VASSEUR Georges, Aimable, Arthur, Joseph

Par Yves Le Maner

Né le 25 janvier 1891 à Monts-en-Ternois (Pas-de-Calais), mort le 20 juin 1946 à Angres (Pas-de-Calais) ; ouvrier mineur, puisatier, journalier agricole ; militant syndicaliste et communiste du Pas-de-Calais ; secrétaire régional du Secours rouge international.

L’enchaîné du 12 mars 1938.
Communiqué par David Noël

Fils d’ouvriers agricoles de la région de Montreuil-sur-Mer (le père devint mineur dans le bassin du Pas-de-Calais), Georges Vasseur, aîné de onze enfants, descendit lui-même à la mine dès l’âge de treize ans, après avoir obtenu son Certificat d’études. Il adhéra au syndicat des mineurs du Pas-de-Calais au lendemain de la catastrophe de Courrières (1906) et, rapidement considéré comme une forte tête, fut congédié à plusieurs reprises après avoir été licencié une première fois par la Compagnie de Liévin en 1910. Appelé sous les drapeaux en 1912, il devait passer sept années sous l’uniforme, ayant été mobilisé en août 1914, quelques jours après son retour du service militaire. Sergent, il fut blessé en 1915, revint deux fois au front après quelques jours d’hôpital et passa trente-deux mois consécutifs dans les tranchées comme chef de section de mitrailleurs.

Georges Vasseur avait adhéré au Parti socialiste SFIO au cours d’une brève permission en 1917 et, à son retour à la vie civile, devint secrétaire de la section de Sains-en-Gohelle (Pas-de-Calais) où il prit également la direction de la section syndicale des mineurs. Élu conseiller municipal de cette localité en 1919, il devait conserver ce mandat jusqu’en 1925. Menant avec vigueur le mouvement de grève de 1920 sur la concession de Nœux, Georges Vasseur fut condamné à deux reprises pour « entraves à la liberté du travail » ; congédié, il ne parvint pas à trouver une embauche aux mines en raison de sa mise à l’index par les directions des compagnies. Il exerça dès lors plusieurs métiers mal rémunérés comme ceux de puisatier, de champignonniste et d’ouvrier agricole. Ces métiers souvent saisonniers et sans continuité le contraignirent à changer à plusieurs reprises de domicile : il quitta Sains-en-Gohelle pour habiter à Nœux-les-Mines, puis à Bouvigny, avant de se fixer à Liévin dans le courant des années trente. Cette difficulté à trouver du travail, l’errance qu’elle entraîna parfois plongèrent la famille Vasseur (qui compta bientôt huit enfants) dans une totale misère.

Malgré cette existence difficile, Georges Vasseur se donna pleinement au combat social et fut pendant l’entre-deux-guerres le principal dirigeant des groupements communistes de la région de Nœux-les-Mines-Houdain. Il avait en effet immédiatement rallié le Parti communiste lors de la scission de 1921 et fondé la section d’Hersin-Coupigny dont il assura le secrétariat tout en conservant celui de la section de Sains-en-Gohelle qui s’était majoritairement intégrée au PC. Il devait rester secrétaire de la section, puis de la cellule dite de la « Cité n° 10 » de Sains-en-Gohelle jusqu’en 1939 ; ce groupement rattaché au rayon de Béthune (Voir Paul Carron*) compta en moyenne une soixantaine d’adhérents.

Membre du comité de la région Nord du PC (Pas-de-Calais et Nord) jusqu’à la fin des années vingt, il en fut le délégué au IVe congrès du PC (Clichy, janvier 1925). Il venait de suivre pendant trois mois les cours de l’École léniniste de Bobigny (octobre-décembre 1924). À la même époque, il devint l’un des correspondants de L’Enchaîné pour le Pas-de-Calais et il sillonna le département en tant que délégué à la propagande. Bon orateur, Georges Vasseur participa à de nombreuses réunions hors de son département d’origine et effectua même une tournée de conférences dans le Gard. Bientôt remplacé dans les tâches de propagande par une nouvelle génération de militants, il fut chargé, à partir de 1928, de la direction régionale du Secours rouge international. Il s’acquitta de cette tâche jusqu’en 1930, date à partir de laquelle il assura le secrétariat de la Fédération du Pas-de-Calais du SRI.

Georges Vasseur se distingua toujours des autres dirigeants communistes par son goût prononcé pour l’action directe, ce qui lui attira de nombreuses condamnations devant le tribunal de Béthune. Déjà emprisonné pendant huit jours pour distribution de tracts contre l’occupation de la Ruhr lors de la grève des mineurs unitaires de 1923, il passa six mois sous les verrous en 1925 pour « outrage à magistrat et propagande révolutionnaire ». Il devait encore subir trois séjours derrière les barreaux : en 1927 pour "propagande antimilitariste", en 1929 pour « outrages à magistrat » et enfin en 1931 pour "outrages et violences". On le vit d’autre part au premier rang de la contre-manifestation communiste qui eut lieu à Lens le 30 mars 1930 et qui se termina par de violents combats de rue avec les socialistes (voir Arthur Ramette*, Cyprien Quinet*).

Pendant l’entre-deux-guerres, Georges Vasseur représenta le PC à la quasi totalité des consultations électorales. Candidat à Sains-en-Gohelle puis à Liévin lors des municipales, il se présenta à plusieurs reprises, sans succès, aux élections pour le conseil d’arrondissement et le conseil général dans le canton de Houdain. Il se présenta, sans plus de réussite, à toutes les législatives : en 1924 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan dans la première circonscription du Pas-de-Calais (recueillant 15 280 voix sur 179 705 inscrits), et en 1928 (3 669 voix sur 24 975 inscrits), 1931 (partielles), 1932 (6 253 voix au second tour sur 24 928 inscrits) et 1936 (7 753 voix sur 25 551 inscrits au premier tour) dans la 6e circonscription de Béthune, fermement tenue en main par le Parti socialiste SFIO.

Ayant trouvé une certaine sécurité de l’emploi en entrant dans les services de la mairie de Liévin dont Thiébaut était devenu le premier magistrat en 1935, Georges Vasseur était à la veille de la guerre l’une des figures les plus populaires parmi les militants communistes du Pas-de-Calais, probablement en raison de sa farouche énergie d’homme issu du peuple du bassin minier. Écarté de toute responsabilité importante, il conservait malgré tout les fonctions de secrétaire de tous les organismes contrôlés par le PC de Liévin : groupe des Pionniers, section des Amis de l’Union soviétique et section du Secours populaire de France et des Colonies. D’autre part, il était secrétaire de la Fédération du Pas-de-Calais de l’Association républicaine des anciens combattants, alors en pleine crise, et qui ne comptait plus en 1939 que six sections locales et environ deux cents adhérents.

Traumatisé par la signature du Pacte germano-soviétique, Georges Vasseur rompit brutalement et définitivement avec le PC en septembre 1939. Il cessa dès lors toute activité politique jusqu’à sa mort, survenue en 1946.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133818, notice VASSEUR Georges, Aimable, Arthur, Joseph par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 6 août 2021.

Par Yves Le Maner

L’enchaîné du 12 mars 1938.
Communiqué par David Noël

SOURCES : Arch. Nat., F7/13084 et 13117. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 176, 177 (photo), 182, 2372, 2387, 2396, 5221. — Jean-Marie Lemaire, Biographies de militants ouvriers du Pas-de-Calais, 1919-1939, Mémoire de Maîtrise, Lille, 1972.

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