VIGUIER Raymond, Adolphe

Par Daniel Grason

Né le 15 mars 1906 à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine) ; chauffeur, infirmier ; anarchiste ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Raymond Viguier était le fils d’Adolphe Viguier, typographe, et de Jeanne Clermont, sans profession. Il alla à l’école primaire, s’engagea dans l’armée en 1925 pour trois ans, acquit une formation d’infirmier. Il participa à la guerre du Rif au Maroc de 1925 à 1928, les marocains dirigés par l’Émir Abd el-Krim revendiquaient l’indépendance. La répression menée conjointement par les armées françaises et espagnoles fut impitoyable, Abd el-Krim abdiqua le 27 mai 1926 et fut exilé à l’Ile de la Réunion.

Il écrivit que son père Adolphe était sympathisant du parti communiste, mais ajoutait qu’il travaillait au journal L’Usine et sympathisait avec son patron. Lui fut anarchiste, participa aux manifestations de février 1934 contre les ligues factieuses. À Saint-Ouen, il travaillait comme chauffeur à son compte. Il habitait 39, rue Blanqui, à proximité du quartier des Rosiers où étaient installés de très nombreux brocanteurs, antiquaires et chiffonniers, il y fit connaissance avec Léon Landsoght* et lui remit le 11 novembre 1936 son adhésion au parti communiste français, fut organisé à la cellule Montmartre, lisait l’Humanité.

Il arriva en Espagne le 6 janvier 1937, infirmier, il fut incorporé dans la XVe Brigade internationale, à la XIVe Brigade le 25 mars 1938, puis à la 45e Division, au service sanitaire à la fin mai. Il était à Jarama (11 février, 2 avril), à cote de la Perdrix du 5 mai au 17 juin où il fut blessé à l’aine gauche, dans son poste sanitaire par un éboulement de terre, son état nécessita dix-huit jours d’hospitalisation. Il participa aux opérations de Caspe (25 mars, 29 mai 1938) et à la bataille de l’Ebre qui débuta le 25 juillet avec ma participation de l’ensemble des Brigades.

Vaillant dans la mission qui lui était confié, il fut cité à l’ordre de la brigade le 6 mars 1937, il récupéra des blessés dans des conditions très dangereuses. En juin 1937, les commandants Gabriel Fort* du bataillon 6 février et Berthoud, du bataillon de mitrailleuses le félicitait, le premier pour avoir accompli son travail d’infirmier avec abnégation, le second pour la bonne marche du service. Il fit l’objet d’une remontrance, alors qu’il était à la XVe Brigade, il aurait déserté sous l’influence de Montero, celui-ci fut cassé de son grade de sergent infirmier brancardier, accusé de trotskisme. Or, Raymond Viguier se maria en Espagne, était-ce pour cette raison qu’il « déserta » ?

Le 8 novembre 1938, il donna son opinion sur le Front populaire en Espagne. Il l’approuvait « Parce que l’on y respecte toutes les tendances philosophiques et religieuses ». Sur les Brigades, il estima qu’elles furent utiles « dans la défense de Madrid ». Sur la suite, Raymond Viguier surévaluait leur rôle : « on peut dire que ce sont elles qui ont appris aux camarades espagnols à former leur première armée populaire ». Au plan personnel, il écrivait : « J’étais un révolté contre toutes les injustices infligées par la classe Bourgeoise et ceci sans résultat car j’ignorais tout de l’organisation ». Son rapatriement eut lieu en novembre 1938, avec sa femme, ils allaient 5, villa de la Grange-Ory, à Cachan (Seine, Val-de-Marne).

Pendant la guerre, Raymond Viguier fut arrêté, puis déporté le 28 octobre 1943, au départ de Compiègne (Oise), le convoi de neuf cents trente-trois hommes arriva à Buchenwald (Allemagne) deux jours plus tard. Une vingtaine de prisonniers réussirent à s’évader lors du transport. La libération du camp eut lieu le 11 avril 1945, les détenus organisés dans un Comité militaire clandestin arrêtaient cent vingt-cinq SS et prenaient possession du camp. L’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton était à Buchenwald. Trois cent quatre-vingt-quatre déportés (41%) de ce convoi étaient morts ou disparus, le sort de cent-vingt était inconnu. Raymond Viguier, matricule 30536 rentra à une date indéterminée.

Selon son acte de naissance, il se maria le 3 juin 1941 à Troyes avec Dolorès Belda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134630, notice VIGUIER Raymond, Adolphe par Daniel Grason, version mise en ligne le 2 mars 2016, dernière modification le 2 mars 2016.

Par Daniel Grason

SOURCES : RGASPI 545.6.1436, BDIC mfm 880/36 ; RGASPI 545.3.494, mfm 880/43. – La Fondation pour la Mémoire de la Déportation Livre-Mémorial, Éd. Tirésias, 2004.— Etat civil et état civil en ligne cote E_NUM_ASN_N1906, vue 43.

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