VÉNUAT Louis, Michel

Par Jean-Noël Dutheil

Né le 18 janvier 1899 à Montluçon (Allier), mort le 28 septembre 1973 à Montluçon  ; chaudronnier, soudeur autogène  ; secrétaire de l’Union centrale des Ouvriers métallurgistes de Montluçon 1924-1927, 1933-1934, 1939  ; militant communiste de l’Allier puis militant du PPF de Jacques Doriot  ; exclu du mouvement syndical à la Libération.

Fils d’un garçon de café, orphelin de père et de mère, Louis Vénuat connut une enfance difficile. Il habita 10 quai de la Glacerie à Montluçon, et épousa le 19 janvier 1918, Germaine Louise Bernard. Il adhéra, en avril 1921, à l’Union centrale des travailleurs métallurgistes de Montluçon. Il fut secrétaire adjoint d’avril 1922 à avril 1923, puis secrétaire général de l’Union centrale unitaire à partir du 25 avril 1924. Suivant les directives unitaires, Louis Vénuat fut à l’origine du premier Conseil d’Usine à Montluçon (octobre 1923). Il occupa plusieurs mandats de Conseiller prud’homal.

En 1922, il fut secrétaire des Jeunesses communistes dont il dirigea la 15e Entente Régionale jusqu’en mai 1925. Il entra au bureau politique de la Fédération communiste de l’Allier en janvier 1923 et fit parti de la nouvelle génération de communistes. Il fut candidat du PC en 1924, secrétaire du rayon du PC en 1926, expulsé la même année, réintégré, il fut à nouveau candidat en 1928 dans la circonscription de Montluçon-ouest contre Isidore Thivrier, il obtint 29 % des voix.

Secrétaire de l’Union locale unitaire CGT à partir de 1927, Vénuat continua le syndicat des Métaux qui ne comptait plus que 43 adhérents. Il participa au congrès confédéral de la CGTU (19-24 septembre 1927) à Bordeaux (mandat de l’UL de Montluçon, des boulangers, des enseignants, du bâtiment, du livre, des cheminots, des métaux de Montluçon et Commentry). Il fut l’auteur d’un rapport sur le mouvement syndical dans l’Émancipateur (30 janvier 1927). Il représenta également son syndicat au congrès régional de Bourges des 11 et 12 février 1928  ; des 9 et 10 février 1929, au congrès des métaux unitaires du 13 janvier 1929 à Bourges.

Il fut un militant du PC très actif jusqu’en 1933, mais en mars 1934, il fut expulsé du PC pour indiscipline. Il créa le « Groupe des Amis de l’Unité » qui relevait de Jacques Doriot. Il le suivit pour fonder les « Amis de l’Unité Ouvrière ». Le 12 décembre, au sein de son syndicat, il entra en conflit avec les communistes, notamment avec Henri Védrines, qui redoutaient son influence et voulaient le faire démissionner de son poste des Prud’hommes. En fait, le syndicat unitaire lui renouvela sa confiance en tant que conseiller prud’homme sans pour cela se croire obligé de le faire siéger au conseil syndical. Au moment de la réunification syndicale, il fut, contre la volonté des ex-unitaires, imposé par l’ex-confédéré Dupleix. Afin d’éviter la rupture, l’astuce consista à augmenter le nombre de délégués par tendance afin de lui laisser une place. Vénuat poursuivit le combat contre Védrines sur la question des syndiqués détenant un mandat politique rétribué afin qu’ils fussent exclus à tous les échelons des organismes syndicaux. Toute l’attitude de Vénuat durant cette période fut de soutenir Dupleix contre Védrines. Ensemble ils obtinrent, à l’assemblée générale du 25 février 1936, l’extension de la question de l’incompatibilité à toutes les fonctions politiques. Il occupa le poste de secrétaire adjoint de l’Union locale réunifiée et fut chargé de la législation ouvrière et des questions de la prud’homie.

Les 27 et 28 juin 1936, Louis Vénuat participa à la réunion de Saint-Denis, il anima la section montluçonnaise du Parti populaire français (PPF). Du fait de l’afflux d’adhérents, la réorganisation de l’Union centrale des métaux (UCM) s’imposa après les grèves de juin. Au renouvellement du bureau du 12 février 1937, il fut désigné secrétaire adjoint avec Jules Guyot. Louis Vénuat continua d’y jouer un rôle de premier plan notamment dans les grèves de juillet 1937 et de novembre 1938. Lors de la réunion extraordinaire du conseil d’administration de l’Union Locale du 7 octobre 1939, il vota, pour la déclaration du bureau confédéral qui excluait les communistes de la CGT.

Il devint secrétaire général de l’Union Centrale le 1er décembre 1939. En février 1940, il signa une demande pour récupérer à son profit les biens appartenant à l’Union centrale dissoute par application du décret du 26 septembre 1939. Il fut nommé par le Régime de Vichy, membre de la délégation municipale.

Il lui fut reproché de s’être affiché, avec Philippe Henriot en déplacement aux établissements Meiller de Montluçon, le 1er mai 1944. À la Libération, son dossier fut transmis par le représentant du PC à la Commission de Criblage (réunion du Comité départemental de Libération du 24-2-1945). Il fut interné administrativement.
Le conseil syndical de l’UCM, du 18 octobre 1945, protesta contre sa réintégration au Conseil de prud’hommes de Montluçon alors qu’il avait été condamné « comme traite à la classe ouvrière que la Commission d’épuration a exclu à vie du mouvement syndical. » Il fut remplacé par deux nouveaux candidats de l’UCM : Vignaud et Carboni.

Vénuat ne se manifesta plus publiquement depuis lors.
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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134004, notice VÉNUAT Louis, Michel par Jean-Noël Dutheil, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 31 août 2011.

Par Jean-Noël Dutheil

SOURCES : Arch. Nat. F7/12970, 13104, 13115. — Archives municipales de Montluçon 7F. — Arch. Dép. Allier, 1M716. — Archives IHS-CGT de l’Allier. — Lee Haksu, Le Bourbonnais Rouge, thèse de doctorat, 2002, p. 266-281-347-348-365-366. — em>L’Émancipateur, 1927-1931 et 11 mai 1935. — Le Patriote de Saint-Étienne, 29 octobre 1945. — Notice dans le DBMOF par Claude Pennetier.

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