VEBER Adrien, Jean, François

Par Justinien Raymond, Jean-Louis Panné

Né à Bambiderstroff (Moselle) le 8 mars 1861 ; mort à Saint-Denis (Seine) le 29 octobre 1932 ; avocat ; militant socialiste ; député de la Seine.

Adrien Veber
Adrien Veber

Adrien Véber était le fils d’un secrétaire de mairie. Il fit ses études au lycée de Charleville, puis fut maître répétiteur aux lycées de Saint-Omer, de Valenciennes et de Paris (Saint-Louis). Mais il fut suspendu en raison de son action corporative : il avait fondé une association de répétiteurs et lancé son journal La Réforme universitaire. Alors, tout en étant instituteur à Paris, et en assurant le secrétariat de Benoît Malon et de la Revue socialiste (de 1885 à 1904), il conquit la licence en droit et s’inscrivit comme avocat au barreau de Paris. il fut également rédacteur à la Petite République.

Pendant ces années, son action se fit surtout politique. En 1893, il fut délégué, avec L. Rémy, au congrès ouvrier international de Zurich au titre de La Revue socialiste et en 1896, année où il succéda à Guérard au secrétariat de la Chevalerie du Travail, il fut élu conseiller municipal de Paris dans le quartier des Grandes-Carrières (XVIIIe arr.) : il avait eu 1 897 voix sur 10 772 inscrits au premier tour, devant le guesdiste Dereure. Il fut élu au second tour par 3 957 suffrages. Il habitait 53 rue Lepic. Il siégea jusqu’en mars 1903 au conseil municipal dont il fut vice-président et au conseil général de la Seine qu’il présida. En 1900, il avait été réélu au premier tour de scrutin par 4 537 voix sur 12 628 inscrits. Il avait entre-temps participé activement au combat dreyfusard et s’était affilié à la fédération des socialistes indépendants. C’est le Comité républicain des Grandes-Carrières, qui en était un des groupes, qu’il représenta au premier congrès général des organisations socialistes, à Paris, salle Japy (décembre 1899) et le groupe du quartier du Combat (XIXe arr.) au congrès de la salle Wagram (septembre 1900). Il fut délégué de la Seine au congrès de Lyon (1901). Il appartint en 1902 au PSF et, à dater de 1905, à la Fédération socialiste SFIO de la Seine. Il représenta cependant la fédération de l’Hérault au congrès national de Saint-Quentin (1911).

Il était alors député de la 1re circonscription de Saint-Denis où, contre plusieurs candidats dont un guesdiste, il fut élu en 1902, par 8 957 voix sur 16 631 votants, au second tour de scrutin. Il sera réélu ainsi, en 1906, par 10 317 sur 17 889, en 1910 par 10 495 sur 20 380. En 1914, il retrouva son siège dès le premier tour avec 7 883 suffrages sur 14 675 votants. Il appartint toujours à de grandes commissions parlementaires : budget, législation fiscale notamment. Le 2 janvier 1909, la fédération de la Seine posa sa candidature au Sénat : il recueillit 119 voix sur 945 électeurs inscrits.

Pendant la guerre, il se rangea jusqu’au bout dans la fraction de droite du Parti socialiste, et, aux élections législatives du 16 novembre 1919, il entra en dissidence. Face à la liste socialiste SFIO de Paul-Boncour, dans la 2e circonscription de la Seine, il forma une liste socialiste indépendante derrière Lauche et Dejeante. Il recueillit 20 715 voix sur 221 132 inscrits et fut battu. Sa carrière parlementaire et sa vie militante étaient achevées.

En 1918, avec A. Compère-Morel* et Arthur Rozier, il lança, le 2 juillet, le journal la France libre, "journal socialiste" qui se proposait de contrebalancer l’influence grandissante des "minoritaires de guerre" au sein de la SFIO et défendait la nécessité de la défense nationale. Le journal reçut notamment la collaboration de Charles Andler, Georges Renard, P.-G. La Chesnais.

En juillet 1919, la crise entre cette aile du PS et la majorité conduite désormais par les ex-minoritaires, devait s’approfondir à propos du vote des crédits militaires puis lors des candidatures aux élections législatives de novembre. A l’issue du congrès de la Fédération de la Seine (Paris, 11-14 septembre 1919), les onze députés opposants furent blâmés et, quelques jours plus tard, récusés comme candidats. Le 23 octobre, Rozier, Adrien Veber et six autres camarades, adressèrent une lettre à Louis Frossard, secrétaire de la CAP, par laquelle ils rejetaient la décision de la fédération. Réunis en congrès le 29 octobre à la salle du Globe, boulevard de Strasbourg, ils décidèrent de maintenir des listes dans les 2e et 3e secteurs de la Seine. Contrairement à Théo Lauche, Aubriot, Levasseur et Rozier, Adrien Veber ne fut pas élu.

Exclus du Parti socialiste, ces "dissidents de la première cuvée" (par opposition à ceux du congrès de Tours) se groupèrent en un Parti socialiste français, constitué définitivement en mars 1920. Se proclamant toujours "collectivistes, internationalistes et révolutionnaires", les dirigeants de ce parti dont Adrien Veber, préconisaient la "socialisation progressive des grands moyens de production et de circulation transformés en services publics" et le perfectionnement de la "République démocratique et laïque". Partisans du Bloc des gauches, certains militants adhérèrent à la Ligue de la République. En 1924, lors du congrès tenu à Paris (16-17 février), 48 fédérations départementales étaient représentées. Cette année-là, Adrien Veber fut candidat (tête de liste) aux élections législatives sur la liste d’Union socialiste dans la 4e circonscription de la Seine (arrondissements de Saint-Denis et Sceaux). Il n’appartenait plus au comité central du PSF.
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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article133903, notice VEBER Adrien, Jean, François par Justinien Raymond, Jean-Louis Panné, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 15 mai 2016.

Par Justinien Raymond, Jean-Louis Panné

Adrien Veber
Adrien Veber

ŒUVRES : A. Veber est l’auteur d’ouvrages dont nous n’avons retrouvé que les titres : La Suppression des Octrois et l’Éclairage, ainsi que deux brochures : L’Impôt et Le Socialisme municipal.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Comptes rendus des congrès nationaux du Parti socialiste. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 387-388 et Les Fédérations socialistes III, op. cit., p. 145, 148, 150, 155, 173, 177. — M. Dommanget, La Chevalerie du Travail, op. cit., — L’Humanité, 2 et 3 janvier 1909. — A. Zévaès, Le Parti socialiste de 1904 à 1923, Lib. M. Rivière, 1923. — J. Carrère et M. Bourgin, Manuel des Partis politiques en France, Rieder, 1924.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 388.

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