre, à la faveur de la démission d’Hubert-Rouger devenu député, Valette redevint maire de Nîmes et il fut réélu en 1912. Son administration municipale fut marquée par la suppression de l’octroi, la réorganisation des cantines scolaires, la création d’écoles de plein air et d’un orphelinat laïque, l’extension du réseau des tramways, la construction d’un nouvel hôpital.

Le 1er septembre 1912, Marius Valette présida, aux arènes de Nîmes, un rassemblement de dix mille personnes venues écouter Louis Dubreuilh, Compère-Morel et Jean Jaurès. Élu député en 1914, il suivit pendant la guerre le courant minoritaire animé par Jean Longuet et Adrien Pressemane. Au congrès de la Fédération socialiste du Gard tenu à Nîmes le 30 septembre 1917, il fut avec Bernard à l’origine de la victoire de la motion minoritaire favorable à la participation sans conditions à la conférence internationale socialiste prévue à Stockholm et à la non participation du Parti socialiste au gouvernement. Cette motion obtint 66 voix contre 19 à la motion majoritaire et 4 à la motion kienthalienne. Il assista au congrès départemental du 10 février 1918 et à celui des 28 et 29 septembre de la même année. Dans les deux cas, il fut l’un des leaders des orientations minoritaires. Lors du meeting du 13 avril 1919 organisé par la section socialiste d’Alès en l’honneur de Jaurès, meeting qui obtint un énorme succès, il dénonça la justice de classe suite à l’acquittement de R. Villain. Cependant, la veille, au congrès départemental socialiste, il avait déclaré ne pas être partisan d’une révolution violente mais au contraire d’une évolution sociale pacifique et avait élaboré avec les majoritaires une motion de compromis les unissant contre les kienthaliens.

Présent au congrès départemental des 14 et 15 février 1920, il intervint sur le problème des précédentes élections sénatoriales en jugeant qu’elles avaient été mal préparées, ce qui lui valut d’être interpellé par un délégué qui, soulignant que le parti demandait la suppression du Sénat, lui conseilla de reprendre ses fonctions de professeur à l’École professionnelle.

Marius Valette échoua aux élections législatives de 1919, ne recueillant que 21 279 voix sur 121 649 inscrits, mais fut élu au conseil général par le canton de Saint-Ambroin qui le réélut en 1922. Il appartenait alors au Parti communiste depuis la scission de Tours.

Il mourut, veuf, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en son domicile nîmois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133485, notice VALETTE Marius, Clément par Justinien Raymond, Jean-Michel Gaillard, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 4 mai 2021.

Par Justinien Raymond, Jean-Michel Gaillard

Marius Valette
Marius Valette

SOURCES : Arch. Ass. Nat. dossier biographique. — Arch. Mun. Nîmes. —Arch. Dép. Gard, CA 97, 147, 148 et 198. — Comptes rendus des congrès nationaux du Parti socialiste. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., p. 297-354, passim. — R. Bourderon et R. Huard, La Révolution russe vue du Gard, Université nouvelle de Nîmes, 1967.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 337.

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