VIGNE Octave, Alexandre

Par Jacques Girault

Né à Montfort-sur-Argens (Var) le 14 avril 1867 ; mort à Campagne-la-Marquise, commune de Le Thoronet (Var), le 31 octobre 1945 ; propriétaire-viticulteur ; militant socialiste ; député et président du conseil général du Var..

Fils de Polyeucte Vigne, originaire de Lorgues (Var), viticulteur exploitant, conseiller municipal élu sur la liste "rouge" de 1896 à la guerre à Montfort, Octave Vigne fit des études secondaires aux lycées de Marseille et de Toulon avant de se fixer au pays natal sur le bien paternel. Il épousa en août 1891 à Montfort, alors qu’il effectuait son service auxiliaire aux armées, Mathilde Reboul, fille du maire Joseph Reboul. Ils eurent un fils.

Octave Vigne signa, le 19 août 1892, la demande d’autorisation du cercle de l’Avenir fondé à Montfort dans le but de "propager et de répandre les idées républicaines dans un milieu purement réactionnaire". Il entra alors dans l’action politique républicaine. Le "congrès de tous les républicains", tenu à Montfort, le 21 juillet 1895, le désigna pour affronter, aux élections cantonales, le conseiller général sortant "républicain rallié" et un candidat conservateur. Le sous-préfet, qui le qualifiait à la fois de "républicain radical" et de "républicain socialiste", ajoutait "un jeune très remuant et très ambitieux ; ne négligera rien pour remplacer son député. Physique assez agréable, situation aisée et tenue correcte". Au premier tour, il arriva en tête avec 792 voix sur 2 753 inscrits ; le 4 août 1895, il devint conseiller général du canton de Cotignac avec 1 246 voix ; son affiche annonça alors "seul candidat républicain". Il fut élu conseiller municipal en 1896 sur la liste "rouge" de Charles Renoux.

Octave Vigne se spécialisa dans les questions d’associations agricoles (syndicats, mutuelles, coopératives, etc…) qui se diffusaient dans le département. Aux élections législatives de 1898, il se présenta comme radical-socialiste dans l’arrondissement de Brignoles. Le 8 mai, arrivé en deuxième position avec 2 757 voix sur 18 012 inscrits, il se retira.

Seul candidat désigné par le "congrès républicain socialiste de Cotignac" pour le Conseil général, Vigne fut réélu, le 4 août 1901, avec 1 362 voix sur 2 607 inscrits. Mais le sous-préfet indiqua que "l’unanimité de ses anciens électeurs socialistes ne lui est pas acquise." Membre du Comité départemental de l’instruction publique, il devint vice-président du Conseil général.

Octave Vigne participa aux congrès généraux des organisations socialistes françaises de la salle Japy à Paris (3-8 décembre 1899) et de la salle Wagram (28-30 septembre 1900). Délégué au congrès du Luc, le 23 décembre 1899 où fut fondé le Parti socialiste dans le département, il adhéra, avec le groupe de Montfort, "indépendant" jusqu’alors, à la fédération socialiste révolutionnaire du Var, définitivement constituée à la fin de 1900.

Pour les élections législatives de 1902, les groupes de l’arrondissement de Brignoles ne purent s’accorder sur un candidat socialiste unique. Le comité fédéral se refusa à choisir et exigea de Vigne et de Jean un engagement réciproque de désistement. Le 27 avril 1902, Octave Vigne arriva en tête avec 4 702 voix sur 17 398 inscrits. Jean renia son engagement mais, plus à gauche, il ne bénéficiait pas, comme Vigne, de l’appui des sénateurs radicaux-socialistes et de celui de Clemenceau. Vigne l’emporta, le 11 mai, avec 6 478 voix. Il s’inscrivit à la Chambre au groupe du Parti socialiste français et participa aux travaux de la commission de l’agriculture et de l’hygiène publique. Son activité parlementaire fut centrée sur la défense des intérêts agricoles et viticoles de sa circonscription. En 1905, il intervint dans la discussion du projet de loi sur la répression de la fraude sur les vins et les alcools en s’élevant contre le sucrage et le mouillage des vins.

