VAN GYSEL Adolphe, Édouard

Par Jean Piat et Claude Pennetier

Né le 23 janvier 1884 à Roubaix (Nord), mort le 21 juillet 1949 à Leers (Nord) ; secrétaire général du syndicat des ouvriers métallurgistes détachés à Bourges (Cher) ; militant syndicaliste et socialiste du Nord.

Fils d’un serrurier et d’une « soigneuse », Adolphe Van Gysel devint ouvrier tôlier dès l’âge de douze ans. Très jeune, il adhéra au Parti ouvrier français. Mobilisé en 1914, il fut placé en affectation spéciale en tant qu’ouvrier ajusteur à l’atelier de construction des Établissements militaires de Bourges (Cher) et se heurta aux dirigeants syndicaux locaux favorables à l’Union sacrée (voir Pierre Hervier*). En février 1917, il créa avec Louis Michel un « syndicat des ouvriers métallurgistes détachés à Bourges ». Selon un rapport du préfet du Cher « le syndicat a à sa tête, tous les principaux militants de la section syndicale des ouvriers du Nord et des mécaniciens de la Seine, dont les théories et la propagande pacifistes et kienthaliennes sont bien connues depuis un an. (...) Le nouveau syndicat est adhérent à la Fédération des métaux qui a Merrheim pour principal dirigeant. (...) Création qui a pour but de contrecarrer les syndicat des ouvriers des Établissements militaires, dont les tendances sont nettement opposées ». Le congrès de l’Union départementale, réuni le 18 mars 1917, déclara à l’unanimité « qu’en aucun cas deux des syndicats des É.M. ne sauraient être admis à la Bourse du Travail, ni à l’Union départementale » et qu’en conséquence il ne reconnaissait pas le syndicat « Van Gysel ».

Le syndicat des ouvriers détachés trouva un réel écho, puisque parti de 80 adhérents, il en comptait 4 000 à la fin de l’année 1917, sur 14 375 ouvriers mobilisés aux É.M. A l’occasion du 1er Mai 1917, Adolphe Van Gysel fit diffuser des tracts proclamant : « A bas l’Union sacrée, à bas la guerre » et des démonstrations furent organisées dans les rues de Bourges. Les manifestants chargés par la cavalerie se regroupèrent à plusieurs reprises et tinrent la rue pendant plusieurs heures. A la fin de 1917, les minoritaires prirent la direction du syndicat du Bâtiment de Bourges ; de nombreux ouvriers du bâtiment travaillant aux É.M. Adolphe Van Gysel utilisa cette victoire pour créer un comité intersyndical des É.M. Les majoritaires ne purent plus ignorer cette force et le comité intersyndical fut accepté à la Bourse du Travail. Le syndicat des métallurgistes de Bourges (industrie privée) ayant rejoint les minoritaires, Adolphe Van Gysel s’appuyait désormais sur trois organisations importantes. L’influence des opposants à l’Union sacrée culmina le 1er Mai 1918, la manifestation regroupa 20 000 grévistes. Des minoritaires, au nombre de 361, furent alors envoyés au front, mais Adolphe Van Gysel échappa à cette mesure.

En décembre 1917, il fut délégué au congrès de Nevers et en juillet 1918 au congrès fédéral. Dans un meeting en l’honneur de W. Wilson, en novembre 1918, il s’attacha « à démontrer l’identité d’action menée par le Président avec celle menée (...) par la Fédération des métaux » ; il mit en parallèle des textes de Wilson et du congrès de Zimmerwald. Après l’armistice, il devint partisan du Bureau confédéral de la CGT et appela les syndiqués à ne pas condamner l’intervention en Russie avant d’avoir de "plus amples informations ».

Entré à la Compagnie des tramways de Roubaix-Tourcoing en 1921, Adolphe Van Gysel devint l’année suivante délégué syndical du service ateliers, puis secrétaire adjoint du syndicat CGT que dirigeait Henri Molard*. Permanent depuis 1931, il remplaça Molard à la tête du syndicat en 1936, poste qu’il occupa jusqu’en 1945 ; à ce titre, il participa à la plupart des congrès de la Fédération nationale des Transports CGT tenus pendant la même période. Président de la délégation municipale de Leers à la Libération, il respecta toujours scrupuleusement le principe d’indépendance syndicale et ne prit sa carte au Parti socialiste SFIO qu’au moment de sa mise à la retraite.

Conseiller prud’homme du canton de Lannoy de 1945 à 1948, Adolphe Van Gysel fut également secrétaire adjoint de la Bourse du Travail de Roubaix.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133605, notice VAN GYSEL Adolphe, Édouard par Jean Piat et Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Jean Piat et Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13358. — Arch. Dép. Cher, 33 M 143, 25 M 49. — F.-X. Roets, Le Mouvement ouvrier français à Roubaix-Tourcoing de 1914 à la fin de la IVe République (PC et CGTU exclus), Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1968. — André Gosnat, L’Union départementale du Cher, de l’armistice à 1925, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1970. — La Défense.

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