VILLARD Antoine, dit TONY

Par Maurice Moissonnier

Né en 1907 ; ouvrier maçon à Lyon (Rhône) ; militant syndicaliste.

Ouvrier maçon à Lyon (Rhône), adhérent au syndicat des maçons et aides affilié au Cartel autonome du Bâtiment lyonnais, Antoine Villard, connu sous le nom de Tony avait eu une enfance difficile. Orphelin de bonne heure, dans une famille nombreuse, il avait dû gagner sa vie dès l’âge de douze ans. D’abord commis dans un entrepôt de marchand de fer en gros, il fut ensuite embauché comme manœuvre maçon sur les chantiers de l’hôpital de Grange-Blanche à Lyon.

Devenu un militant syndical actif et connu, Antoine Villard travaillait, le 18 mars 1931 sur un chantier de l’entreprise Coste dans le quartier des Charpennes lorsque des chômeurs vinrent en groupe demander du travail à l’entrepreneur. La discussion s’aigrit d’autant plus vite que les chômeurs avaient appris que l’entrepreneur faisait exécuter sur son chantier des heures supplémentaires. L’altercation tourna au drame : un coup de feu fut tiré et le patron, l’artère fémorale sectionnée, mourut. L’enquête — à la suite d’une lettre anonyme et sur le témoignage d’un ouvrier italien nommé Fredi (que les syndicats accusèrent de sympathies fascistes) — aboutit à l’arrestation d’Antoine Villard.

Incarcéré à Toulouse où il était allé voir son frère (circonstance qui fut interprétée comme une tentative de fuite), il fut ramené à Lyon, jugé et condamné le 2 novembre 1931 à dix ans de réclusion et dix ans d’interdiction de séjour. Il ne cessa pas de clamer son innocence et, par la suite, Fredi se rétracta. Le syndicat des maçons entreprit alors une campagne qui, sur la lancée des luttes qui accompagnèrent l’installation au pouvoir du Front populaire, prit de l’ampleur. Dans la deuxième moitié de 1936, avec l’appui du journal Lyon républicain, des personnalités politiques comme le député communiste Georges Lévy*, le socialiste André Philip*, la pression s’accrut sur le gouvernement Léon Blum d’autant qu’Antoine Villard, détenu à Riom puis à la Centrale de Melun, était tombé malade.

En janvier 1937, Léon Blum devait venir à Lyon pour y prendre la parole et le Cartel du Bâtiment, désormais devenu une organisation de la CGT réunifiée annonça dans son journal L’Effort que Blum ne pourrait parler si les promesses de grâce formulées à plusieurs reprises n’étaient pas tenues. L’effet fut immédiat. Gracié après six ans de détention, Antoine Villard fut ramené à Lyon par la délégation syndicale qui l’avait recueilli à sa sortie de Melun et reçu triomphalement à la Bourse du Travail. Un groupe de militants lyonnais conduits par Hildebert Chaintreuil*, accompagné de Léon Jouhaux* et René Arrachard* se rendit ensuite auprès de Blum pour le remercier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134668, notice VILLARD Antoine, dit TONY par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : L’Effort, 11 mai 1935, 7 novembre 1936, janvier 1937. — La Voix du peuple, 28 janvier 1937. — Lyon républicain, novembre 1936. — Interview d’H. Chaintreuil.

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