VETTER Alfred

Par Daniel Grason

Né le 17 juillet 1903 à Strasbourg (Bas-Rhin), fusillé comme otage le 13 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; cordonnier, journaliste domicilié à Vitry-sur-Seine ; militant communiste ; résistant.

Photo prise le 25 mai 1939 à Paris.
Musée de la Résistance Nationale.

Fils de Jacques, catholique, et de Magdalena, née Braun, protestante luthérienne, Alfred Vetter, français par réintégration, fut ouvrier cordonnier avant de devenir rédacteur à l’Humanité d’Alsace-Lorraine. En 1925, il participa au Congrès ouvrier et paysan contre la guerre du Maroc, réuni à Strasbourg le 20 septembre. Le 8 mai 1926, lors d’un congrès de conscrits organisé par la section des Jeunesses communistes (JC) de Strasbourg au Jardin populaire, il fit l’historique des JC. Le 2 mai, il avait également tenté de réunir un « congrès de conscrits » à Niederbronn, mais un seul conscrit y avait assisté : Alfred Vetter imputa cet échec aux pressions des établissements De Dietrich.
Il fut animateur de la cellule communiste Karl-Liebknecht à Strasbourg (quartier de la Krutenau et centre de la ville) en 1932 ; sa sœur Anne était dans la même cellule. Il siégeait, selon la police, à la commission de propagande antimilitariste de la région communiste d’Alsace-Lorraine, et était en liaison avec Hubert Otto (probablement un pseudonyme) de l’appareil du Komintern.
Une fois marié, le couple demeura 2 rue de Villejuif à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Dès juillet 1940, avec sa femme, il constitua des comités populaires, imprima et diffusa des tracts. Lors d’un rendez-vous le 11 octobre 1940, des policiers l’arrêtèrent ; son domicile fut perquisitionné : deux machines à écrire, des stencils et du papier blanc furent saisis. Il fut interné au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Le 31 mars 1942, il fut transféré à la prison de la Santé (Paris, XIVe arr.).
Le 2 avril 1942 vers 22 h 30, à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis), pendant une alerte, des résistants tirèrent des coups de feu contre une sentinelle allemande postée devant le groupe scolaire Paul-Doumer. Un résistant lança une grenade dans une salle du rez-de-chaussée où se trouvaient plusieurs soldats allemands ; l’un d’eux fut légèrement blessé.

En représailles, les Allemands décidèrent de fusiller plusieurs otages. Alfred Vetter fut passé par les armes le 13 avril 1942 à 9h36, avec trois autre résistants : André Nicolas, Jean Stéphan, Camille Risser.
Son inhumation eut lieu le lendemain au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).

Son nom figure sur le monument aux morts de Beinheim (Bas-Rhin). Il fut reconnu « Mort pour la France » par le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre le 5 septembre 1947. Le conseil municipal de Vitry-sur-Seine, par délibération du 21 août 1949, attribua son nom à une rue de la ville.



L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Lundi 13.4.42
6 exécutions
Remplacé l’aumônier militaire Loevenich à la Santé, 6 otages :
Larue, 21, avenue de la mairie, Fresnes
Nicolas, André, 29, bd Pasteur, Fresnes, son père employé, 126, bd Auguste Blanqui
Stephan, Jean, 16, rue Henri Dubois, Gagny (S. et. O.)
Risser, Camille, 5, rue Robert Turquan, XVIe
Nève, Pierre, prof. lycée Charlemagne
Vetter Alfred , chez Mme Bournagaud , 52 , rue de Villejuif à Vitry (S.)
6 heures du matin à la Santé. Aucun ne voulut de secours spirituel, pas même le jeune Nicolas, 20 ans, très agité et qui pleurait, n’a jamais pratiqué, Vetter vient de Strasbourg, tous morts sans la foi. Stephan était infirmier, intelligentsia communiste, pareil pour Nève, tous plus ou moins communistes. 8 devaient au départ être fusillés, puis uniquement 6. 4 ont été enterrés dans le cimetière de Courbevoie, 2 de La Garenne. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134282, notice VETTER Alfred par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

Photo prise le 25 mai 1939 à Paris.
Musée de la Résistance Nationale.

SOURCES : Arch. Nat., F7/13130, F7/ 13157 (Notes Léon Strauss). – Arch. PPo., BA 1752, BA 2117. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Delphine Leneveu, Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil (traduction de Léon Strauss). – Arch. com., La résistance à Vitry-sur-Seine, 1BIB026. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 78-79.

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