VARAUD Georges, Henri, Marcel

Par Maurice Moissonnier

Né le 14 juillet 1901 à Valence (Drôme), mort le 17 août 1984 à Serrières (Ardèche) ; petit industriel, négociant horloger ; membre du bureau de la Fédération communiste du Rhône ; résistant .

Fils d’un horloger-rhabilleur décédé en 1926, Georges Varaud vécut toute son enfance à Valence. Il y passa son Certificat d’études primaires et fit sa première communion mais ses contacts avec la religion catholique s’arrêtèrent là : ses deux mariages furent civils et ses deux enfants ne furent pas baptisés. Il commença ses études à l’école primaire supérieure puis fut, après le 1er août 1914, saute-ruisseau dans l’étude d’un avoué de Valence. Le 1er décembre de la même année, il devint pointeau à l’entreprise de travaux publics P. Barnier, toujours à Valence, puis à Lyon. Le 1er juin 1916, il s’embaucha à la Société des grands travaux de Marseille. A la fin de la guerre et jusqu’à son service militaire, il travailla, comme chef pointeau dans la même société sur les chantiers de reconstruction des régions dévastées au Cateau et à Lesdain (Nord).

C’est à cette époque qu’il commença à lire l’Humanité. Le spectacle des destructions qu’il découvrit dans le Nord confirma son horreur de la guerre. Il n’avait pas terminé son service militaire lorsque l’occupation de la Ruhr ramena dans sa caserne des rappelés de la classe 1919 plutôt mécontents de leur sort. Démobilisé, Georges Varaud fonda en juin 1923 la société Huma-Watch-Fy spécialisée dans la vente de montres en gros. Il exerça ses fonctions de direction à Lyon, puis à Annemasse (Haute-Savoie), il résida un temps à Genève (Suisse), qu’il ne quitta définitivement que pour réintégrer Lyon en mai 1934. A Genève, le 19 avril 1922, il avait épousé Marie Eugénie Suzanne Edmond dont il divorça le 13 mai 1931 à Lyon. Lecteur assidu de l’Humanité puis de Clarté, il vota régulièrement pour les candidats communistes. En août 1927, de passage à Lyon, il participa à la grande manifestation organisée pour la défense de Sacco et Vanzetti et, au moment de l’exécution des condamnés, envoya au gouverneur du Massachusetts, Fuller, une carte postale qui portait, outre son nom et son adresse un seul mot : « Assassin ! »

De retour à Lyon après le 6 février 1934, Georges Varaud s’installa à Villeurbanne, la « cité rouge » qui, aux élections municipales de 1935, allait se donner, à la place d’une municipalité socialiste dirigée par Lazare Goujon* qui refusait la discipline du pacte d’unité d’action socialiste-communiste, une municipalité communiste présidée par Camille Joly*. Il donna son adhésion au Parti communiste et se vit confier assez vite des tâches et des responsabilités importantes. Il étudia les effets de la crise sur les petits commerçants pour le compte de la municipalité, et fut chargé d’organiser l’Université populaire de Villeurbanne dont il devint un dirigeant appointé. Représentant la section communiste au comité de Front populaire de Villeurbanne, il fut élu à son secrétariat. Lors des grèves de juin 1936, il épaula les dirigeants du syndicat CGT du Textile débordés par l’afflux des adhésions et l’ampleur des occupations d’usines. Lorsqu’éclata la guerre civile espagnole, il contribua largement à l’organisation de comités en faveur de l’Espagne républicaine et se consacra à la mise en œuvre de la solidarité. Dans le même temps, il participa à la lutte contre les formations fascisantes dans des affrontements qui allaient, en particulier avec le PPF, jusqu’à des heurts physiques.