Octave Vigne accéda pour une année à la présidence du Conseil général en 1905-1906. Il adhéra au Parti socialiste SFIO. Lors du congrès fédéral de Carnoules, le 4 mars 1906, tout en s’étant opposé aux analyses du Toulonnais Émile Claude, il combattit violemment les socialistes de la deuxième circonscription qui ne voulaient pas présenter de candidat contre le député radical-socialiste sortant Martin. Désigné comme candidat dans la circonscription de Brignoles, il fut réélu, dès le 6 mai, par 7 520 électeurs sur 16 792 inscrits. Devant la montée en puissance de Vigne, un nouveau sous-préfet, Goublet, fut nommé à Brignoles. Le 22 septembre 1906, ce dernier, clémenciste, révoqua le secrétaire de la sous-préfecture, le franc-maçon Auguste Albanel qu’il estimait "trop dévoué aux unifiés" et ami très proche de Vigne, qui interpella Clemenceau et, avec Maurice Allard, ils n’assisterent pas aux banquets en l’honneur du ministre de l’Intérieur en visite dans le Var à la mi-octobre.

Octave Vigne s’inscrivit au groupe socialiste et participa aux travaux des commissions de l’agriculture, de l’assurance et de la prévoyance sociale. Il resta même secrétaire de la commission de la viticulture à la Chambre, poste où il avait été désigné en 1905 et qui lui valurent de multiples adresses de remerciements et de félicitations consignés dans les procès-verbaux des coopératives vinicoles varoises. Durant la législature, à nouveau, il ne s’intéressa qu’à l’agriculture varoise (sériciculture, viticulture, élevage). En 1909, il intervint pour demander une aide financière aux oléiculteurs ainsi que le renforcement de la protection douanière et de la lutte contre la fraude. D’autre part, il proposa des améliorations du fonctionnement des coopératives agricoles et vinicoles.

A Montfort, les "rouges" du Syndicat de défense agricole et viticole, avec Vigne, affrontaient les "blancs" et leur syndicat. En décembre 1902, les "blancs" fondèrent une Caisse de crédit, puis en mars 1905, une Caisse d’assurance contre la mortalité du bétail et en avril une Caisse d’assurance-maladie ; en 1906, les "rouges" et Vigne rétablirent l’équilibre en créant des caisses d’assurances contre l’incendie et la mortalité du bétail et en mettant en place une caisse de crédit agricole. En février 1908, les "blancs" inaugurent leur coopérative "La Vigneronne". En réaction, Vigne contribua à la création par les "rouges" d’une coopérative vinicole, "La Montfortaise", en mai 1908 qu’il présida à partir de 1913. Il n’intervint jamais ouvertement dans les élections municipales de la commune. Mais son influence était grande comme le constata le sous-préfet, le 5 mai 1912, "le conseil municipal de Monsieur le député Vigne où les réactionnaires de toutes nuances se font protéger par le drapeau du socialisme unifié, a été réélu sans concurrent".

Octave Vigne sollicita à nouveau les suffrages des électeurs du canton de Cotignac, le 28 juillet 1907. Le maire du chef-lieu, républicain socialiste, fut son adversaire. Vigne le battit facilement avec 751 voix sur 2 507 inscrits. Bien que candidat patronné par la fédération socialiste SFIO, son bulletin ne portait que la mention "républicain-socialiste". Le préfet alors indiqua : "devenu socialiste unifié non par conviction mais pour des raisons toutes personnelles. Exerçait jadis une grosse influence sur les électeurs du canton". L’hostilité de Clemenceau et de l’administration atteignit son paroxysme. Lors de la réunion du Bloc des Gauches, en septembre 1908 à Tourves, pour la préparation des élections sénatoriales, il flétrit énergiquement les actes du ministère. Le 1er octobre, il ne fut pas invité au dîner offert par le préfet au Conseil général. Il fut réélu conseiller général, le 3 août 1913, comme "socialiste unifié" avec 1 169 voix sur 2 295 inscrits.

