Par Justinien Raymond
Né le 25 janvier 1887 à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; mort le 28 octobre 1927 dans un sanatorium des Landes. Employé des PTT puis journaliste ; militant socialiste puis communiste enfin socialiste-communiste ; conseiller municipal de Boulogne-Billancourt.
Fils d’un ébéniste (son grand-père était également ébéniste) et d’une lisseuse, R. Verfeuil appartint, avant l’unité de 1905, à un groupe de Jeunesse laïque de tendance socialiste qui, à Montauban, avait pris la relève d’un groupe socialiste tombé en léthargie. Il fut un des initiateurs du ralliement de ce groupe laïque au socialisme et il prit en main la propagande dans le département. Il fut le vrai fondateur de la fédération de Tarn-et-Garonne créée tardivement au congrès de Finhan (19 juin 1910). À l’action oratoire, il ajouta sa collaboration au Midi socialiste de Toulouse. C’est alors qu’il prit le pseudonyme de Verfeuil : son vrai nom était Lamolinairie. En 1914, comme candidat socialiste SFIO aux élections législatives dans l’arr. de Castelsarrazin, milieu difficile, Verfeuil obtint 881 voix. La même année, il représenta la fédération de Tarn-et-Garonne au congrès d’Amiens.
Il était alors fixé dans la Seine et militait à la XVIe section socialiste de Paris. Au début de la guerre, il fut placé en sursis d’appel comme commis des postes. Il se rangea dans le courant minoritaire animé par J. Longuet, fut secrétaire adjoint du comité pour la défense du socialisme international, entra à la commission exécutive de la fédération de la Seine et bientôt à la CAP du Parti socialiste et collabora à la presse pacifiste : le Populaire du Centre, le Populaire et le Journal du peuple. Le 4 mai 1920, il fut arrêté, vraisemblablement dans le cadre de l’enquête sur le « complot contre l’État », mais fut relâché dès le 18 mai suivant. Au congrès de Strasbourg (février 1920) où il représentait la fédération de la Seine, R. Verfeuil se prononça contre l’adhésion immédiate à la IIIe Internationale. En vue du congrès de Tours (décembre 1920) où il siégea, il se rangea dans le courant « reconstructeur ». Au congrès, il s’affirma partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale et résolu à réaliser dans ce sens le maximum d’accord. Il s’éleva contre les conditions exprimées dans le télégramme de Zinoviev. Après s’être considéré comme exclu par ce dernier, il rejoignit la majorité où se constitua le Parti communiste le jeudi 30 décembre 1920 dans l’après-midi. Il déclara se refuser à suivre Paul Faure dans le sein de la nouvelle SFIO « qui comptera les éléments les plus compromis du Socialisme de guerre » (compte rendu, p. 557).
« Je n’adhère pas au Comité de la IIIe Internationale, avait-il ajouté, je reste dans le Parti socialiste français » (ibid., p. 557). Il appartint à l’aile droite du Parti communiste dont il fut exclu en 1922. Il poursuivit son rêve unitaire et milita dans l’Union socialiste-communiste formée sous l’impulsion de Paul Louis.
À l’issue du congrès de Tours, il fut l’un des délégués permanents à la propagande. Devenu membre du Comité directeur lors du congrès de Marseille (décembre 1921), il devait être exclu le 21 septembre 1922 par le comité fédéral de la Seine à la suite de la publication dans le Matin d’une convocation qu’il avait adressée aux opposants au Comité exécutif de l’Internationale. Le 12 octobre son exclusion fut ratifiée par le congrès fédéral de la Seine.
En novembre, Verfeuil participa à la constitution de l’Union fédérative des travailleurs socialistes de France avec Henri Sellier, Michel Georgen, organisation qui avec le Parti communiste unitaire de L.-O. Frossard créa en avril 1923 l’Union socialiste communiste. Il fut alors élu membre du comité central de l’USC et délégué à la propagande. Fin décembre, il fut reconduit au CC et devint membre du conseil d’administration de l’Égalité. En janvier 1924, il devait être nommé secrétaire général de l’USC. La même année, il figura sur la liste du cartel des gauches dans le 4e secteur de la Seine et rassembla 88 963 suffrages sur 406 547 inscrits. En juillet 1924, il aurait réadhéré à la SFIO lit-on parfois, en fait Jean Longuet affirme le contraire dans son hommage à Raoul Verfeuil (La Nouvelle Revue socialiste, 2e année, n° 20, 15 septembre 1927-15 janvier 1928) : « Verfeuil ne put se décider (...) à s’incliner devant l’inévitable ».
À partir de 1923, il avait collaboré au journal la Vague et, deux ans plus tard, en 1925, il appartenait à son comité de rédaction aux côtés de Jean Longuet, Maurice Delépine et Jules Brizon.
Domicilié à Boulogne-Billancourt, il fut élu conseiller municipal de la 2e section sur la liste dirigée par Morizet. Le préfecture de considérait encore comme un « communiste dissident ».
Jeune encore, il devait mourir quelques années plus tard dans le sentiment d’un profond isolement.
Par Justinien Raymond
ŒUVRE : R. Verfeuil collabora au Midi socialiste et à La Vague dont il fut rédacteur en chef après la mort de Brizon. Dans son roman L’Apostolat (réédité par La Brochure en 2014), il décrivit la lutte des minoritaires pendant la guerre et retraça les circonstances de la scission. — , il fut d’abord poète, avec deux livres édités. Une publication est rééditée à La Brochure concernant Olympe de Gouges.
La référence est : Trois présentations d’Olympe de Gouges, Mary-Lafon, Edouard Forestié, Raoul Verfeuil, 148 pages, Editions La Brochure
SOURCES : État civil, mairie de Montauban. — Comptes rendus des congrès de la SFIO d’Amiens (1914), Strasbourg (février 1920), et Tours (décembre 1920). — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 532 à 534. — Jean Longuet, « Raoul Verfeuil », in La Nouvelle Revue socialiste, 2e année, n° 20, 15 septembre 1927-15 janvier 1928, pp. 188-190. — Jules-Humbert Droz, « L’oeil de Moscou » à Paris, Paris, 1964, passim. — Arch. Jean Maitron (fiche Batal). — Ph. Robrieux, op. cit., t. 4. — Le Matin, 9 septembre 1922. — Bulletin communiste, septembre 1922. — Journaux cités. — Jean-Paul Damaggio, Clin d’oeil à Verfeuil, 74 pages, Editions La Brochure.