VERDIER Paul, Xavier, Alfred

Par Jean-Claude Paul-Dejean

Né le 11 août 1901 à Bar-le-Duc (Meuse), mort le 28 janvier 1938 à Pau (Basses-Pyrénées) ; professeur agrégé ; porte-parole des idées communistes dans le Béarn jusqu’en 1936, puis opposant.

Fils de professeurs, lui-même professeur de langues mortes au lycée du Mans (Sarthe), Paul Verdier devint en avril 1928 secrétaire du rayon communiste de la Sarthe en remplacement de Pierre Ferrand*. Nommé au lycée de Pau en 1929, Paul Verdier, en novembre 1932, exprima une conception particulière sur les rapports que devaient entretenir les communistes avec les socialistes dans le cadre de la recherche du front unique au moment de la réunion du congrès d’Amsterdam. Le secrétariat du Parti communiste, dans une lettre au secrétaire du rayon de Paul expliquait « Si la position du camarade Verdier était adoptée par le Parti cela signifierait un recul sur le congrès d’Amsterdam lui-même. Il ne s’agit pas bien entendu de faire la critique de la social-démocratie par des mots injurieux, mais c’est par des faits qu’il faut démasquer sa politique de soutien de la bourgeoisie et avec toute la souplesse nécessaire qui permet de ne pas heurter de front les socialistes et les conquérir au front unique » et précisait « Par exemple Verdier déclare que c’est seulement en prenant la tête des mouvements de masse que nous démasquerons la social-démocratie pour prendre ensuite la tête du mouvement. Cette façon de poser la question est erronée, il faut en même temps prendre la tête des mouvements et démasquer la social-démocratie et si le camarade Verdier pense que pour prendre la tête des mouvements il faut passer sous silence l’attitude de la social-démocratie. » Toutefois le conseil qu’il donnait était d’éviter tout conflit ouvert avec Verdier. Un mois plus tard, il demandait avec l’accord de la région une subvention pour lancer un hebdomadaire régional L’Étincelle des Pyrénées. Un refus s’ensuivit mais le journal parut malgré tout à partir du 27 janvier 1933 avec Verdier comme collaborateur régulier. Dans ses articles, il critiqua les décrets pris par A. Tardieu et, analysant les rapports entre socialistes et communistes, se montra favorable à l’unité d’action. Pourtant il continua à exprimer à l’intérieur du Parti des désaccords avec sa politique. Dans de nombreuses réunions politiques, il défendit et expliqua, avec beaucoup d’habileté, les positions du Parti communiste. « Ton ardent et généreux, puissance d’entraînement et de prosélytisme », notait un journaliste socialiste qui ajoutait : « Présentée sur ce ton et sous cette forme la doctrine communiste peut être loyalement discutée » (Le Travail, 15 avril 1934). Paul Verdier milita également au Secours rouge international et aux Amis de l’Union soviétique. Il était également à cette époque secrétaire académique du syndicat CGTU de l’Enseignement.

En avril 1934, après des manifestations organisées par le comité antifasciste de Pau lors d’une réunion tenue par Ibarnegaray, Paul Verdier fut inculpé d’« outrages et de voies de fait à agent, provocation de militaires à la désobéissance ». Il fut suspendu de ses fonctions, condamné à deux mois de prison et muté d’office au lycée de Béziers (Hérault). La sanction souleva une vive émotion parmi les syndicats et les partis de gauche qui y virent une tentative d’entraver le mouvement de lutte contre le fascisme. En riposte, Verdier fut désigné comme candidat unique de la gauche aux élections pour le conseil général d’octobre 1934 dans le canton d’Accous ; avec 196 voix il obtint 13 % des suffrages exprimés.
Dès l’été 1934, Paul Verdier fut en désaccord avec l’orientation prise par le Parti communiste. Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes de Pau, dont il était le principal animateur, convoqua un congrès antifasciste à Orthez avec, à l’ordre du jour, « la question du soulèvement armé et l’instauration d’un directoire régional ». C’est une « grave faute » commenta Étienne Landaboure*. Quand il arriva à Béziers, il créa une cellule communiste au lycée et déploya une activité important dans le mouvement Amsterdam-Pleyel. Le responsable régional du Parti signala, le 8 mai 1936, à la direction qu’il n’avait « rien de changé chez lui » et demanda s’il fallait « l’utiliser pour des meetings du Parti car il m’a tout l’air disposé à se lancer dans de grands meetings ».
En raison de ses « erreurs politiques », Paul Verdier ne fut pas choisi comme candidat aux élections législatives de 1936. En 1936, il retrouva son poste au lycée de Pau En raison de ses « erreurs politiques », Paul Verdier ne fut pas choisi comme candidat aux élections législatives de 1936. Avec la guerre d’Espagne, la chute d’Irun, les procès de Moscou, les divergences s’accentuèrent : une nouvelle « affaire Verdier » commença, ouvrant « une véritable crise » dans le PC et compliqua, à Pau, les relations entre les formations politiques du Front populaire. Le bureau régional du PC lui reprocha, outre les débats organisés aux Amis de l’Union soviétique avec René Chassagne sur les procès de Moscou, d’adopter « au comité de Front populaire de Pau une attitude anti-unitaire et anticommuniste, de pousser au travail de division et de calomnie ». Paul Vaillant-Couturier le considérait comme un élément trotskyste (propos rapporté dans un document intérieur du Parti communiste). Dans une autobiographie de août 1937, Jean Lagrèze, le qualifiait également de trotskyste et d’arriviste. Au printemps de 1937, Paul Verdier démissionna. Il continua à militer dans les autres organisations dont il était membre et adhéra à la Ligue des droits de l’Homme.

A sa mort, en janvier 1938, L’Étincelle publia une notice nécrologique et présenta à la famille les condoléances du bureau régional du PC et de la Fédération des Amis de l’Union soviétique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134066, notice VERDIER Paul, Xavier, Alfred par Jean-Claude Paul-Dejean, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 février 2016.

Par Jean-Claude Paul-Dejean

SOURCES : RGASPI, 495 270 6459, 517 1 1815 et 1818. — Arch. Nat. F7/13027 et 13748. — Arch. Dép. Landes, 3 M 182, 183 et 5 Ms 167. — L’Étincelle. — Le Travail.Le Travailleur du Languedoc, 1934-1936. — Rens. de R. Chassagne.— Notes de Jacques Girault.

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