A la Chambre, son attitude n’était pas toujours identique à celle des autres députés socialistes varois. Ainsi, il s’abstint, en octobre 1908, dans l’ordre du jour contre le ministre du travail René Viviani qui ne fut pas voté par Maurice Allard et Prosper Ferrero. Le 28 avril 1910, réélu député de l’arrondissement de Brignoles, avec 5 674 voix sur 16 034 inscrits, il fit partie de la commission de législation fiscale et intervint pour proposer, le 5 juillet 1910, une loi "tendant à exempter de l’impôt du timbre et du droit de transmission les sociétés coopératives de production agricole", proposition qui ne reçut pas de suite. Il rappela cette intervention au ministre de l’agriculture Clémentel, le 25 juillet 1913.

Le 7 juillet 1904, Octave Vigne participa au congrès universel de la Libre Pensée à Rome. Il fut à la tribune de celui de Brignoles le 15 mai 1905 où fut votée un vœu réclamant l’abolition de la peine de mort. Orateur, il affirma que "Le parti républicain doit anéantir le cléricalisme" et précisa que la loi de séparation présentée n’étant pas celle des parlementaires varois, il regrettait le projet Allard, député de Draguignan, repoussé par la Chambre, le 10 avril. Il était à cette époque signalé au préfet comme franc-maçon. Il fut initié, selon les archives du Grand Orient, en 1901 à “La Réunion“ de Toulon, puis affilié à “L’école de la sagesse“ de Brignoles en 1908 lors de sa re-création.

Sa réélection comme député, le 26 avril 1914, fut triomphale. Réunissant 6 543 voix sur 14 463 inscrits alors que ses adversaires se partageaient le millier de suffrages exprimés restants, il voyait son implantation consacrée. Le congrès fédéral du Parti socialiste SFIO des Arcs, le 4 janvier 1914, le délégua pour le congrès national d’Amiens (il ne fut toutefois pas mentionné sur le liste des délégués au congrès) et le proposa pour le congrès international de Vienne. Enfin, le Conseil général le porta à sa présidence en 1913. Un hebdomadaire qui s’opposait à lui, Le Journal du Var, le 10 juillet 1911, titra déjà "l’apocalypse unifiée" un article où l’on pouvait lire : "L’arrondissement de Brignoles avait pour grand pontife O… V…, homme très éminent et de grande influence […] cette éminence grise possédait le don de distribuer, telle une manne bienfaisante, des billets de mille aux coopérateurs de sa secte !".

En 1914, Octave Vigne, avec Gustave Fourment, était "l’homme fort" du département. La poussée socialiste dans les campagnes qui bousculait les équipes radicales lui devait beaucoup. Sa puissance politique résultait de son intervention sur le terrain économique qui était, selon lui, le moyen idéal d’accès au socialisme. "Etendre les principes socialistes chez les paysans par le syndicalisme et la coopération", déclara-t-il, le 15 septembre 1909 dans une réunion de la section socialiste SFIO de Toulon.

La guerre constitua un tournant dans sa carrière politique. Président du Conseil général, Octave Vigne collabora avec l’administration toute dévouée à Clemenceau, sénateur du Var. Il accepta de multiples tâches. D’autre part, à la Chambre, bien que membre des commissions de l’agriculture et de la marine, son activité se borna aux questions touchant l’agriculture varoise et les pensions. Mais surtout, il résista à l’évolution du Parti socialiste SFIO de plus en plus hostile à l’Union sacrée. Le 5 juin 1917, il se sépara des autres députés socialistes en votant la confiance au gouvernement Ribot qui avait refusé à la délégation socialiste française l’autorisation de se rendre à la conférence de Stockholm. Il fut délégué au congrès national d’octobre 1917 où la minorité accentua sa pression. Au printemps de 1918, il signa avec 40 majoritaires, la lettre de félicitations au socialiste suédois Branting, qui avait critiqué un article pangermaniste du journal socialiste allemand Vorwärts. Cette attitude lui attira un blâme de la section socialiste SFIO de Toulon en avril 1918. Elle critiqua notamment son discours inaugural au Conseil général et sa demande de vote de félicitations à Clemenceau devenu président du Conseil. Selon la police, il répondit aux socialistes toulonnais, "Je repousse du pied l’ordre du jour de quelques échappés de la sacristie ou de quelques poires égarées." Aussi, le préfet, évoquant les perspectives politiques, la paix revenue, écrivit, dans son rapport, le 1er février 1918, à propos de Vigne, "sera réélu, sa situation est forte non pas tant à raison de ses opinions que par l’essor économique qu’il a donné aux groupements coopératifs viticoles. Election commerciale et non politique."

Dans l’immédiat après-guerre, Octave Vigne vota contre les consignes du Parti les crédits militaires pour le deuxième semestre 1919. A ce sujet, le congrès de la fédération socialiste SFIO, le 7 septembre 1919, eut à débattre d’une motion déposée par la section de Toulon qui blâma à nouveau le député. Pierre Renaudel s’ y opposa et s’en expliqua : Vigne, selon lui, aurait été absent au moment du vote et un de ses collègues aurait voté pour lui : "Il a déclaré qu’il était prêt à revenir sur son vote". Pourtant, nouvelle étape de cette évolution, le 2 octobre 1919, il ne prit pas part au scrutin sur le traité de Versailles pour ne pas avoir à le repousser comme le demanda le Parti socialiste SFIO.

Le 19 octobre 1919, le congrès de la fédération socialiste SFIO de Toulon stipula que les députés sortants devaient être représentés. Elle visa avant tout Vigne qui refusa en raison, expliqua-t-il, de ses occupations personnelles et des charges à la présidence du Conseil général. Il présida néanmoins le comité départemental électoral de la liste socialiste SFIO et fit campagne dans l’arrondissement de Brignoles pour elle. La presse n’hésitait pas alors à affirmer que Vigne visait le Sénat.

Son évolution politique continua. [Le Petit Var], le 11 janvier 1920, expliqua une nouvelle fois que "Vigne compte parmi ceux qui le [Clemenceau] firent rentrer au Parlement, en lui offrant la première candidature au Sénat, et ce n’est plus un secret que l’illustre homme d’Etat a toujours un faible pour l’ancien député de Brignoles". Octave Vigne proposa que le Conseil général offrit à Clemenceau un déjeuner, le 1er janvier 1920, lors de son voyage d’adieu au département puisqu’il avait décidé de ne pas se représenter aux élections sénatoriales.

Pour ces dernières, le congrès de la fédération socialiste SFIO, le 28 décembre 1919 décida que Vigne serait le candidat au parti au Sénat. Mais Vigne négociait depuis longtemps pour figurer sur une liste patronnée par Clemenceau. Ce dernier télégraphia lui-même au maire d’Hyères, le 28 décembre, pour qu’il s’effaçât "devant quelqu’un de plus avancé vers la gauche". Sur la demande de l’ancien président du Conseil, le sous-préfet de Toulon intervint lui aussi pour le convaincre. Le lendemain, il télégraphia que le maire d’Hyères acceptait mais qu’il demandait "instamment afin de faciliter campagne auprès de ses amis que Monsieur Vigne prenne également sinon écrit du moins verbal de quitter le parti unifié après élections sénatoriales". Parallèlement, la presse annonça que Vigne serait sur la même liste que Renoult et Martin. La République du Var, journal de droite, le 29 décembre 1919, laissa prévoir quelques difficultés ; Vigne "peut bien, à la rigueur, passer pour un unifié, mais le parrainage officieux, sinon officiel, de Monsieur Clemenceau - à qui les socialistes ne pardonnent pas- ne contribuera pas à leur faire accepter la liste telle quelle". Des résistances étaient vives pour voter Vigne dans le camp des forces "nationales". Le 8 janvier 1920, La République du Var annonça que la fédération socialiste SFIO allait statuer sur la demande d’exclusion de Vigne.

Le 11 janvier 1920, les 486 électeurs sénatoriaux se prononcèrent. Au premier tour, Octave Vigne arrivé en quatrième position avec 190 voix et fut battu au tour suivant malgré ses 235 voix ; les socialistes avaient réussi à faire élire Fourment. Dans sa lettre de remerciements, Vigne nota : "Une odieuse et violente campagne d’injures et de calomnies soulevées au dernier moment par quelques adversaires peu scrupuleux a eu raison de ma candidature". Il termina par cette exhortation, "Merci et à bientôt en vue des luttes futures. Tout pour le Var et tout pour la République démocratique et sociale".

Après avoir été élu conseiller municipal de Montfort, le 30 novembre 1919, avec 143 voix sur 242 inscrits, Octave Vigne, seul candidat, fut réélu conseiller général du canton de Cotignac, le 14 décembre 1919, avec 862 voix sur 2 005 inscrits. Très affecté déjà par la mort accidentelle de son fils en août 1920 qui fut enterré civilement (plus tard il adopta un garçon et une fillette de l’Assistance publique), empêché d’aller siéger au Sénat, il démissionna aussitôt après sa réélection comme président du Conseil général. Le 13 janvier 1920, il n’avait recueilli que 17 voix, les 10 bulletins blancs marquant la désapprobation des socialistes. Aussi, déclara-t-il "J’ai besoin de repos en ce moment […] ; je ne puis accepter la présidence du Conseil général".

Membre du la Commission départementale, Octave Vigne la présida en 1923-1924. En outre, au Conseil général, il siégea dans les commissions des finances, des transports et du ravitaillement. Il jouait toutefois un rôle important dans la région : par exemple, à la suite d’une succession dans une société en commandite de chapeaux à Camps, il devint le représentant légal d’un enfant mineur en juin 1920. Bien que membre du cercle rouge de l’Avenir à Montfort, il ne joua pas de rôle particulier dans la préparation des élections législatives de 1924. Réélu au Conseil général, le 19 juillet 1925, avec 657 voix sur 1 921 inscrits, il ne se représenta pas aux élections municipales de Montfort en mai 1925.

La coopération demeurait la principale activité de Vigne. En 1920, toujours président de la coopérative vinicole "La Montfortaise", il se rendit en délégation dans le Nord et l’Est de la France pour étudier des débouchés possibles. Il présidait la Fédération des coopératives vinicoles et oléicoles du Var et fut chargé du rapport au congrès national de la mutualité et de la coopération agricole à Perpignan en 1926. Il y affirma notamment :
"Notre œuvre demeurerait vaine si nous ne faisions pas tous nos efforts pour arriver au but principal et essentiel poursuivi par nos sociétés qui est d’assurer un écoulement plus facile et plus rémunérateur de nos produits du sol. Ce résultat ne sera pleinement obtenu que le jour où nous aurons réussi à rapprocher le plus possible le producteur de l’ensemble des consommateurs."
Vigne devint à la même époque le président de la Chambre d’agriculture du Var.

L’ancien socialiste devenu "républicain-socialiste" essaya toutefois de renouveler se tentative sénatoriale. Des pressions furent faites, d’après le préfet, en novembre 1926, sur les sénateurs Renoult et Martin pour qu’ils lui laissent la troisième place sur leur liste. Ceux-ci n’acceptèrent pas, préférèrent ne soutenir personne et permettre ainsi la réélection du socialiste Fourment. Un appel commun des fédérations socialistes et radical-socialistes reproduit dans la presse et placardé sur fond rouge indiqua "qu’à aucun titre et à aucun moment, fut-ce au second tour du scrutin, un accord ne pourra être conclu entre les candidats [Renoult, Martin, Fourment] et M. Vigne […]." En outre, "le caractère ambigu de la manœuvre tentée par ce candidat" fut dénoncé et conseil fut donné "à tous les délégués socialistes et républicains" de ne pas voter pour Vigne "dès le premier tour". Dans ces conditions, le "candidat agricole" et "socialiste dissident", fut battu dès le premier tour, le 9 janvier 1927, recueillant 169 voix (cinquième position).

