VIBERT Jean

Né le 14 août 1867 à Loperhet (Finistère), mort le 4 avril 1951 à Brest ; ouvrier mouleur à l’arsenal de Brest ; militant syndicaliste et socialiste.

Fils d’un gabarier et d’une cultivatrice, Vibert s’était marié à Rochefort avant de s’installer à Brest où il fut un des premiers militants et candidats socialistes. Aux élections législatives de 1902, il arriva au quatrième rang des candidats avec 1 105 voix. En 1904, il fut élu, sur la liste de coalition victorieuse, conseiller municipal de Brest. Il devint adjoint au maire Aubert. En 1905, il adhéra à la SFIO mais quelques années plus tard, il entra en une dissidence dont l’origine fut son refus de se conformer à la décision de la majorité des conseillers municipaux socialistes de la municipalité Aubert qui démissionnèrent en août 1907 à la suite de l’échec des candidats socialistes aux élections cantonales. Vibert dénonça l’« autoritarisme » de Goude, la campagne menée par le journal SFIO l’Égalitaire contre la Bourse du Travail (voir « lettre au citoyen Dubreuilh, secrétaire du conseil national du Parti socialiste unifié », dans Le Semeur, n° 3 du 16 janvier 1908). Vibert fonda avec Martin le groupe socialiste dissident « les Égaux », lança en janvier 1908 le journal Le Semeur, pour le socialisme intégral, le syndicalisme et l’émancipation ouvrière qui cessa de paraître en mai 1908. Le journal se voulait trait d’union entre socialistes, syndicalistes révolutionnaires et anarchistes, comme l’expliquait Roullier, secrétaire de la Bourse du Travail de Brest dans l’article « Coalition révolutionnaire » (Le Semeur, n° 1, 2 janvier 1908) :

« [...] Certes, nous n’avons rien innové ; déjà, dans la Guerre sociale, Hervé et Bruckère et d’autres socialistes, Janvion et Yvetot et d’autres anarchistes syndicalistes, Malato et Stackelberg et d’autres anarchistes communistes se sont groupés. Ce qui est bon pour nos camarades parisiens l’est aussi pour nous, croyons-nous [...]. Nous déclarons que la politique électorale n’aura au Semeur qu’une place secondaire [...]. Certains d’entre nous pensent encore sincèrement améliorer la situation de la classe ouvrière en participant aux pouvoirs publics [...]. Mais tous nous sommes d’accord pour reconnaître qu’actuellement le bulletin de vote est une arme insuffisante pour arracher aux classes patronales et dirigeantes une amélioration réellement profitable. Tous, nous sommes unanimes pour dire que le syndicat est la machine la plus infernale et la plus redoutable qui ait jamais été dressée contre le système capitaliste et les institutions de la bourgeoisie. Mais tous les collaborateurs du Semeur reconnaissent que la grève générale apparaît comme le seul moyen efficace de préparer, par la prise de possession de la terre et des machines, la révolution libératrice [...] »

Mais le journal se transforma en soutien électoral de la liste « d’action républicaine et sociale » menée par Vibert, Martin, et d’autres anciens conseillers de la municipalité Aubert, liste qui fut largement battue aux élections municipales de mai 1908.

Dénoncé comme agent provocateur par les socialistes pendant toute cette période, Vibert n’en fut pas moins élu secrétaire du syndicat des travailleurs réunis du port lors de la réunification de ce syndicat (cf. l’article « Bravo les Brestois », Voix du Peuple, 13-20 mars 1910). C’est qu’il était, depuis dix ans, un syndicaliste actif. Secrétaire, en 1899, du comité ouvrier du port de Brest, cercle paternaliste, il le transforma en syndicat révolutionnaire en avril 1900. Comme secrétaire du syndicat des ouvriers du port, il joua un grand rôle dans les grèves en 1904, de nouveau en 1905 dans la lutte pour la réintégration de Victor Pengam. Il se rendit alors à Paris pour discuter avec le ministre de la Marine. Il avait été délégué au XIVe congrès national corporatif — 8e de la CGT — Bourges, septembre 1904. En 1909, Vibert était secrétaire du syndicat des ouvriers de l’arsenal (syndicat dit « anarchiste », issu d’une scission du syndicat des travailleurs réunis du port).

Après la guerre il devint chef d’atelier à l’arsenal et dirigea le syndicat des agents techniques fondé en mai 1919. « Malgré sa notoriété dans le monde des travailleurs de l’arsenal, Vibert, devenu un chef ouvrier, perdit beaucoup de son influence » (Historique sur l’arsenal de Brest rédigé par le commissaire spécial le 10 février 1922, Arch. Nat. F7/ 13 639). Il avait donné un temps son adhésion au Parti communiste, lors de sa constitution après le congrès de Tours (décembre 1920). Il fut trésorier de la section de Brest et conseiller municipal en 1922. Toutefois, dès 1923 sans doute, il avait dû quitter le parti puisqu’il participa en juillet de cette même année à la constitution du nouveau syndicat CGT de l’Arsenal dont il fut le secrétaire adjoint, Charles Berthelot étant secrétaire général. J. Vibert conserva cette fonction jusqu’en 1927. Il fut ensuite président des retraités fonctionnaires et ouvriers de l’État.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134383, notice VIBERT Jean , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

SOURCES : Arch. Dép. Finistère, 22 M. — La Dépêche de Brest, 1902-1904-1908-1910. — G. Thomas, Brest-la-Rouge, 1962. — G. Baal, La Bourse du Travail de Brest, 1904-1914, Mémoire de Maîtrise, 1971 (CHS). — Arch. Nat. F7/13639. — Eugène Kerbaul, 1640 militants du Finistère, 1988, Bagnolet.

ICONOGRAPHIE : Brest-la-Rouge, op. cit., p. 129 (Vibert au second rang, à l’extrême droite).

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