VASSAL Jean, Pierre

Par Justinien Raymond

Né le 1er novembre 1876 à Saint-Médard-Catus (Lot), mort le 27 mai 1953 à Crépy-en-Valois (Oise) ; inspecteur du contrôle de l’État sur les compagnies ferroviaires ; maire de Crépy (1920-1953) ; député socialiste de l’Oise (1928-1940).

Jean Vassal
Jean Vassal

Jean Vassal était fils d’un petit cultivateur exploitant de tradition républicaine, Jean Vassal quitta l’école à treize ans pour travailler la terre. Il suivit des cours du soir afin de pouvoir entrer dans l’administration. A dix-sept ans, Jean Vassal entra dans l’administration des Finances et passa ensuite à celle des Travaux publics, dans le service du contrôle des voies ferrées. Il y termina sa carrière en 1928, comme inspecteur de première classe. il avait combattu durant la Première Guerre mondiale comme officier d’infanterie à Verdun et en Orient. Blessé deux fois et cité trois fois à l’ordre du régiment, il avait été décoré de la Légion d’honneur sur le champ de bataille de Verdun.

Nommé à Crépy-en-Valois en 1898, Jean Vassal, inscrit au Parti socialiste SFIO, fut élu en 1900 conseiller municipal. Réélu en 1919, il en devint maire en 1920 et conserva cette fonction jusqu’à sa mort. Il siégea également au conseil général à partir du 6 juin 1926. Il fut constamment réélu et allait devenir, en 1946, premier vice-président du conseil général de l’Oise. En 1927, il fut nommé directeur politique de L’Écho républicain, hebdomadaire de gauche. Candidat dans la 1re circonscription de Senlis aux élections législatives de 1928, Jean Vassal fut élu député au deuxième tour, par 7 034 voix contre 5 025 au candidat de droite, Burnand (inscrits : 15 435). Réélu en 1932 par 7 239 contre 5 589 au candidat radical-socialiste Delacroix (inscrits : 15 442) ; il le fut à nouveau en 1936 par 7 635 voix contre 5 589 à son adversaire de droite, de Pontalba (inscrits : 15 778).

Né dans le monde paysan, fonctionnaire, élu d’une petite ville et député d’une circonscription à dominante rurale, Jean Vassal professait un socialisme sans prétentions idéologiques, se situant dans le prolongement des luttes républicaines et démocratiques. En 1928, il se glorifiait dans sa profession de foi de ses « vingt-cinq ans de lutte pour l’idée républicaine et l’émancipation des travailleurs ». Élu local ou député, il s’attacha essentiellement aux problèmes concrets et aux intérêts de ses mandants. Ainsi peut-on expliquer la longévité de ses différents mandats dans une circonscription sans concentration prolétarienne, où le Parti communiste ne le menaça jamais sérieusement.

Absent, Jean Vassal ne participa pas au vote du 10 juillet 1940 à Vichy (le Journal officiel indique par erreur qu’il s’abstient). Selon son témoignage, il était resté au milieu de la population de sa ville, atteinte par de sauvages bombardements, pour organiser l’évacuation et n’avait pas été touché par les convocations adressées aux parlementaires, tout contact ayant été coupé. Il fut évacué en Bretagne puis, à son retour, début juillet, les Allemands l’auraient consigné à la mairie. Il fut maintenu à la tête de la municipalité par le préfet. Il fut par contre relevé de ses fonctions de conseiller général. D’après un mémoire qu’il a écrit pour sa défense après la Libération, sans faire à proprement parler de résistance, il aurait facilité la production de faux papiers et la dissimulation de 700 prisonniers évadés et de réfractaires au STO. Selon son biographie Eric Dancoisne, Vassal donna des gages à Vichy. Dans la composition du conseil municipal de mars 1941, il écarta les conseillers socialistes. Il donna le nom du Maréchal Pétain à l’avenue de Senlis et il pratiqua la collaboration administrative avec les Allemands. y compris pour la politique de discrimination à l’égard des Juifs. Il affirma pourtant dans une lettre à Daniel Mayer le 18 novembre 1944 : « Au sujet de la Résistance, nous l’avons commencée en 1940 en opposant aux Allemands mauvais vouloir et ténacité ».


Bien qu’il n’ait pas été présent à Bordeaux et à Vichy, Jean Vassal fut exclu par le congrès des Fédérations socialistes reconstituées de novembre 1944. Le secrétaire fédéral, Crosnier, admettait dans une lettre adressée à Robert Verdier* le 13 décembre 1944, qu’il n’avait pas « démérité au sens précis du mot » et proposait de le maintenir dans le parti avec interdiction de se représenter. Sur rapport unanime du comité départemental de Libération, le préfet le réintégra dans son mandat de conseiller général. Aux élections municipales de mai 1945, il fut réélu avec une majorité confortée.

La section locale, qui comptait 65 adhérents, demanda sa réintégration à plusieurs reprises. La fédération et les congrès la refusèrent. Jean-Dominique Biondi* de retour de camp de concentration s’y opposa violemment au congrès du 5 août 1945. Il était, semble-t-il, reproché essentiellement à Jean Vassal d’avoir été attentiste. De plus, la reparution d’un journal, L’écho Républicain du Valois, concurrent de L’Oise socialiste, a certainement contrarié une partie des militants fédéraux.

Jean Vassal se présenta et fut élu aux élections du conseil général comme socialiste indépendant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133800, notice VASSAL Jean, Pierre par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 2 décembre 2016.

Par Justinien Raymond

Jean Vassal
Jean Vassal
Livre d'Eric Dancoisne sur Jean Vassal
Livre d’Eric Dancoisne sur Jean Vassal

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. OURS. — Jean Jolly, Dictionnaire des Parlementaires français, 1889-1940, Paris, PUF. — C.r. du congrès du PS de Paris (novembre 1944). — L’Écho républicain, 14 avril 1928. — Notes d’É. Fruit et de G. Morin. — Eric Dancoisne, Jean Vassal 1870-1953, député-maire de Crépy-en-Valois, Société d’histoire moderne contemporaine de Compiègne, 2008.

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