Aux élections législatives de 1928, Octave Vigne se présenta dans la circonscription de Brignoles contre le député socialiste sortant, le maire de Cotignac Hubert Carmagnolle. L’Œuvre, le 19 avril, le présenta comme "candidat républicain socialiste de la défense agricole et favorable à la politique financière de Poincaré". Dans sa profession de foi, il précisa :
"Sur le terrain financier, l’achèvement, par une équitable répartition des impôts, de l’œuvre de restauration, si heureusement entreprise par le grand homme d’Etat, qu’est le Président du Conseil, qui a su grouper autour de lui, pour sauver le Pays, les plus éminents représentants du Parti républicain".
Le 22 avril 1928, il recueillit 1 421 voix sur 13 118 inscrits. Dans le canton de Cotignac qu’il représentait au Conseil général, il arriva à égalité, 515 voix, avec Carmagnolle. Aussi, le lendemain, adressa-t-il au préfet sa démission de la présidence de la Chambre d’agriculture du Var, de l’Office départemental agricole et de son mandat cantonal.

Octave Vigne n’occupa plus aucune responsabilité départementale à l’exception de la présidence de la caisse régionale du crédit agricole mutuel du Var. En 1932, il quitta la présidence de la coopérative "La Montfortaise" et en devint le président d’honneur. Enfin, pendant la campagne électorale de 1932, il accompagna Ricard, l’ancien ministre de l’agriculture, candidat de la droite, dans une partie de la campagne électorale. A partir de 1934, la présidence de la coopérative revint au futur maire socialiste SFIO de Montfort avec qui il entretint de bons rapports. Vigne s’opposa notamment, en mars 1937, à un projet d’emprunt pour financer l’achat de matériel. De sa propriété de la Vernière, il continua toutefois à inspirer ses partisans qui tentèrent de se regrouper vers la fin de la Troisième République en opposition aux communistes et aux socialistes. Les termes de "vignistes" et d’ "antivignistes" servaient alors à distinguer sur le terrain local la droite de la gauche. Il se manifestèrent lors de l’enterrement civil de Vigne à Montfort.

Octave Vigne avait permis la diffusion de la coopération dans le Var agricole. Son attitude peut être mieux comprise grâce à la remarque d’A. Lemonnier, qui écrivait au début des années 1930 sous contrôle des individus qu’il présentait, "politicien qui a toujours tenu ce raisonnement qu’un mandat se tient par des électeurs et non par un parti".

Le 22 septembre 2012, son nom fut donné à la nouvelle école publique de Montfort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134570, notice VIGNE Octave, Alexandre par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er février 2019.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Var, 2 M 3 38 1, 2, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 49, 4 11, 12, 5 170, 171, 172, 192, 193, 194, 195, 218, 219, 220, 221, 240, 241, 265, 266, 275, 276, 7 24 2, 26 1, 3 M 16, 4 M 41 4, 8 M 16 14, 14 M 7 9, 1 Z 2 2, 3 Z 2 3, 4 21. — Arch. Grand Orient de France (transmis par Maurice Mistre). — DBMOF.— Hubert Rouger, La France socialiste, Paris, 1912, p. 388-389. — Hubert Rouger, Les Fédérations socialistes, in Encyclopédie socialiste, syndicale et coopérative de l’Internationale ouvrière publiée sous la direction de Compère-Morel, tomes II à IV, Paris, 1913 et 1921, Var. — A. Lemonier, Historique de conseil général et des conseils d’arrondissement du département du Var ..., s.l., 1933. — J. Jolly, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, Paris, PUF — J.-M. Guillon, A. Palladino, R. Rouge, Syndicalisme et coopération agricoles dans le Var de 1884 à 1939, Mémoire de maîtrise, Aix, 1970. — Y. Rinaudo, Les paysans du Var (fin XIXe siècle-début XXe siècle), Th., Lille III, 1982, 3 vol. — Notes de M. Mistre, Justinien Raymond,Y. Rinaudo.— Presse locale. — Sources orales.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 388.

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