VINCENT Jean, Charles, Marie, Alexandre [alias VÉNY, pseudonyme de Résistance]

Par Rémi Skoutelsky

Né le 25 septembre 1883 à Saint-Émilion (Gironde), mort le 19 avril 1958 à Nice (Alpes-Maritimes) ; officier supérieur, puis général ; volontaire en Espagne ; résistant ; membre du Parti communiste.

Fils et petit-fils d’officiers généraux, Jean Vincent entra à l’école de Saint-Cyr et fit carrière au Maroc comme lieutenant-colonel.

C’est là qu’en 1936, il fut choqué par l’intervention des Italiens aux côtés des franquistes et se mit à la disposition du gouvernement espagnol. Celui-ci l’envoya à Albacete. Avec grade de colonel, il servit à l’état-major d’un secteur lors de la défense de Madrid.

Sous l’Occupation allemande, Jean Vincent commanda le groupe armé de résistance Vini (ou Vény) (son pseudonyme était également Vini ou Vény) ["groupes Vény", AS] dans la zone centre-ouest (région de Cahors), groupes qui, parfois, localement, fusionnèrent avec les FTPF. Il accéda à la Libération au grade de général. Les groupes Vény jouèrent un grand rôle dans la résistance quercynoise. Ils débordèrent sur les départements voisins, comme par exemple l’Aveyron, pourtant en R 3, où ils fondèrent le maquis "Antoine". En 1944 (et avant), Vincent était, d’après Kedward (op. cit.), "socialiste".

Il adhéra au Parti communiste en 1946, plus par patriotisme que par choix politique et fut vice-président de l’AVER. Il fit une inspection en Indochine à l’issue de laquelle il rédigea un rapport où dénonça la corruption de l’armée française et et l’exploitation des populations colonisées. En 1950, retiré à Nice, Jean Vincent écrivit un article dans Le Patriote (article repris par la presse communiste) contre la participation de la France à la guerre contre la Corée. Le gouvernement le mit à la retraite d’office.
Lorsqu’André Marty fut mis en cause, il désapprouva vivement, dans une lettre du 31 octobre 1952, la position du Bureau national de l’Amicale des anciens volontaires français en Espagne dont il était membre : "Je ne suis pas d’accord avec vous en ce qui concerne ma participation d’office à l’unanimité qui a approuvé le communiqué du 27 septembre [...] J’estime qu’il était facile de faire un communiqué remettant le dénommé Jean-Paul David à sa place, très durement d’ailleurs, sans mettre en cause notre Président André Marty, envers qui je conserve toujours l’affection que j’ai pour lui depuis le jour d’octobre 1936 où j’ai fait sa connaissance à Albacete". (Arch. Marty, 2-AM-4B)

Toujours solidaire de Marty au début de l’année 1953, Jean Vincent fut écarté de ses fonctions à l’AVER. C’est par son intermédiaire et l’entremise de sa nièce, le docteur Hulot-Pietri, que Marty trouva un éditeur pour son Affaire Marty. En effet, sa nièce Élisabeth Pietri, fut résistante dans les groupes Vény. Communiste, elle soutint André Marty en 1952. Elle devint ensuite une militante libertaire.
Dans les dernières années de sa vie, Jean Vincent fut un lecteur régulier du Canard enchaîné et occasionnel du Libertaire.

L’acte de décès du général Jean Vincent précisait qu’il était officier en retraite, commandeur de la Légion d’honneur, Médaille militaire et Croix de guerre 1914-1918.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134814, notice VINCENT Jean, Charles, Marie, Alexandre [alias VÉNY, pseudonyme de Résistance] par Rémi Skoutelsky, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Rémi Skoutelsky

SOURCES : Arch. AVER. — Arch. André Marty S 1 (lettres de Vincent). — Harry Roderick Kedward, À la recherche du maquis, la Résistance dans la France du Sud, 1942-1944, Paris, Éditions du Cerf, 1999, 473 p.[p. 97, 217-219].— Rens. communiqués par sa nièce. — Biographie de sa nièce, Élisabeth Pietri. — Notes d’André Balent et de Claude Pennetier.

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