VIGNY Marcel, Jean

Par Justinien Raymond

Né le 7 décembre 1910 à Bonne-sur-Menoge (Haute-Savoie), mort le 15 mai 1988 à Annecy (Haute-Savoie) ; instituteur ; secrétaire de la Fédération socialiste SFIO de Haute-Savoie (1939-1940) ; militant de l’éducation populaire après la Seconde Guerre mondiale.

Aîné d’une famille de quatre enfants,, M.arcel Vigny était fils d’une ouvrier cantonnier, qui cultivait également quelques lopins de terre. Grâce à une cousine, fille d’hôtelier, qui paya la pension d’interne de Marcel Vigny à l’École primaire supérieure d’Annemasse (1924-1927), il put préparer avec succès le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Bonneville. Il adhéra au socialisme durant son passage à l’ENI où un vivant groupe « d’étudiants socialistes » rassemblait la grande majorité des élèves. Le temps libre dont il disposait, il le consacra donc à l’action socialiste dans les groupes de « jeunesses ». Élève-maître remarqué de la promotion 1927-1930, il se vit confier à sa sortie, pour un an, le poste de maître-auxiliaire de dessin à l’EPS d’Annemasse.

En 1931, Marcel Vigny fut nommé directeur de l’école publique de garçons de Samoëns (Haute-Savoie) où il s’initia aux méthodes Freinet et organisa un patronage laïque. Adhérent au syndicat de sa profession, membre du conseil syndical (1932-1933), il continua son action politique. Secrétaire fédéral des Jeunesses socialistes de Haute-Loire (1930-1932), délégué régional du mouvement des Étudiants socialistes dans les Alpes (1931-1932), il assuma en 1931 le secrétariat de la section socialiste de Samoëns, pour trois ans et en 1932, toujours pour trois ans, le secrétariat à la propagande de la Fédération socialiste de Haute-Savoie.

De 1934 à 1937, Marcel Vigny enseigna en disciple de Célestin Freinet* à l’école de Burdignin, où il tint, en outre, le secrétariat de mairie, dirigea l’Harmonie municipale et fonda une cantine scolaire. En 1932-1934, il participa à l’action du mouvement dit d’« Amsterdam-Pleyel » contre la guerre et le fascisme. Instituteur à Ambilly de 1937 à 1940, dans une classe mixte et surchargée, il dut abandonner les méthodes Freinet. Tout en dirigeant à Annemasse l’École socialiste fédérale qu’il avait fondée, Marcel Vigny assura de 1935 à 1938 le secrétariat du comité départemental du Front populaire et, de 1939 à 1940, le secrétariat de la Fédération socialiste SFIO de Haute-Savoie. Il était en outre un animateur des Auberges de jeunesse et, depuis 1935, un des cofondateurs de son comité départemental.

Une telle activité, un réel talent d’orateur expliquent qu’en son congrès de La Roche-sur-Foron, la Fédération socialiste SFIO de Haute-Savoie lui ait confié son drapeau pour les élections législatives de 1936 dans l’arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois. Il s’agissait de reprendre le siège de député perdu en 1932 par Étienne Antonelli*. La tâche était rude dans un département qui évoluait vers la droite. Louis Martel fut réélu au premier tour de scrutin par 7 046 voix sur 16 996 électeurs inscrits, Marcel Vigny obtenant 4 444 voix, devançant très largement le candidat communiste, Eugène Veuillet* (288) et le candidat radical-socialiste, Ch. Guilhermet (2 089).

Durant la Seconde Guerre mondiale, déplacé d’office, avec sa femme, institutrice elle aussi, à Vallières (1940-1942), puis nommé à Rumilly (1942-1945), Marcel Vigny entra au Front national dont il fut le responsable pour la Haute-Savoie et la Savoie de 1942 à 1944. Il siégea au comité cantonal de Libération de Rumilly, de 1944 à 1946. En 1942, il avait adhéré au PCF.

De 1949 à 1952, il milita activement au Mouvement de la paix, combinant militantisme politique et action culturelle. Aux côtés de Joffre Dumazedier Marcel Vigny fut, en 1945, un des fondateurs de « Peuple et Culture », et, pour quinze ans, s’en fit l’animateur de la commission rurale. Fondateur de la Maison rumillienne de culture populaire (1944), cofondateur de la Fédération nationale des foyers ruraux de France (1946), membre du comité directeur national des Francs et franches camarades et du comité directeur de l’UFOLEA de Haute-Savoie (1948), il présida en 1956-1957 la Fédération des œuvres laïques du département.

Le 1er avril 1945, Marcel Vigny fut nommé directeur départemental des Mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. L’année suivante, lors de la fusion des deux administrations « Jeunesse » et « Sports », il fut nommé inspecteur de la Jeunesse et des Sports et exerça cette fonction à Annecy jusqu’en 1957, date à laquelle il fut nommé à Blois, directeur départemental de la Jeunesse et des Sports du Loir-et-Cher, pour neuf ans. De 1966 à 1970, Marcel Vigny fut à Angoulême, directeur civil du Centre inter-armées de formation d’animateurs qui formait des jeunes gens du contingent pour l’animation des clubs de loisirs éducatifs. Les cinq dernières années de sa carrière d’éducateur (1970-1975), Vigny les passa à Caen (Calvados) comme adjoint au directeur régional de la Jeunesse et des sports de l’académie.

En 1956, en raison des révélations de Khrouchtchev sur Staline et après les événements de Hongrie, Marcel Vigny quitta le Parti communiste mais continua à militer dans l’action culturelle et dans le mouvement syndical. En 1958, il fonda à Blois le mouvement « Peuple et Culture » du Loir-et-Cher. En avril 1946, il avait été élu au conseil du syndicat des inspecteurs des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. En décembre 1946, il en devint le secrétaire général pour quelques mois. A partir de la fusion des deux syndicats « Jeunesse » et « Sports », il resta militant de base. Admis à la retraite en décembre 1975, il devint, à compter d’octobre 1976, secrétaire national du collège syndical des inspecteur JSL retraités. Retiré à Annecy, Marcel Vigny participa activement à la vie de la FOL de Haute-Savoie dont il fut, à partir de 1979, le président d’honneur ainsi qu’à l’action de la commission « Laïcité-Liberté » de la Fédération de l’éducation nationale et aux stages franco-allemands FEN-GEW.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134604, notice VIGNY Marcel, Jean par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 15 février 2015.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Guide d’entraînement mental pour la formation permanente, CRDP de Caen, 1973. — Collaboration au Vocabulaire de l’Éducation, PUF, 1979.

SOURCES : Arch. Dép. de Haute-Savoie : dossiers électoraux. — Le Socialiste savoyard, 1936. — Rens. du militant et souvenirs personnels d’un compagnon d’études.

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