VIVIER-MERLE Marius

Par Maurice Moissonnier

Né le 18 juillet 1890 à Legny (Rhône), mort le 26 mai 1944 à Lyon ; métallurgiste ; secrétaire de l’Union départementale du Rhône (1922-1940) ; membre du Bureau clandestin de la CGT.

Marius Vivier-Merle fit son apprentissage à Lyon. En 1918, il travaillait au Chambon-Feugerolle (Loire) et participa au mouvement d’avril-mai en faveur de la paix. En 1920, il revint à Lyon et c’est sans doute de lui dont il est question dans les rapports de police qui signalent l’activité d’un nommé Vivier, ouvrier chez Saurer. Le 24 février 1920, il intervint en faveur de la grève pour la défense des huit heures au cours d’un meeting qui rassembla huit mille métallurgistes. Quatre jours plus tard, il prit la parole au cirque Rancy lors d’une réunion de soutien à la grève et, le 20 mars, il évoqua devant deux mille grévistes la lutte des ouvriers allemands des conseils et salua le « vent qui souffle à l’Est et commence à se faire sentir ici ».

Après le ralliement en bloc de l’Union départementale du Rhône à la minorité et la rupture avec la direction confédérale qui s’ensuivit, Marius Vivier-Merle reconstitua une union confédérée, installée rue Cuvier, dont le comité général devait le choisir comme secrétaire général le 24 mai 1922. Titulaire de ce poste jusqu’à la réunification, son action à la tête des confédérés lyonnais fit de lui un militant de stature nationale. A propos des Assurances sociales, il était partisan de cotisations uniquement ouvrières, déclarant au congrès de la Fédération de la Métallurgie en 1931 : « Le jour où nous serons capables de verser la totalité des cotisations et d’éliminer les patrons de la gestion, nous aurons fait un grand pas dans la voie de la libération du prolétariat. » Marius Vivier-Merle participa, comme délégué de l’UD, aux congrès nationaux à partir de 1923 et demeura à la tête de l’UD après la réunification, Villard* étant trésorier. Dans la nuit du 10 au 11 juin 1936, il signa « l’accord Bollaert », transposition des accords Matignon dans le Rhône. A partir de 1936, il devint membre du Conseil national économique et le resta jusqu’en1940.

En 1938, il fit partie, avec Léon Jouhaux et Benoît Frachon, de la délégation invitée par la Confédération du travail du Mexique qui fut également reçue par les syndicats américains. Au XXVe congrès de la CGT (Nantes, novembre 1938), Marius Vivier-Merle opposa une motion à celle d’André Delmas sur l’indépendance syndicale qui visait l’action des communistes dans la confédération et obtint 16 582 mandats contre 7 221 grâce au ralliement des ex-unitaires en faveur de son texte qu’André Delmas devait qualifier de « faible et vide », en raison de l’absence de toute condamnation de l’action communiste. Il présenta également une motion sur la paix à nouveau contre celle de Delmas et obtint 16 784 mandats contre 6 419 et 1 046 abstentions. Il proposa la création d’une commission confédérale spéciale pour enquêter sur les litiges consécutifs aux infractions aux règles statutaires concernant l’indépendance syndicale mais cette commission fut inopérante. Élu et réélu à l’unanimité à la direction de l’UD du Rhône, il veillait à maintenir l’équilibre entre les différentes tendances et, en particulier, à limiter la forte montée des ex-unitaires aux responsabilités.

En 1939, après le Pacte germano-soviétique et l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge, Marius Vivier-Merle s’employa à faire adopter dans les syndicats relevant de son autorité les textes condamnant l’approbation du pacte et à écarter les responsables qui refuseraient de les voter. Au printemps 1940, il intervint cependant pour protester contre les annulations d’affectations spéciales qui frappaient les communistes ou leurs sympathisants ainsi que les militants dont l’action en 1936 et 1938 avait déplu au patronat. Le 19 juin 1940, lors de la première occupation de Lyon, il fit partie du groupe de personnalités choisies comme otage par la Kommandantur. Le 3 juillet, il organisa un meeting à la Bourse du Travail au cours duquel il exhorta les présents à la confiance, affirmant son idéal syndicaliste et « l’espoir en la victoire de la démocratie ». Il manifesta son opposition au gouvernement de Vichy et, dès le 26 août, participa à Sète à une réunion clandestine de responsables cégétistes décidés à s’opposer à la « Révolution nationale ». Avec Julien Forgues de Toulouse, Perrier de la région de Clermont-Ferrand et de la région du Centre, Marius Vivier-Merle accepta d’organiser l’opposition. Le 17 octobre 1940, il joua un rôle important à la première réunion de coordination de la zone-Sud à Toulouse. Suspecté par la police de Vichy, il fut assigné à résidence à Montélimar par le préfet Angéli. Déjà en relation avec le bureau clandestin de la CGT, il était partisan de la réunification qui devait intervenir le 17 avril 1943 (accords du Perreux). Membre du comité directeur du mouvement « Libération-Sud » où il collaborait avec Christian Pineau*, il entra au Bureau clandestin de la CGT.

Marius Vivier-Merle fut tué le 26 mai lors du grand bombardement sur Lyon. Son état civil indique qu’il était alors chargé de mission de 3e classe (sous-lieutenant des Forces françaises combattantes) et porte la mention « mort pour la France ». Il avait été membre du Parti socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article134969, notice VIVIER-MERLE Marius par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 8 mars 2018.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Arch. Nat. F7/12994. — Arch. Dép. Loire, 92 M 247, 93 M 9, 93 M 14. — Arch. Dép. Rhône, 10 M 83 et 4 M 304. — Arch. UD-CGT du Rhône. — Le Progrès, juin 1940. — La Voix du peuple, octobre 1944. — C.r. congrès cités. — André Delmas, Mémoires d’un instituteur syndicaliste, Paris, Albatros, 1979. — F. Rude, Histoire de la Libération de Lyon, Hachette, 1974.

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