VAR François, Antoine, Jean

Par Gilles Morin

Né le 26 février 1888 et mort le 15 juillet 1972, à Ussel (Corrèze) ; avocat. ; militant radical-socialiste puis socialiste ; maire (1934-1965) et conseiller général d’Ussel (1937-1967) ; député socialiste de la Corrèze de 1958 à 1967.

Fils d’un notaire, Jules Albert Var, et de Magdelaine Chassagnard, François Var, élevé dans la religion catholique, suivit des études secondaires aux lycées de Clermont et de Tulle puis des études de Droit à la Faculté de Paris. Après avoir passé une licence de droit, il s’inscrivit comme avocat au barreau d’Ussel, en avril 1910. Il y exerça jusqu’à son élection à la députation en novembre 1958.
François Var, de la classe 1908, avait devancé l’appel en 1906 en s’engageant. Il fut un combattant de la Première Guerre mondiale dans l’infanterie. Caporal intégré dans le 43e bataillon de tirailleurs sénégalais lors de la mobilisation en août 1914, il fut démobilisé avec le grade de capitaine. Titulaire de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec 7 citations pour trois blessures, il fut fait officier de la Légion d’honneur à titre militaire.
Élu conseiller municipal radical-socialiste d’Ussel le 30 novembre 1919, François Var siégea jusqu’au 21 mai 1925, démissionna, fut réélu immédiatement et démissionna de nouveau le 22 mai 1933. Conseiller d’arrondissement radical élu en 1922, il adhéra à la SFIO et fut candidat de ce parti au conseil général dans le canton d’Ussel en juillet 1925 et octobre 1931. Réélu conseiller municipal, le 25 novembre 1934 sur une liste d’unité d’action ouvrière et paysanne rassemblant 10 communistes et 13 socialistes, il fut élu maire de sa ville natale du 1er décembre 1934 à mars 1965. En janvier 1939, devant faire face à une violente campagne de « calomnies et d’accusations mensongères » des communistes, les élus socialistes démissionnèrent. Au terme d’une campagne animée, les élus socialistes furent réélus le 12 février avec une moyenne de 821 suffrages, les communistes obtinrent une moyenne de 322 voix et la droite 304.
François Var fut élu au conseil général de la Corrèze, représentant le canton de Tulle à partir d’octobre 1937, comme socialiste SFIO. Candidat SFIO aux élections législatives de 1936 dans la circonscription d’Ussel, Var avait obtenu 3 458 voix sur 15 746 inscrits et s’était désisté au second tour pour le communiste Marius Vazeilles qui fut élu. Il a été encore candidat socialiste au sénatoriales de 1938. Il appartenait en 1939 au bureau de la Fédération socialiste SFIO de la Corrèze.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Var fut actionnaire de l’Effort, journal collaborationniste et en a été l’un de ses trois administrateurs, avec Charles Spinasse et Paul Rives. Il avait été maintenu à sa mairie mais fut arrêté par la police allemande en juin 1943 et interné politique à Fresnes jusqu’au 29 septembre de cette année. Réinstallé dans sa mairie, il fut l’objet d’enquêtes de police, à la suite de dénonciations, car il était soupçonné d’aider les maquis de la région d’Ussel. Heureusement pour lui l’enquête fut négative. Un rapport de police du commissaire principal, chef des services des RG départemental, daté du 17 juin 1943 montrait la perplexité des autorités : « Depuis les hostilités, Var se montrait plus réservé, assure-t-on et, s’il n’est pas permis de dire qu’il avait renié son passé politique, il convient d’indiquer en toute sincérité qu’il s’abstenait de toute critique ouverte à l’égard du gouvernement ». Il suggérait encore que Var avait voulu collaborer avec les personnalités régionales et « qu’il a été fort déçu de ne pas être désigné comme Conseiller national ». Mais le rapport se concluait ainsi : « L’influence de M. Var dans la région d’Hussel est considérable, il apparaît cependant exagéré de dire qu’il supplée au manque d’un sous-préfet à Ussel. Par ailleurs il semble qu’il soit assez présomptueux d’imputer à M. Var, les méfaits des réfractaires à la Relève. Aucun fait précis, en tout cas dans cet ordre d’idées n’a été relevé à la charge de M. Le maire d’Ussel. Ces parages ont semble-t-il été choisis par les défaillants plutôt à cause de leur situation topographique qu’en raison des intelligences existant dans le pays, que les personnes plus ou moins désintéressées imaginent trop souvent. (…). M. Var, jouit dans la région d’Ussel de l’estime à peu près générale et sa récente arrestation par les troupes d’opération loin de l’infirmer a au contraire confirmé cette estime ».
Après la Libération, pour avoir reçu le maréchal Pétain lors de sa venue à Ussel et être resté maire durant l’Occupation, la commission de contrôle fédérale de la SFIO de la Corrèze priva Var « de toute délégation du parti pour un an », le 16 février 1945. Cette sanction fut ramenée à un blâme par les autorités du parti le 25 avril et il fut désigné comme tête de liste socialiste-MLN aux municipales d’avril-mai 1945, opposé à liste communiste-MRP. Il était alors réélu en mai 1945, puis confirmé dans ses fonctions par ses électeurs en 1947, 1953 et 1959. Aux élections cantonales d’octobre 1945, il était de même réélu conseiller général et le demeura jusqu’en septembre 1967, date à laquelle il ne se représenta pas. En 1955, il a été désigné comme vice-président de la commission départementale.
En novembre 1958, alors que la plupart des députés socialistes sortants étaient battus, François Var accéda au Parlement. Il fut élu député de la Corrèze, au second tour, par 20 207 voix contre 14 966 à son challenger communiste. Var bénéficia du retrait des quatre autres candidats non communistes. Il siégea à la commission des lois constitutionnelles et à la commission du règlement. Il en fut de même en 1962, où il l’emporta plus difficilement, avec 15 986 suffrages contre 15 106 au candidat communiste. La bipolarisation croissante fragilisait sa position entre la majorité et le PCF, très actifs dans le Limousin. À l’Assemblée, il fut vice-président du groupe parlementaire de la Chasse et de la Pêche. Candidat à sa reconduction aux municipales de 1965, il se retira après le premier tour, car en ballottage défavorable, la mairie étant emportée par le futur suppléant de Jacques Chirac, Henri Belcour. Il ne se représenta pas aux élections législatives de 1967 et invita au second tour ses électeurs à voter pour le candidat communiste qui fut battu par Jacques Chirac.
François Var mourut le 15 juillet 1972 à Ussel. Titulaire de la Croix de guerre et de la Médaille militaire, il était officier de la Légion d’honneur.
Il s’était marié, le 14 mars 1918, à Marthe Parquet, née le 24 novembre 1896, sans profession ; ils eurent

une

fille Nadine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133735, notice VAR François, Antoine, Jean par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 mai 2016.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/7/15746, n° 9641, F/1cII/270, 305, 308, 703 ; F/1cIV/152. — Archives de l’Assemblée nationale, dossier biographique. — Archives de l’OURS, dossiers Corrèze et dossier biographique. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Le Populaire, 19 février 1939. — Témoignage de sa fille, Nadine Var, épouse Vignal. — Mémoire sur la Corrèze. — Renseignements de la mairie d’Ussel, du 5 août 1988.

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