VIEILLEDENT Henri

Par Jean Maitron

Né le 6 avril 1909 à Saint-Denis (Seine), mort le 9 novembre 1990 à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) ; ouvrier serrurier ; militant syndicaliste CGT ; responsable administratif du CCEO (1937-1939).

Le père d’Henri Vieilledent vint à Paris avec sa femme en 1898 ; il fut embauché comme journalier pour surveiller les fours de l’usine à gaz du Landy à Saint-Denis au tarif de cinq francs par jour. Il était alors père de trois garçons, Henri étant le plus jeune ; une fille allait naître un peu plus tard. Henri Vieilledent avait obtenu le Certificat d’études primaires.

Le 9 août 1922, il entra comme apprenti dans un atelier où l’on fabriquait des bougies pour autos. Il fut ensuite employé durant trois ans (7 août 1923-22 mars 1926) dans les ateliers de la Société des machines à écrire MAP où il prit part à sa première grève qui dura quinze jours. Il devint alors serrurier chez un artisan avec un salaire horaire de 75 centimes. Employé par la Compagnie internationale des wagons-lits le 13 octobre 1928, il n’y resta que quelques mois et s’engagea comme compagnon serrurier dans une entreprise artisanale. Henri Vieilledent suivait alors des cours du soir de traçage en charpente organisés par le syndicat du Bâtiment à la Bourse du Travail de Paris. En 1932-1933, il assista à un cours de traçage en chaudronnerie organisé par l’Association philotechnique de Saint-Denis qui lui permit d’être embauché le 13 septembre 1929 par une entreprise de charpente en fer à Saint-Denis.

Avant son service militaire, Henri Vieilledent s’inscrivit en février 1929 au cours pratique organisé par la Fédération générale française des mécaniciens, chauffeurs, électriciens et, le 15 octobre 1930, fut incorporé à Brest au 2e dépôt des équipages de la Flotte. A l’issue de son service, il retrouva son emploi. Seul syndiqué de son entreprise, il participa à la grève du 12 février 1934 puis, après le succès des élections des 26 avril et 3 mai 1936, aux occupations d’usine.

C’est le 7 mars 1937 que Henri Vieilledent abandonna son métier de serrurier pour prendre en charge le service d’archivage du Centre confédéral d’éducation ouvrière (CCEO), sous la direction de Raymond Bouyer*. Il y fit la connaissance de Georges Politzer*.

Mobilisé en septembre 1939 sur un contre-torpilleur, Henri Vieilledent fut rapatrié à Toulon le 8 août 1940. Démobilisé, il se rendit au siège de la CGT, 211 rue Lafayette. L’immeuble était vide et le concierge, Baptiste Bour*, conseiller prud’homme des dockers parisiens, encore présent, lui remit les clefs. Dix-sept perquisitions avaient déjà eu lieu mais, ainsi que put le constater Henri Vieilledent, la « cache » des archives n’avait pas été visitée. En cinq jours les pièces les moins volumineuses des archives de la CGT trouvèrent refuge dans le grenier d’un modeste pavillon de Saint-Denis. Puis une cachette provisoire fut trouvée dans l’immeuble de la CGT, dans le double plafond de la cage du treuil de l’ascenseur. Avec le concours de deux élèves du CCEO, Pierre Sauvage et Pierre Bonuzzi,* les « grosses pièces » des archives de la CGT y trouvèrent un provisoire refuge. Adrien Dansette, chef de service à la Bibliothèque nationale et Georges Lefranc* apportèrent une solution définitive par un transfert à la Bibliothèque nationale. Ce fut le 25 septembre 1944 que les archives de la CGT déposées à Saint-Denis firent retour au siège de la CGT.

En 1941, chômeur, Henri Vieilledent suivit des cours pour devenir moniteur technique de centres de jeunes. A la veille de la Libération, il travaillait avec Marcel Roy* (voir Marcel Lucien Roy*), secrétaire de la Fédération des Métaux, comme secrétaire adjoint de la Famille professionnelle de la Métallurgie. Pacifiste, il se tint à l’écart de la Résistance et réprouva les « exactions » commises à la Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134491, notice VIEILLEDENT Henri par Jean Maitron, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Jean Maitron

ŒUVRE : Souvenirs d’un travailleur manuel syndicaliste, La Pensée universelle, 1978.

SOURCE : Lettres, 1985.

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