Affecté, au moment de son adhésion, à la cellule de quartier « Paul-Lafargue », Georges Varaud fut élu lors de la conférence de section de Villeurbanne membre du comité de section, puis, en 1937, secrétaire de la commission régionale d’éducation, membre du comité régional puis du bureau de la Fédération du Rhône. En décembre 1937, il fit partie de la délégation du Rhône aux congrès d’Arles du PC. En 1937 et en 1938, il suivit successivement les cours de l’école interfédérale Rhône-Ain-Drôme-Ardèche (ouverte à Villeurbanne par Paul Bouthonnier*) et de la section centrale d’éducation. Aux élections cantonales d’octobre 1937, présenté dans le canton rural de Meyzieu (Ain), il fut battu au premier tour. En 1938-1939, Georges Varaud publia plusieurs articles sur la révolte des canuts, 1848 et la Commune à Lyon, la Révolution française, dans La Voix du peuple.

A la veille de la guerre, le rôle de Georges Varaud s’accrut : il participa à l’intense campagne d’explication engagée par la Fédération du Rhône. Non salarié, donc non syndiqué, il donna une large contribution au soutien de la grève du 30 novembre 1938 surtout en organisant la vente de masse de la presse communiste à la porte des grandes usines Berliet et Rhodiacéta. Lors de la signature du Pacte germano-soviétique, il fit partie de la majorité de la direction fédérale du Rhône qui, contrairement à Marcel Métral*, Laufer et Edmond Chambon*, approuva le pacte. Il tint ses dernières réunions publiques aux deux ou trois sorties des usines REP, à Lyon le 26 septembre 1939, le jour même de la dissolution du Parti communiste.

Très connu de la police, Georges Varaud fut arrêté le 23 octobre 1939. Sa femme, née Solange Chardon qu’il avait épousé à Lyon le 10 juillet 1931, et ses deux enfants expulsés des HBM de Villeurbanne par la délégation spéciale mise à la place de la municipalité communiste de la ville, durent se réfugier à Félines (Ardèche). Commença pour lui une longue période de détention au fort du Paillet en 1939, à Fort-Barraux (Isère) et Saint-Angeau (Charente) en 1940. Évacué devant l’avance allemande, il fit partie des internés transférés, via Carpiagne (Marseille, Bouches-du-Rhône), au camp de Chibron (commune de Signes, Var) où il participa à une grève de la faim. Il était sur la liste des internés "dangereux", considérés comme "ennemis irréductibles". Il était parmi les internés volontaires pour donner des cours à leurs camarades. Il fut déféré devant le tribunal militaire de Lyon et incarcéré à Montluc (Lyon) le 15 février 1941. Il fut de nouveau interné ensuite à Fort-Barraux et au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) où il refusa d’exécuter les ordres. Déporté, il arriva à Buchenwald le 31 juillet 1944 puis fut envoyé à Flossenburg qu’il ne quitta qu’à la Libération, le 15 mai 1945. Pendant toute sa détention, il appartint à l’organisation communiste clandestine des prisons et des camps, et travailla à la mise sur pied d’un Front national des détenus.

A son retour, homologué au grade de sous-lieutenant, Georges Varaud reprit son activité à l’Université populaire de Villeurbanne. Journaliste à La Voix du peuple, il fonda en 1948 le « Petit Nid », maison d’enfants Marcel-Bertone à Meyzieu (Rhône), dont il devint le directeur. Il consacra une grande partie de son temps à l’animation de la Fédération nationale des déportés, internés et résistants patriotes dont il fut jusqu’en 1960 secrétaire général de la Fédération du Rhône et membre du bureau national. Il quitta Lyon en décembre 1969 pour prendre sa retraite à Serrières (Ardèche) sans pour cela cesser de militer à la cellule locale du village (section d’Annonay).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133740, notice VARAUD Georges, Henri, Marcel par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 juillet 2022.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : RGASPI, 405 270 3936. — État civil de Valence (Drôme). — La Voix du peuple, 1936 à 1939. — Le Progrès de Lyon, 1936-1939. — Le Résistant du Rhône (bulletin de l’ANACR), juillet-octobre 1984. — Arch. Dép. Var, 4 M 291. — Documents familiaux et renseignements de l’intéressé. — Max Weinstein, Souvenirs, souvenirs, Editions du Losange, 1997. — Notes Jean-Marie Guillon.

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