VIGNEUX Joseph, Marius

Par Maurice Moissonnier

Né le 11 février 1909 à Nivolas-Vermelle (Isère), mort le 6 mars 1988 à Bourgoin-Jallieu (Isère) ; charpentier ; secrétaire du syndicat CGT des charpentiers de Lyon ; résistant ; responsable des syndicats du Bâtiment et des Travaux publics à la Libération ; délégué ouvrier à la Reconstruction ; secrétaire de l’UD-CGT de l’Ain (1947-1949).

Joseph Vigneux avait peu connu son père, mort en 1913, alors qu’il avait quatre ans. Sa mère, catholique pratiquante, qui exerçait la profession de tisseuse à Nivolas-Vermelle l’éleva seule ; elle était adhérente à la CGTU puis, après 1936, à la CGT réunifiée. Dès 1922, Joseph Vigneux entra en apprentissage comme charpentier chez Bonnet frères à Nivolas et, à quinze ans, quitta le domicile maternel, y revenant périodiquement. Pendant toute sa vie active, il travailla sur des chantiers d’entreprises de l’Isère, à Lyon ou dans le Rhône, enfin, entre 1938 et 1939, sur le chantier du barrage de Génissiat. Il accomplit son service militaire en 1929-1930 au 99e régiment d’infanterie alpine à Modane. Il épousa la fille d’un concierge ; il eurent un enfant en 1932.

En septembre 1926, à dix-sept ans Joseph Vigneux prit sa première carte syndicale à la CGTU, au syndicat des charpentiers de Lyon après avoir trouvé deux parrains qui attestèrent sur l’honneur de ses qualités professionnelles et morales et avec une autorisation maternelle. En 1931, après son service militaire, il adhéra au Parti communiste selon les information qu’il donna à Maurice Moissonnier, mais dans son autobiographie de 1939 il donne la date d’avril 1936 (on peut penser que la première date correspond à un militantisme communiste sans adhésion). De 1934 à 1936, il connut de longs chômages entrecoupés de courtes périodes de travail. Du 6 au 12 février 1934, il participa, avec ses camarades du syndicat des charpentiers de Lyon aux manifestations contre les Ligues. En mai et juin 1936, il occupa les fonctions de délégué général des chômeurs des Chantiers du boulevard de Ceinture de Lyon.

En 1937, Joseph Vigneux devint secrétaire adjoint puis secrétaire du syndicat CGT des charpentiers de Lyon et siégea à la commission exécutive de la 10e région fédérale du Bâtiment et des Travaux publics. A ce titre, il organisa des collectes dans sa profession pour le soutien aux combattants républicains d’Espagne. Avec Hildebert Chaintreuil*, François Fau*, Raymond Ducourthial* il participa à la grande grève du Bâtiment (août-octobre 1938) contre une sentence arbitrale qui diminuait les salaires et, à l’issue de cette lutte, fut licencié. Il retrouva alors du travail sur le chantier du barrage de Génissiat où il devint secrétaire général du syndicat CGT.

Mobilisé en 1939, Joseph Vigneux rejoignit à Grenoble le 159e régiment d’infanterie alpine puis fut téléphoniste au 28e génie. Après la courte campagne contre l’Italie, il fut rendu à la vie civile en juillet 1940 et rentra à Lyon. Dès l’automne 1940, avec Chaintreuil et juste avant l’arrestation de ce dernier en novembre, il participa au sein d’un « groupe de trois » à la diffusion de tracts polycopiés dénonçant l’action du gouvernement de Vichy. Il poursuivit cette action dans le IIe arr. de Lyon jusqu’à l’été 1942. A ce moment, André Denis*, futur secrétaire de l’UD-CGT du Rhône, lui confia la mission d’entrer dans le mouvement syndical officiel pour ramener à la Bourse du Travail les ouvriers qui s’en étaient éloignés et organiser la lutte contre la Charte du Travail (voir Francis Mouchet*).

Fin 1943, Joseph Vigneux reçut de Louis Saillant* la mission de contrôler les sentiments et le comportement des responsables syndicaux de la région lyonnaise vis-à-vis de Vichy et de l’occupant nazi. Dans l’exercice de ces fonctions, il fut amené à faire pression sur Antoine Charial*, directeur de la coopérative « L’Avenir », pour qu’il démissionne de la commission Bâtiment de la Charte du Travail, qu’il présidait. En dépit d’une perquisition et d’un interrogatoire au commissariat de Lyon Saint-Jean, Vigneux parvint à traverser sans grand dommage la difficile période des luttes clandestines.

A la Libération de Lyon, Joseph Vigneux assura la responsabilité des syndicats du Bâtiment et des Travaux publics de Lyon et du Rhône, organisant la reconstruction d’infrastructures détruites par la Wehrmacht en retraite. Membre de la municipalité provisoire de Lyon et membre de la commission régionale de reconstruction économique, il fut chargé par Yves Farge d’installer, aux fins de décentralisation, une commission départementale identique dans l’Ain. Un décret ministériel, signé de François Billoux* le nomma délégué ouvrier à la Reconstruction et sa mission principale consista à organiser en collaboration avec les usines Lafarge (mises sous séquestre par Yves Farge*) l’approvisionnement en ciment du chantier de Génissiat.

Au moment de la scission syndicale, en 1947, Joseph Vigneux fut élu secrétaire de l’UD-CGT de l’Ain et il occupa ce poste jusqu’en 1949, date à laquelle la maladie l’éloigna de cette responsabilité. De 1960 à 1976, il fut inspecteur à la caisse de retraite complémentaire du Bâtiment, CNRO. Joseph Vigneux se retira, à l’heure de la retraite, à Nivolas-Vermelle.
Il avait été administrateur de la Caisse primaire d’assurance maladie de l’Ain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134585, notice VIGNEUX Joseph, Marius par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 mai 2020.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : RGASPI, 495 270 5658, autobiographie du 15 janvier 1939 (classées A1S). — L’Effort, 1935-1939. — Lyon républicain, août-octobre 1938. — Renseignements fournis par le militant.

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