VILLECROZE Aimé, Albert dit Babylas

Par Jacques Girault

Né le 2 mai 1914 à Brignoles (Var), mort le 14 avril 1977 à Toulon (Var) ; maçon ; militant syndicaliste CGT ; militant communiste ; résistant.

Fils d’agriculteurs non propriétaires, républicains, installés à Pignans (Var) en 1927, Aimé Villecroze, aîné de cinq enfants, reçut les premiers sacrements catholiques. À treize ans, il devint apprenti maçon et effectua son service militaire à partir de 1935 dans les chasseurs alpins à Antibes (Alpes-Maritimes). Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1930 et au Parti communiste en janvier 1934. Il avait été recommandé par Marius Magne. Membre du comité de la section communiste de Carnoules, il fut condamné en avril 1937 à quinze jours de prison alors qu’il collectait pour le Secours populaire (cette condamnation ne figure pas dans son autobiographie de 1939). Le Parti communiste prit sa défense, par pétition pour sa libération immédiate, dénonçant ce qu’il appela une provocation. Secrétaire du syndicat CGT du Bâtiment en octobre 1937, il suivit les cours de l’école régionale communiste en novembre-décembre 1938. Il présidait en 1938 le groupe des JC de sa localité et était membre du comité régional. Dans le Parti communiste, il était membre du bureau de la section de Carnoules, secrétaire et trésorier de la cellule de Pignans. Il était chargé par la cellule et la section de s’occuper de plusieurs organisations. En plus du syndicat du bâtiment, il citait parmi les organisations de masse auxquelles il appartenait fin 1938 : la Libre pensée, le Secours populaire (membre du bureau), Paix et liberté (secrétaire), la Caisse du sou du Soldat (président), le Cercle de l’Union des gauches (trésorier), le Comité d’aide à l’Espagne républicaine et des familles de volontaires et même le Comité de Vieux travailleurs qu’il soutenait en dépit de ses vingt-quatre ans.

Mobilisé à la déclaration de la guerre, Aimé Villecroze fut arrêté le 26 mai 1940 à la caserne à Antibes (Alpes-Maritimes), fut condamné, le 15 juin, par le tribunal militaire de Marseille à deux ans de prison, 10 ans privations droits civiques, par le tribunal militaire de Marseille pour « détention de tracts et d’écrits d’inspiration étrangère ». Purgeant sa peine à la maison d’arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes), il fut libéré le 25 mai 1942. Il reprit contact avec la Résistance communiste et entra en relation avec le maquis des Maures en train de se constituer. Il fut arrêté par les Italiens, le 25 mars 1943. Interné à Sospel et à Embrun, il fut libéré le 7 septembre 1943. Renouant avec les FTP et avec Jean BERTOLINO 16527, le chef du camp Faïta-1e compagnie FTP de Provence, il devint le responsable militaire puis politique des groupes du secteur (qui formeront à la Libération la 3e compagnie FTPF du Var) avec pour pseudonyme Tiburce et pour matricule, le numéro 61 054. Ces groupes, rattachés aux Milices patriotiques en 1944, auraient compté quatre-vingt-cinq hommes. Il participa à diverses actions de sabotages de voies ferrée, de lignes téléphoniques, de l’usine d’électricité d’Entraigues (Vidauban, Var), à la récupération d’armes laissées par l’armée italienne et à celle de denrées et de vêtements appartenant à des particuliers considérés comme des trafiquants de marché noir et des « collabo ». Aimé Villecroze fut désigné pour présider la délégation municipale provisoire de Pignans à la Libération. Il présidait aussi le comité d’épuration. Lors du congrès des comités locaux de Libération à Draguignan, le 9 décembre 1944, il s’opposa vivement à la suppression des droits d’arrestation et de perquisition des comités locaux. Le comité départemental de Libération donna son avis favorable pour qu’il remplaçât le socialiste Louis Magne au conseil général. Candidat aux élections cantonales en septembre 1945, avec 1 237 voix, il ne fut pas élu. Sa liste fut battue aux élections municipales du 29 avril 1945 et de 1947. Secrétaire de la section communiste, il était alors membre du comité fédéral du Parti communiste français. Il avait été blessé à coups de couteau par un ancien PPF lors d’une réunion du Front national au début octobre 1946.

Aimé Villecroze se maria uniquement civilement en octobre 1942 à Pignans. Le couple eut deux enfants qui ne reçurent pas de sacrements religieux.

Ouvrier ou artisan maçon à Pignans depuis 1942, négociant en matériaux de 1947 à 1952, Aimé Villecroze fut arrêté le 18 juin 1952 et emprisonné à Toulon pour « complot contre la sûreté de l’État », avec neuf autres militants communistes varois. Selon la presse, il était accusé d’avoir mené « une propagande subversive pour la paix » et d’avoir dénoncé des recherches conduites pour extraire un gaz du liège. Il fut libéré le 20 août 1952 par la chambre de mise en accusation d’Aix-en-Provence. Président du comité local de l’Association nationale des anciens combattants de la résistance, il démissionna du PCF quelques années plus tard.

Ses obsèques furent civiles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134695, notice VILLECROZE Aimé, Albert dit Babylas par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 17 juillet 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 5 292, 18 M 14, 95, cabinet, archives non classées, 1970 W 146 (dossier ONAC) et 93 J (fonds ANACR, dossier 2427). — Site Mémoire des hommes SHD Vincennes GR 16 P 595235 (Villecrose, nc).— RGASPI, 495 270 5491, autobiographie du 19 novembre 1938 (classé A S). — Arch. Institut de recherches marxistes. — Renseignements fournis par la veuve de l’intéressé et par J-M Guillon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable