VAUTHIER Pierre, Eugène, Henri, Vincent

Par Jean-Yves Boursier

Né le 22 janvier 1901 à Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre), mort le 6 décembre 1967 à Sens (Yonne) ; professeur ; secrétaire de la Fédération socialiste de l’Yonne (1933-1940 ; 1949-1967) ; résistant ; déporté.

Fils d’un petit paysan, à la fois sabotier et potier, Pierre Vauthier fit ses études à l’EPS de Nevers puis fut élève à l’École normale d’instituteurs de Varzy de 1917 à 1920. Il effectua une quatrième année à l’ENI de Rouen (Seine-Maritime) pour préparer l’École normale supérieure primaire de Saint Cloud mais échoua au concours de 1921. Il s’inscrivit à la faculté des lettres de Dijon (Côte-d’Or) et obtint les certificats d’études supérieures de géographie (1926) et en 1928 ceux d’histoire moderne et contemporaine et de L=littérature française.

Nommé instituteur délégué à l’école primaire supérieure de Saulieu (Côte-d’Or) en octobre 1921, où il enseigna les lettres et l’allemand, Pierre Vauthier effectua son service militaire en 1923-1924. Il se maria en décembre 1922 à Moutiers (Yonne) avec une institutrice Germaine Reignier), cousine d’Adrien Langumier, née dans une famille de Saint-Amand-en-Puisaye.

À son retour à la vie civile, il fut nommé à l’EPS de Tonnerre (Yonne) où son épouse dirigeait l’école maternelle. Mais en 1927, son poste étant supprimé, il en profita pour accélérer ses études supérieures avant d’être nommé à l’EPS de Joigny (Yonne) en 1928 et de devenir professeur adjoint d’histoire-géographie à partir de 1931.

À Joigny, il fonda le cercle Jean-Jaurès, cercle d’éducation populaire. Adhérent à la Ligue des droits de l’Homme, il rejoignit la SFIO en 1930 et devint secrétaire fédéral en 1933. Il le resta jusqu’en 1940 puis reprit le poste en 1949 jusqu’à sa mort, en 1967. Son épouse adhéra à la SFIO en 1933, fut résistante et militait encore dans les années 1990 au Parti socialiste.

Au sein de la SFIO de l’Yonne, Pierre Vauthier défendit les thèses de Léon Blum. D’abord contre les néo-socialistes de Marcel Déat, particulièrement actifs dans ce département, mais aussi contre les socialistes de gauche qui participaient aux comités de lutte contre la guerre et le fascisme avec les communistes. Il soutint les positions de Léon Blum pendant le Front Populaire et au moment des accords de Munich. Il participa à la grève du 30 novembre 1938 comme un certain nombre de dirigeants socialistes de l’Yonne.

Mobilisé en août 1939, Pierre Vauthier reprit son poste de professeur à l’EPS de Joigny après sa démobilisation dans l’été 1940. Pendant l’Occupation, il fut un de ceux qui organisèrent le mouvement Libération-Nord, de tendance socialiste, dont il devint le responsable dans l’Yonne. D’autre part, il participa à la fondation du groupe "Bayard", l’un des plus importants groupes de résistance dans ce département et dans la région, d’abord en liaison avec Libé-Nord puis avec le SOE anglais.

Pierre Vauthier fut arrêté le 21 mars 1944, avec sa femme et sa fille, sur ordre du service de sécurité allemand de Dijon. Sa fille puis son épouse furent libérées. Il fut emprisonné à Auxerre, torturé puis déporté à Neuengamme le 6 juin 1944. Après avoir travaillé dans les commandos les plus durs, il fut transféré à Sachsenhausen où l’Armée rouge le libéra en mai 1945. Il revint des camps gravement malade et fut soigné pour tuberculose pulmonaire de 1945 à 1948.

Après avoir été soigné au sanatorium de Passy (Haute-Savoie), pensionné à 100 %, il reprit son service en février 1948 au collège de Joigny puis fut détaché au Centre national d’enseignement par correspondance à partir d’octobre 1948. En 1950 il fut chargé de l’enseignement du français pour la section spéciale de l’école de la SNCF, rue des Maraichers à Paris. Intégré en 1951 dans le corps des certifiés, il percevait une pension d’invalidité à 90 %. Il prit sa retraite en 1957. Il habitait le groupe scolaire de Joigny, où son épouse dirigeait l’école maternelle.

Secrétaire général adjoint de la fédération socialiste SFIO, pour les élections municipales de 1953, il écrivait à la direction du Parti s’interrogeant sur l’opportunité de présenter des listes communes avec les communistes. Georges Brutelle, dans sa réponse se montrait favorable à une alliance avec les Républicains, « mais pas avec les staliniens, sauf s’ils ont quitté le Parti ». Il reprit ses fonctions de secrétaire fédéral de la SFIO et fonda le journal socialiste Le Réveil de l’Yonne, en 1955, journal à parution régulière jusqu’en 1978. Au sein de la SFIO, il défendit les positions de Guy Mollet. Pierre Vauthier fut avant tout l’organisateur de la SFIO dans l’Yonne ; il ne se présenta qu’une seule fois à une élection, face à Jean-Michel Renaitour dans le canton de Seignelay après la guerre et n’eut pas d’activité syndicale.

Il avait un complément de service à la Commission d’histoire de la Libération, de l’occupation et de déportation. Plus tard, il devint correspondant du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale (sa documentation est déposée aux Archives nationales).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133870, notice VAUTHIER Pierre, Eugène, Henri, Vincent par Jean-Yves Boursier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 27 novembre 2021.

Par Jean-Yves Boursier

SOURCES : Arch. Nat., F 17 26942. — Arch. OURS, Fédération SFIO de l’Yonne. — Fondation Jean Jaurès, 12 EF 89. — Le Populaire. — Le Réveil de l’Yonne — Rens. de Madame Germaine Vauthier (1991). — Notes de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable